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Que cachent les absences communes de Sambi et de Fahmi ?

Que cachent les absences communes de Sambi et de Fahmi ?

Politique | -   Mohamed Youssouf

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Désormais, plus rien ne semble susciter des réactions de l’ancien président Ahmed Abdallah Sambi ou de l’ancien candidat à l’élection présidentielle de 2016, Fahmi Said Ibrahim, tous deux membres du parti Juwa. Il y a eu le vote de la loi de Finances 2018 par des députés Juwa, les assises nationales et la posture de l’opposition, le climat politique, le déversement des clous à l’aéroport de Bandar es Salam, les deux leaders ont semble-t-il, perdu l’envie d’être des acteurs politiques à moins qu’il s’agisse d’une stratégie politique. Ils ont tous les deux élus domiciles à l’étranger depuis plusieurs mois.

 

Jadis prompts à réagir et à se positionner sur l’actualité nationale en général et politique en particulier, l’ancien président Ahmed Abdallah Sambi et l’ancien candidat à la dernière élection présidentielle, Fahmi Said Ibrahim sont portés disparus. Ils ont un dénominateur commun, le parti Juwa. D’aucuns parlent d’une volonté de prendre du recul pour mieux rebondir, d’autres penchent plutôt pour une volonté de mettre un terme à leur ambition politique.

Toujours est-il que les sujets d’ordre national n’ont pas manqué et pourtant, ni sur les réseaux sociaux, terrain de jeu qu’affectionne l’ancien président, ni sur les canaux officiels, les deux leaders du Juwa sont devenus invisibles.

Pourtant, l’on estime que l’ancien président n’aurait pas perdu son verbe qui a le don de haranguer les foules. Quant à Fahmi Said Ibrahim, il aurait toute la légitimité requise pour jouer un rôle d’opposant dans la mesure où, il ne pèse pas moins de 14,86% de l’électorat comorien, selon les résultats obtenus lors des dernières présidentielles. Ces deux (ex ?) politiciens se sont “terrés” à des milliers de kilomètres de Moroni, loin très loin des soubresauts de ce régime.

L’un s’est retiré de la sphère politique nationale depuis sa surmédiatisée audition devant la commission parlementaire chargée de mener l’enquête sur le programme de la citoyenneté économique. L’autre n’est plus réapparu aux Comores depuis sa sortie dans la presse qatarie contre la rupture des relations diplomatiques entre Moroni et Doha, il y a plusieurs mois, laquelle avait irrité le sommet du pouvoir.

A entendre les dires des uns et des autres, les leaders du Juwa auraient des appréhensions quant au sort qui leur serait réservé par le régime actuel en cas de retour sur Moroni.


Mutisme assourdissant

D’autres évoquent des raisons personnelles pour alimenter les discussions. A moins qu’il ne s’agisse d’une volonté de se retirer pour ne pas composer avec les adversaires d’hier qui semblent vouloir coaliser aujourd’hui.

Cette absence commune des deux personnalités pénalise à n’en plus douter l’opposition qui tente tant bien que mal d’exister et de peser politiquement. Le poids électoral qu’incarneraient Sambi et Fahmi aurait peut-être pu propulser l’opposition comorienne dans une autre dimension. En tout cas, cette absence prolongée ne peut que plaire au pouvoir.

Depuis leur exil (forcé par les circonstances ?), il y a eu les combats des députés de l’opposition au sein du parlement avec en point d’orgue le vote en faveur de la loi de Finances 2018 par les députés juwa. Membres de ce parti, les deux responsables n’ont pas réagi.

L’opposition crie à tout va que l’on est en face d’un régime dictatorial qui priverait les libertés fondamentales, là encore, Sambi et Fahmi se sont tus. Il y a eu les assises nationales et les recommandations qui s’en ont suivies. L’opposition aura tout tenté pour discréditer l’événement et aura décidé de ne pas y prendre part.

Malgré tout, du côté de l’ancien président et de  l’ancien candidat à l’élection présidentielle, silence radio. Pourtant, nombreux s’attendaient à ce qu’ils clarifient leurs positions.
Ceux qui devaient incarner le leadership du parti Juwa ont tout simplement déserté laissant un vide dans leur parti et dans le monde politique.
Cette absence a été d’autant plus frappante dans la mesure où, aucune déclaration n’a été attribuée aux deux hommes après le déversement des clous à l’aéroport de Bandar es Salam de Mwali le 19 février dernier. Ils pourront dire que le Juwa au travers de son secrétaire général nouvellement élu, a réagi en leurs noms.

Mais est-ce suffisant ?  Il se pourrait bien qu’il s’agisse d’une stratégie politique, toutefois, la question mérite d’être posée quant à leurs ambitions et leurs priorités actuelles. Une autre question s’impose.
Cette disparition des deux leaders au même moment relève-elle de la coïncidence ?


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