La Journée internationale de la femme africaine, instituée par les Nations unies depuis 1974 a été célébrée le 31 juillet dernier. Chez nous il n’y a rien eu. Toutefois le contexte prête bien à s’interroger sur le sort finalement réservé à une loi, votée en 2017 à l’Assemblée nationale comorienne, et qui était censée promouvoir la femme comorienne en politique et en matière de participation à la vie publique.
Votée par les élus de la Nation le 22 juin 2017, suite à une proposition de l’élue d’Itsahidi, la députée Hadjira Oumouri, la loi visant à promouvoir l’égalité des genres dans l’accès aux fonctions nominatives et électives reste encore lettre morte, coincée dans les méandres bureaucratiques. Axé sur l’établissement de la parité homme-femme dans les postes de prise de décision, électifs et nominatifs, ce texte avait suscité l’adhésion grâce notamment à la mesure exigeant que 30 % des postes exécutifs de l’Union et des îles autonomes soient occupés par des femmes. Par ailleurs, l’article 2 de cette loi stipule que lors des élections des représentants de la Nation ou des élus locaux, au moins 30 % des candidatures doivent provenir de la gent féminine.
Accroître la représentation des femmes
Peu après son adoption en 2017, l’élue de Mbadjini Itsahidi avait affirmé que pour accroître la représentation des femmes dans ces sphères, les partis politiques et autres groupements devraient se soumettre à cette exigence de 30 %. « Les formations politiques doivent désormais encourager activement les femmes à prendre la tête dans les différentes circonscriptions », avait-elle soutenu. Selon toujours l’autrice de la loi, « la promotion de la femme ne sera possible qu’avec un texte de loi qui l’accompagne ». Convaincue de l’importance de ce texte, la députée avait ajouté que cette loi sensibiliserait les autorités et les partis politiques sur la place cruciale de la femme comorienne dans la gestion et le développement du pays.
Cependant, cet élan de promotion de genre n’a pas donné les résultats escomptés car, six ans après son adoption en assemblée plénière, cette loi n’a toujours pas été promulguée et, par conséquent, n’est pas applicable. Interrogée sur ce long retard, la députée a laissé entendre que peut-être le président n’est pas favorable à la parité. « Les députés ont fait leur part, la loi a été adoptée, mais rien n’a changé. Une délégation de représentants de la société civile a rencontré le président pour plaider sa cause, sans aucune conséquence. Il s’est contenté de dire qu’il allait le faire, en vain », a-t-elle affirmé.
Du côté de la plateforme femme en politique, ces six années d’attente sont incompréhensibles. « Cette loi a été minutieusement élaborée par la plateforme femme en politique et d’autres organisations de la société civile pour être acceptée et adoptée par les députés », a déclaré la présidente de la plateforme, Moinaécha Mroudjaé. Selon elle, cette longue attente de six ans soulève de nombreuses interrogations. « Si la loi contient des obstacles qui créent des frustrations chez les hommes, qu’elle soit promulguée et que les amendements nécessaires soient proposés par la suite », a-t-elle suggéré. À la fin de son intervention, Moinaécha Mroudjaé a ajouté que « les femmes attendent avec impatience cette promulgation, car bientôt il y aura des élections et les femmes ne peuvent pas continuer à être simplement des électrices ».Interrogé à propos de ce retard, l’adjoint du secrétaire général du gouvernement de l’époque a soutenu que tout n’est pas perdu et que les femmes doivent continuer à se battre. Concernant ce délai de six ans, l’adjoint a suggéré que cela pourrait être dû à un retard dans les travaux ou à un manque de pression.