Le gouvernement a organisé une conférence de presse le jeudi 8 juin au Retaj Hôtel, pour revenir, entre autres choses, sur l’opération «Wuambushu» et les différentes sorties médiatiques de l’opposition sur cette question. Houmed M’saidie, Youssoufa Mohamed Ali, Djaé Ahamada Chanfi et Djaffar Salim, respectivement ministre de l’Agriculture et porte-parole du gouvernement, délégué à la Défense, ministre de la Justice et ministre de la Jeunesse ont, à tour de rôle, répondu à l’opposition sur la gestion du dossier relatif au différend entre la France et les Comores au sujet de Mayotte.
Les conférenciers ont insisté sur «la nécessité d’un dialogue constructif » avec la France et les Mahorais pour parvenir à une solution pacifique. Les ministres ont également réfuté les accusations de l’opposition, affirmant qu’ils cherchent des solutions plutôt que des polémiques. «Personne dans l’opposition ne propose des pistes de solutions, ils se concentrent sur les polémiques et ça, tout le monde en est capable», a affirmé Houmed M’saidié.
Pour eux, le gouvernement «n’a jamais eu de double langage». «Dès le début, nous avons montré notre désaccord, mais la force n’a jamais été une option. Le dialogue est indispensable», a-t-on entendu. Pour l’heure, «la France, qui avait annoncé 20 000 expulsions, est loin de ses estimations. Nous pensons que le nombre de personnes qui est revenu est loin des estimations des autorités françaises et que surtout ce sont des retours volontaires».
«Le dialogue, solution durable»
Houmed M’saidi’ a souligné que la solution à la question de Mayotte nécessite un processus de dialogue avec la France et les Mahorais. Il a fait remarquer que même des conflits historiques, tels que celui entre Israël et la Palestine, ont nécessité des discussions et des pourparlers malgré les pertes en vies humaines quotidiennes.
Le gouvernement insiste en fait sur la nécessité de maintenir des relations stables avec la France, tout en cherchant des pistes de solution. «L’approche ne peut pas être un conflit ouvert avec la France, mais plutôt une solution politique et diplomatique basée sur le dialogue. Nous sommes persuadés que la rupture des relations avec la France serait une décision suicidaire et que les Comoriens ne la soutiendraient pas», croit savoir le porte-parole du gouvernement.
S’agissant des accusations de haute trahison qui ont abouti à une plainte à la Cour suprême contre le président Azali Assoumani, le gouvernement rappelle que c’est sous la présidence de l’ancien chef de l’Etat, Ahmed Abdallah Sambi, que «la départementalisation » de Mayotte a eu lieu, soulignant que cette décision a complexifié davantage la question de l’île. Pour lui, cette «départementalisation» répondait aux aspirations des séparatistes.
Cause nationale, cause commune
Selon Houmed M’saidie, le gouvernement de l’époque n’a pas suffisamment défendu la question de Mayotte aux Nations unies, ce qui a affaibli la position des Comores. Aujourd’hui, «la solution définitive est lointaine, il y a des étapes à suivre, notamment le dialogue avec la puissance française et les mahorais qui légitiment la présence française sur le sol comorien de Mayotte à travers plusieurs scrutins».
Le porte-parole du gouvernement a rejeté les accusations de l’opposition, affirmant que la recherche de polémiques était contreproductive et qu’il était préférable de travailler ensemble pour trouver des pistes de solution. Le gouvernement a ainsi invité la société civile et l’opposition à s’impliquer sur la question de Mayotte en apportant des pistes de solutions. «Toutes les voix qui proposent de véritables solutions sont les bienvenues», a-t-il annoncé.
Pour le délégué à la Défense, «la stabilité commune entre les îles est primordiale pour faire face aux défis, y compris à la menace de l’État islamique». Pour le ministre de la Justice, «plusieurs Mahorais sont contre l’opération Wuambushu et la présence française, mais c’est un mouvement élitiste qui manigance tout à Mayotte, pas le peuple».