Samedi dernier, le chef de l’Etat, Azali Assoumani, recevait au palais présidentiel de Beit-Salam, son principal opposant Mouigni Baraka Saïd Soilihi. Répondant à l’invitation du président de la République, l’ancien gouverneur de Ngazidja a tenu à faire savoir que son déplacement à Beit-Salam “n’est pas synonyme de capitulation et cela ne signifie pas non plus qu’il a abandonné les préalables défendus jusqu’ici par ses compagnons de lutte”. Dans ce sens, il dira avoir eu la bénédiction de ses pairs avant de répondre favorablement à cette invitation, la première depuis 2019.
Une “démarche solitaire”
Pourtant, du côté de l’opposition justement, le déplacement à Beit-Salam du leader du Rassemblement démocratique des Comores (Rdc), ne passe pas forcément. Le parti Ridja par exemple, dit ne pas cautionner la “démarche solitaire” entreprise par Mouigni Baraka Saïd Soilihi. Me Mahamoudou Ahamada, ancien candidat à la présidentielle de 2019 sous les couleurs du parti Juwa et membre du Front commun de l’opposition, abonde dans ce sens et déclare ne pas se reconnaitre dans l’initiative du patron du Rdc lequel ne l’a pas consulté et devra tirer, seul, les conséquences de sa rencontre avec Azali Assoumani.
Le parti de Saïd Larifou, estime pour sa part que “l’heure n’est plus à l’improvisation et à l’amateurisme face aux divers lots de malheurs qui s’abattent sur les populations comoriennes”. Le parti Ulezi a également réagi suite à cette rencontre. Le bureau politique du parti qui appelle à l’union de “nos forces pour sortir le pays des abysses” a, dans le même temps, tenu à rappeler les différentes étapes qui ont jalonné la scène politique ainsi que ses propres initiatives pour sortir le pays de la crise depuis un moment, lesquelles initiatives sont restées lettres mortes.
Ainsi, pour le bureau politique du parti Ulezi, “le président se crée des événements médiatiques pour redorer son blason” avant de se rendre à l’Assemblée générale des Nations unies à New-York. Quant à “notre frère Mouigni Baraka, la honte de se faire manipuler (ou pas) comme un novice en politique”.Mais la réaction la plus virulente émane du Front commun des forces vives des Comores qui estime que “depuis 2019 en effet, des rumeurs d’abord puis des informations récurrentes et de plus en plus persistantes et précises faisaient état de rencontres secrètes derrière le dos du peuple, entre Mouigni Baraka Saïd Soilihi et Azali Assoumani”.
Le Front commun expliquera par conséquent, que la rencontre de l’ancien gouverneur de Ngazidja avec le chef de l’Etat est la dernière étape d’une stratégie bien établie.
Et comme le parti Ulezi, le Front commun estime que le moment de cette rencontre n’est pas fortuit, mais savamment bien orchestré et affirme avoir lui, refusé, de “servir de caution à la veille de son départ (chef de l’Etat, Ndlr) pour New York, où il doit prendre part à la traditionnelle Assemblée Générale des Nations Unies”.