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Pour Mouigni Baraka, le gouvernement "ne veut pas de l’opposition"

Pour Mouigni Baraka, le gouvernement "ne veut pas de l’opposition"

Politique | -   Mohamed Youssouf

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Dans un entretien accordé à Al-watwan et Radio Ngazidja, l’ancien gouverneur de Ngazidja est revenu sur le bilan des deux ans du régime, les droits et libertés fondamentaux, la Cour constitutionnelle ou encore le rôle de l’opposition. En ce qui concerne les libertés, Mouigni Baraka Saïd Soilihi estime que "nous avons dépassé la dictature car nous nous acheminons vers la royauté".

 

 Hier dans la matinée à Vwadjuu, l’ancien gouverneur de Ngazidja, Mouigni Baraka Saïd Soilihi, est revenu sur la situation sociopolitique du pays. Il ne va pas par quatre chemins pour dénoncer un régime qu’il qualifie de "dictatorial" et dont "l’unique objectif est de s’éterniser au pouvoir".

Pour étayer ses convictions, l’intervenant a commencé par les droits et libertés fondamentaux. "Azali Assoumani, lors de sa récente intervention devant les forces de l’ordre, a affirmé que le pays est en démocratie en citant Al-watwan comme symbole de cet état de fait. Certes, l’opposition s’exprime sur le journal d’Etat mais il s’agit d’une phase des libertés. N’occultons pas ce qui se passe dans nos villages avec systématiquement l’intervention de l’armée dans nos rencontres, l’interdiction de nous rendre à Mwali, de voyager et de tenir un meeting même dans les lieux privés", a-t-il dit.

Et Mouigni Baraka Saïd Soilihi de se demander si au final, le régime ne chercherait pas à saper le travail des journalistes, "dont les efforts sont récompensés au niveau mondial avec une 44èmeplace, africain avec la 6ème place et régional avec la 1èreplace". Il se dit craindre le pire après "les mosquées, les lieux publics et les interdictions de voyager. Ils ontrécupéré nos cartes d’identité nationale jusqu’à maintenant, depuis que nous avons voulu nous rendre à Mwali.Ils vont peut-être venir prendre également nos passeports.

Actuellement, nous avons dépassé la dictature car nous nous acheminons sans doute vers la royauté".

Rebondissant sur le bilan des deux ans du régime en place, le candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2016,estime que "le régime justifie deux ans de pouvoir par l’achat de groupesélectrogènes dont une partie ne fonctionne pas". "En deux ans, ce qui parait incontestable, c’est la volonté d’Azali Assoumani de prolonger son règne jusqu’à 2030 et peut-être au-delà. Le quotidien des Comoriens est loin d’être la priorité pour lui. Aucune politique de création d’emploi mais plutôt la dictature avec notamment la suppression des libertés de se déplacer ou de s’exprimer. En 2017, le budget annoncé était de 60 à 70 milliards. On annonce 23% de recettes pour le premier trimestre 2018. Maintenant, ou sont passés les investissements",devait-il argumenter.

A en croire ses propos, le gouvernement en place peut "se targuer d’avoir eu raison du projet de pêche et des 25 milliards investis par le Qatar et dont les estimations avoisinaient les 4000 emplois. Le bilan de deux ans du régime rime avec le néant ".En ce qui concerne le transfert des compétences de la Cour constitutionnelle vers la Cour suprême, pour l’opposition, jusqu’à preuve du contraire, la Cour constitutionnelle reste en place. "Nous avons demandé aux personnes indiquées de procéder à la nomination de leurs représentants pour qu’enfin la cérémonie de prestation de serment soit organisée. C’est tout de même désolant de constater que des autorités élues ont accepté de vendre leur prérogative. Le gouverneur de Mwali a clairement indiqué que le président de l’Union l’avait sommé de ne pas nommer son représentant. Et que dire du président de l’Assemblée, Abdou Ousseni, ou le vice-président Moustadroine Abdou qui ont mis de côté leur fierté", charge-t-il.

Mayotte une affaire de tous et non du régime

L’opposition est régulièrement pointée du doigt et l’ancien gouverneur a tenu à réagir. "On nous dit de formuler des propositions sauf qu’elles n’ont jamais été prises en compte. Nous demandons à être associer. Concernant Mayotte, le gouvernement devrait en faire une affaire de tous et non du régime. Les députés ont rencontré le ministre des Affaires étrangères pour un soutien. Pour les Assises, l’opposition était décidée à prendre part jusqu’au moment où, on a compris le manège.C’est le gouvernement qui ne veut pas de l’opposition",a dit notre interlocuteur. Qu’en est-il de la question du rapport sur la citoyenneté économique ? Mouigni Baraka Saïd Soilihi voit "une politique de vengeance. Le gouvernement profère des contre verités lorsqu’on estime qu’aucun passeport n’a été vendu par ce régime. Ce sont des mensonges"

 

 

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