Après la présidence de l’organisation panafricaine, les Comores vont-elles prendre la tête de sa commission? A un an de l’élection, la bataille semble déjà lancée. Plusieurs prétendants au poste sont déjà cités. Sur cette liste figure le nom de l’ancien ministre comorien des Affaires étrangères, Souef Mohamed El-Amine.
L’actuel représentant spécial de l’Union africaine en Somalie pourrait briguer ce poste, qui devrait échoir, sauf surprise, à la région de l’Afrique de l’est. En effet, à l’issue de la dernière réunion du comité exécutif, réuni en session extraordinaire le 15 mars à Addis-Abeba, il a été convenu que pour une représentation équitable des régions, le choix du prochain président de la commission doit revenir à l’est. Si le vote aura lieu en 2025, de nombreux pays, à l’instar du Kenya, convoitent déjà cet organe exécutif de l’Ua, dirigé depuis 2017 par le Tchadien, Moussa Faki Mahamat, qui passera le témoin l’année prochaine après deux mandats successifs.
Parmi ses probables successeurs, l’on cite, entre autres, l’ancien premier ministre kenyan, Raila Odinga, dont l’âge avancé (79 ans) risque de jouer contre lui. Madagascar, Tanzanie ou encore Djibouti envisageraient à leur tour de se lancer dans la course. Aux Comores, le sujet est moins abordé. Toutefois, il y a une personnalité dont le nom revient souvent : Souef Mohamed El-Amine. Dans un article du magazine Jeune Afrique du 14 février dernier, il est mentionné que le président Azali Assoumani aimerait bien voir son ancien chef de la diplomatie prendre les rênes de la commission de l’Union Africaine, durant les quatre prochaines années.
Diplomate chevronné
Une proposition que l’ex-chef du bureau de la Minusma à Gao (Mali) n’aurait pas déclinée, selon son entourage. «De nombreux pays l’ont déjà approché et se disent prêts à le soutenir. Car parmi les noms qui circulent jusqu’à maintenant, Soef est le seul qui coche toutes les cases grâce, notamment, à sa riche expérience des Nations unies jusqu’à l’Union africaine. Des atouts que les autres concurrents n’en ont pas», croit savoir une source qui maitrise les arcanes de l’Union africaine.
Chef de la diplomatie comorienne à plusieurs reprises, Souef Mohamed El-amine a également été ambassadeur des Comores en Égypte, représentant permanent au sein de la Ligue arabe et aux Nations unies. Depuis septembre 2022, Moussa Faki l’a nommé représentant spécial de la commission de l’Ua en Somalie et chef de la mission de maintien de la paix (Atmis). Polyglotte (il parle couramment anglais, swahili, arabe et français), Souef a aussi servi au Darfour, en tant que chef de bureau de liaison (Minuad). Autant de missions qui ont enrichi sa carrière, faisant de lui le diplomate chevronné qu’il est au point d’être pressenti à la tête de la commission de l’Ua.
Pour le moment, l’intéressé ne s’est pas déclaré. Toujours est-il que pour espérer devenir le 5ème président de la Commission de l’Union africaine, le diplomate comorien doit bénéficier du parrainage de son pays. A ce propos, une source gouvernementale contactée par Al-watwan n’y voit pas d’inconvénient. «Si la réforme de Kagame est actée, nous soutiendrons bien sûr la candidature d’El-Amine Soef », confirme notre interlocuteur.
Alphabet anglais
Moroni devra surtout mener du lobbying auprès des organisations telles la Sadc et le Comesa. «La ligue des États Arabes, la Conférence islamique, la région de l’Océan indien... tous ces organismes nous soutiendraient. Aussi, les pays concurrents ne sont pas tous membres de ces institutions. C’est un avantage pour nous », assure notre interlocuteur.
Au sujet de la désignation du candidat, la région de l’Afrique de l’est est appelée à soumettre un choix consensuel. Mais il y a une règle qui, si elle était appliquée, assurerait automatiquement le poste aux Comores. Une réforme de l’institution, initiée par le président rwandais Paul Kagame en 2018, veut que la rotation intra-régionale et interrégionale suive l’ordre alphabétique anglais.
Donc, sur les quatorze pays de la région, les Comores (C) arriveraient en première position. Pour les critères, l’article 39 du règlement de la conférence stipule que «le président de la commission et le vice-président doivent être des femmes ou des hommes compétents ayant des qualités de leadership proportionnées et une bonne expérience au sein du gouvernement, du parlement, des organisations internationales… ». Après, la Coi, l’Union Africaine, les Comores décrocheront le prestigieux poste de président de la commission de l’Ua ?