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Réactions après le scrutin référendaire : «Choix du peuple» pour les uns, «forfaiture» pour les autres

Réactions après le scrutin référendaire : «Choix du peuple» pour les uns, «forfaiture» pour les autres

Politique | -   Abdallah Mzembaba

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Après le scrutin référendaire pour l’adoption du nouveau projet constitutionnel, le lundi 30 juillet dernier, l’opposition et le pouvoir, divergent, sans surprise, sur les leçons qu’ils tirent tous les deux de cette journée et de ce qui en découle. Interrogés par Al-watwan, les deux camps livrent des impressions contradictoires puisque la mouvance se projette désormais vers la mise en vigueur du nouveau projet constitutionnel tandis que l’opposition, elle, ne reconnait que l’ancienne Constitution de l’Union des Comores. Elle compte se battre pour qu’elle reste en vigueur dans le pays étant donné que le référendum du 30 juillet est «illégal». Nous avons recueillis les propos de Mouigni Baraka Said Soilihi, Youssouf Boina, Yahaya Mohamed Illiasse et Houmed Msaidié. Les deux premiers sont de l’opposition tandis que les deux derniers sont de la mouvance présidentielle.

 

La Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a publié mardi dernier les résultats provisoires du scrutin du lundi 30 juillet dernier. Si le pouvoir se félicite de la victoire du Oui, l’opposition, qui avait choisi de boycotter le processus, parle de son côté d’une «forfaiture». Là où la deuxième voit une «mascarade sans aucune base juridique et institutionnelle», le premier voit «le choix d’un peuple souverain». S’il y a un point où nos quatre interlocuteurs sont d’accord, c’est au niveau de l’agression du gendarme Ali Radjabou (Abidhar). Nos interlocuteurs condamnent tous «cet acte barbare». Pour elles, il ne doit y avoir que des débats d’idées. La violence «n’a pas lieu d’être dans le pays» et «nous devons tous condamner ce qui s’est passé lundi». L’unité s’arrête là.


Pour le vice-président de l’Alliance de l’opposition, Mouigni Baraka Saïd Soilihi, le processus référendaire du 30 juillet est un «non-événement». «L’Union de l’opposition reste fidèle à la Constitution émanant des Accord de Fomboni». «L’Union des Comores n’est pas morte le 30 juillet dernier. Nous estimons qu’un scrutin organisé sans ordre constitutionnel  ni transparence n’a aucune base légale. Et j’ajouterai que les rares observateurs qui ont fait le déplacement dénoncent de nombreuses irrégularités. Certains procès-verbaux n’ont même pas pu être signés par des membres de bureau, c’est dire l’anarchie de ce processus illégal».

Favoriser la concertation

L’ancien gouverneur de Ngazidja Mouigni Baraka Saïd Soilihi rappellera que la communauté internationale «va dans ce sens et a appelé à se conformer aux Accords de Fomboni». A l’en croire, s’il doit y avoir un changement constitutionnel, «nous devons comme l’on d’ailleurs recommandé les organismes internationaux inclure toutes les forces vives du pays».


«Nous invitons le chef de l’Etat à revenir à une situation normale où la stabilité et la paix qui nous caractérisent prédomineront. Cette instabilité a des répercussions néfastes, ne serait-ce qu’au niveau économique. Et le taux d’abstention réel symbolise le chaos dans lequel nous sommes».


 

Notre interlocuteur ira jusqu’à craindre «l’existence d’une opposition car au rythme où vont les choses je crains le pire». Questionné sur une éventuelle victoire du Non si l’opposition n’avait pas choisi de boycotter le scrutin, Mouigni Baraka Saïd Soilihi déclare qu’il n’y avait pas lieu de prendre part à un vote «illégal et sans juge». Un avis que partage Youssouf Boina, secrétaire général de l’Updc. Pour lui, «appeler les gens à voter le Non c’est cautionner un scrutin illégal et j’estime que ceux qui l’ont fait ont, soit été dupés, soit corrompus». Il remerciera le peuple qui a «écouté le message de l’Union de l’opposition et qui ne s’est pas rendu dans les urnes». Secrétaire général de la Crc, Yahaya Mohamed Illiasse, n’est pas de cet avis. Selon lui, les électeurs se sont bien rendus dans les urnes pour s’exprimer «et nous félicitons le peuple comorien qui veut un changement et aspire à un avenir meilleur».

«Ne pas banaliser les appels à la violence»

Comme le Radhi, Il se félicitera aussi de leur «victoire» avant d’appeler les comoriens à faire preuve de patience car «tout ne s’arrangera pas en un jour, mais avec la volonté et la bénédiction de Dieu nous parviendrons à la vision que prône le président de la République». Quant à l’opposition «je l’invite à se soumettre à la volonté du peuple qui est souverain parce que les partis politiques ne sont pas supérieurs au peuple. Désormais, la page référendum est terminée nous devons tous nous asseoir ensemble et surtout mettre un terme aux discours belliqueux pour l’intérêt du pays».


Selon le leader du parti au pouvoir, «les Accords de Fomboni ne sont pas une finalité mais un début qui servait à lutter contre le séparatisme». De son côté, Houmed Msaidié, secrétaire général du Radhi, autre parti de la mouvance, tiendra à souligner l’organisation et le déroulement «pacifique» du scrutin. Comme Yahaya Mohamed Illiasse, Houmed Msaidié déplore que «l’Union de l’opposition, qui n’a pas pris part au scrutin, ait adoptée une telle attitude. Agir de la sorte ne sert pas la démocratie». Il reviendra par ailleurs sur les «propos tendant vers la violence tenus par l’opposition tout au long du processus référendaire. Chacun doit être responsable de ses paroles et de ces écrits. Il ne faut surtout pas qu’on banalise les appels à la violence».


Et à propos de discours et autres paroles tenus par l’opposition, l’ancien ministre de l’Intérieur sous Ikililou Dhoinine déclare «certains leaders sont frappés de cécité car le scrutin a bien eu lieu et il n’y a pas de seuil de pourcentage ils ont dit et redit que le scrutin n’aura pas lieu». Pour ce qui est de l’après scrutin, Houmed Msaidié dit espérer que le gouvernement soumettra au plus vite à l’Assemblée nationale certains textes comme ceux relatifs à la Chambre constitutionnelle de la Cour suprême, aux nouvelles circonscriptions, à la lutte contre la corruption et à la révision de la loi électorale.

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