Lors d’une conférence de presse, organisée samedi dernier par les députés issus des partis politiques de l’Union de l’opposition, le député Oumouri Mmadi Hassani, l’un des cinq membres de la commission d’enquête parlementaire sur la citoyenneté économique, est revenu sur le rapport transmis au président de la République par le bureau de l’Assemblée de l’Union. La nécessité de son intervention consistait à apporter certains éclaircissements sur ce rapport, étant membre de cette commission, qui a travaillé du début jusqu’à la fin des travaux. Il tient également à rappeler que le rapport remis au président de la République la semaine dernière, n’était pas transmis par la commission d’enquête, mais plutôt par le bureau de l’Assemblée nationale, à savoir le président et ses trois vice-présidents.
L’élu d’Itsandra Sud a déclaré que le rapport remis au chef de l’Etat n’est pas le rapport original, puisqu’une partie des travaux de la commission, dont il dit détenir les preuves, ne figure pas dans ce rapport. Disant ne défendre personne, le vice-président de la commission de production demande que leur travail soit publié comme ils l’ont fait, “avec les faits tels qu’ils sont”. Oumouri Mmadi Hassani, étant membre de la commission parlementaire, et qui a consacré plus de “450 heures sur cette enquête”, a déclaré qu’il a pris connaissance de ce fameux rapport à travers le mur Facebook d’un certain Mahamoud Ibrahime, malgré sa détermination pour que la vérité éclate.
Et pour moi, cela m’a tellement choqué, puisque je ne m’attendais pas à cela après tout ce que j’ai consacré pour cette enquête qui devait relater la vérité aux Comoriens, dira-t-il.
304 passeports émis et plus de 16 milles renouvellements
Mais après avoir eu connaissance de la fuite programmée de ce rapport, dit-il, il s’est rendu à l’Assemblée nationale, c’est à partir d’une demande qu’il a obtenu copie du rapport. Mais en lisant la partie dont il a travaillé (analyse des données biométriques et bancaires), il a constaté, raconte-il, qu’une partie de ce qu’il a écrit, et dont il détient les témoignages, ne figure pas sur le rapport.
Selon lui, durant leurs travaux, il est avéré qu’il y avait une différence de 202 passeports entre les décrets de naturalisation signés par le président Ahmed Abdallah Sambi et les passeports qui ont été émis. Plus de 5000 passeports entre les décrets de délivrances signés par le président Ikililou Dhoinine et les passeports imprimés.
Lors de leurs auditions, avec des preuves matérielles à l’appui, il s’avère qu’entre juin 2016 et octobre 2017, l’actuel régime a procédé à des renouvellements de plus de 16.000 passeports, ainsi que 304 passeports émis.
Et tous ces détails ne figurent pas dans le rapport, alors que ce sont des faits qui ont des preuves matérielles, explique-t-il.
Il a en outre fait part des 100 euros perçus par l’ambassade des Comores à Abu Dhabi à chaque renouvellement d’un passeport. Selon toujours l’élu d’Itsandra sud, les 60 euros revenaient au gouvernement comorien et les 40 qui restent sont partagés entre l’ambassade et le ministère de l’Intérieur.
Outre ces faits, Oumouri Mmadi Hassani dénonce la procédure employée pour publier le rapport. Selon lui, les membres de la commission ne se sont jamais rencontrés pour une lecture collective du rapport pour que chacun valide la partie du travail à laquelle il s’est consacré. Et Oumouri de poursuivre qu’étant une commission d’enquête parlementaire mise en place par une résolution votée à l’unanimité par l’ensemble des élus, il était normal que la commission procède à une lecture de ce rapport en séance plénière avant de le remettre au président de l’Assemblée. Maintenant le député Oumouri se demande comment l’Etat va se contenter d’un rapport transmis sans les preuves matérielles à savoir l’ensemble des auditions réalisées durant cette enquête ?
Rappelons que dans le rapport de la commission d’enquête parlementaire transmits au président de la République, il est mentionné que la somme générée par le programme de la citoyenneté économique, dépasse les 370 milliards de francs comoriens, dont moins de un tiers a transité à la banque centrale des Comores et servi au développement de l’Union des Comores, comme préconisait le projet.
Dans ce rapport, il est indiqué une gratification de 105 millions de dollars à l’ancien président Ahmed Abdallah Sambi, et 29 millions à Bashar Kiwan.