Dès ce week-end, la Commission de l’Union Africaine aura un nouveau président, poste occupé depuis 2017 par Moussa Faki Mahamat. Avec la nouvelle réforme de l’institution, le tour revient à un représentant de l’Est. Mais seulement trois pays ont candidaté : Madagascar, Djibouti et Kenya. Après la publication de la liste définitive, les postulants, Raila Odinga, Mahmoud Ali Youssouf et Richard Randriamandro sont rentrés en campagne, chacun espérant réussir à obtenir les 2/3 des voix requises pour l’emporter.
Bien que les Comores n’aient pas candidaté, alors que des noms commençaient même à circuler, notamment celui de l’ancien chef de la diplomatie, Souef Mohamed El-amine, le pays aura un rôle de premier plan à jouer pendant l’élection. En effet, le représentant permanent des Comores auprès de l’Union Africaine, l’ambassadeur, Youssouf Mondoha Assoumani, qui est, par ailleurs, est le doyen de la région de l’Est a été chargé d’observer le processus et supervisera tout, jusqu’au dépouillement. «Le scrutin sera secret comme toujours. Et il reviendra aux chefs de l’État de designer le prochain président et le vice-président de la commission de l’Union africaine », a expliqué, le diplomate comorien, devenu depuis 2021, Doyen général du comité des représentants permanents (corep).
Vote manuel
«Mais cette année, le scrutin ne sera pas électronique mais manuel. Nous n’aurons pas recours à des machines. Ainsi en ma qualité de doyen régional, je superviserai le vote dans sa globalité », a précisé, le représentant permanent des Comores auprès de l’Union africaine, dans un entretien accordé à Al-watwan, mercredi. Il a ajouté que six pays ne seront pas autorisés à voter : le Burkina Faso, le Soudan, le Mali, le Niger, la Guinée Conakry et le Gabon.
Si les trois pays en lice mènent bataille en coulisse pour s’assurer des soutiens avant le 15 février, Moroni semble jouer la carte du suspens à l’instar de nombreux pays. Au niveau de la région en revanche, dès le mois d’août dernier, les dirigeants de six États de la région Est (14 pays composent la zone) se sont prononcés en faveur de «Baba», surnom attribué à Odinga par ses partisans kényans. Il faut noter qu’en 2023, le Kenya qui soutient son ex Premier ministre, avait accepté de se retirer au profit des Comores, ce qui a permis au président Azali Assoumani de devenir le premier Comorien à prendre la tête de la présidence de l’Union Africaine. Selon un récent article de la très sérieuse magazine Africa Intelligence, Nairobi, ne veut négliger aucune voix et avait dépêché à Moroni le 11 janvier 2025 son influent directeur de la National intelligence service (le renseignement de renseignement), Noordin Haji. A l’issue de cette visite qui n’a pas été médiatisée, les Comores auraient promis au voisin kenyan leur soutien, nous apprend Africa Intelligence.
Djibouti, Madagascar et Kenya
Est-ce que les autres pays en lice (Djibouti et Madagascar) ont eux aussi envoyé des émissaires ? Probablement. Certaines sources laissent entendre en tout cas que les deux favoris qui se distinguent pour le moment sont le Kényan Raila Odinga et le Djiboutien, Mahmoud Ali Youssouf mais que rien n’était joué. A en croire, le diplomate Youssouf Mondoha Assoumani, c’est durant le sommet des chefs d’État qui se réuniront les 15 et 16 février au siège de l’Ua, que vont être élus le président de la commission [le mandat est de 4 ans renouvelable une seule fois].
Le poste de vice-président est aussi à pourvoir. Conformément à la règlementation de l’institution, la fonction revient à la région du Nord. Quatre pays se le disputent : Algérie (2 candidats), Maroc, Libye et l’Égypte (2 candidats). Mercredi, le Conseil exécutif de l’Ua qui réunit les ministres des Affaires étrangères a renouvelé une partie des commissaires. Le Nigérian Bankole Adeoye a ainsi été réélu commissaire des Affaires politiques, de la paix et de la sécurité. La réunion des chefs d’États, elle se tiendra ce week-end, toujours à Addis-Abeba. A cette occasion, l’Angola prendra la présidence tournante de l’Union Africaine jusqu’en 2026.
