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Réactions des uns et des autres suite au message à la nation d’Azali Assoumani

Réactions des uns et des autres suite au message à la nation d’Azali Assoumani

Politique | -   Nazir Nazi

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Le chef de l’Etat s’est adressé à la nation depuis Dar Nour à Mutsamudu samedi dernier et a annoncé la tenue prochaine d’un référendum en juillet. Cette annonce a suscité des réactions diverses, notamment chez les leaders des partis politiques ac Comores.

 

Le discours très attendu du chef de l’Etat, Azali  Assoumani, depuis Dar Nour à Mutsamudu samedi dernier n’a pas manqué de faire réagir. Youssouf Boina, secrétaire général de l’Updc, pense que le  discours du président de la République  était “vague”. Selon lui,  c’est comme “s’il n’avait pas une ligne politique ou une idéologie à suivre, dans l’attente des recommandations issues des assises”. Il précisera le fond de sa pensée par la sorte : “passer deux ans aux manettes dans le vide, sans de vraies concrétisations, ce n’est pas normal”.


Il regrette par ailleurs le fait  que le président de la République ait  mis l’accent sur la révision de la constitution par voie référendaire alors qu’il l’a déjà modifiée sans avoir consulté le peuple. “La révision de la constitution sera difficile dans la mesure où nous sommes sous un régime de pouvoirs exceptionnels”. Youssouf Boina faisait sans doute allusion à l’article 12-3 de la constitution.


Et de rajouter, “dans la tradition républicaine, il n’y a pas de consultation du peuple dans une période pareille. Nous sommes dans une période de coup d’Etat puisqu’il piétine les pouvoirs du peuple. Il perd sa légitimité électorale car il bafoue la constitution par laquelle il est élu”. A l’entendre, s’il s’est permis de transférer les compétences de la Cour Constitutionnelle à la Cour suprême, c’est que l’Etat se trouve dans une situation exceptionnelle, ses pouvoirs sont limités.


Toutefois, Youssouf Boina fait savoir que son parti n’a pas encore arrêté de position par rapport au prochain référendum, parce que son parti compte d’abord expliquer aux Comoriens qu’ils sont dans un Etat de non droit.  Maintenant, “l’évolution de la situation nous dira sur quel pied danser. Certes, nous sommes les responsables des partis, mais le peuple a son mot à dire. Ce qui est certain, le président devrait tout d’abord rétablir la légalité républicaine pour que ce référendum soit légal”, estime-t-il.

Respect de la volonté du peuple

Contrairement à Youssouf Boina, Djaé Ahamada Chanfi , du Rdc, reste convaincu que le message d’Azali Asssoumani n’est autre que la réponse à la volonté manifestée par les Comoriens lors des assises. Et d’ajouter que les recommandations formulées en février dernier nécessitent une réforme constitutionnelle. Ce ne sera pas, se rappelle-t-il, la première fois qu’il y aura une modification de la constitution bien que cette fois-ci il soit  question d’une proposition issue des assises nationales.

“Ce n’est pas comme en 2009 quand le président voulait changer la Constitution. Le prochain référendum n’émane pas directement d’Azali Assoumani, mais du  peuple qui s’est exprimé à travers les assises. Notre pays a besoin de réformes et une nouvelle république naitra”, espère-t-il. Djaé Ahamada Chanfi insiste sur le fait que c’est normal que le chef de l’Etat respecte la volonté manifestée en dégageant les moyens nécessaires pour la concrétiser “parce qu’il en est le garant”.


Quant au patron du parti Radhi, Houmed Msaidie, sa formation ayant  pris part aux assises nationales, il souhaite logiquement la concrétisation des recommandations. “Le président de la République a opté pour un référendum, ce qui constitue l’expression d’un démocrate”, se réjouit-il. Selon lui, Azali Assoumani, en tant que chef de l’Etat, a proposé une solution pour dénouer la crise au niveau de la Cour constitutionnelle bien que nous ne soyons pas tous obligés de l’accepter.

“Est-ce qu’il ne faut rien faire parce que la Cour constitutionnelle est paralysée ?”, s’interroge l’enfant du Mbude. A l’en croire, la seule façon de la rétablir est le congrès ou le référendum, surtout que le délai de cette crise est largement dépassé. “Le seul juge sur terre est le peuple. C’est à lui de dire oui ou non, d’où le référendum. Tenant compte de ce dernier, le peuple sera amené à l’approuver ou le désapprouver. Il est le président et a décidé de procéder ainsi”, lance-t-il.


Pour Idriss Mohamed, le référendum viendra noyer d’autres sujets autrement plus importants selon lui. “L’opinion va se focaliser sur le référendum, oubliant du même coup la question de Mayotte. Un référendum qui en rappelle un autre, celui de Sambi en 2009, lorsque la France départementalisait l’île comorienne dans l’indifférence générale”. Pourtant, ajoutera-t-il, “on s’était surpris à espérer que sous l’impulsion du chef de l’Etat, les relations extérieures résistaient aux pressions françaises et faisaient preuve d’une intelligence diplomatique peu familière dans notre pays”.


Au-delà de la question de Mayotte, Idriss Mohamed craint un saut dans l’inconnu avec cette consultation populaire annoncée. “Les démons du séparatisme risquent de ressurgir avec violence. Le venin du séparatisme est vivace et les quatre îles sont sérieusement gangrenées. Sous-estimer ce phénomène peut être lourd de conséquences. L’initiative parait donc aventureuse”.
                                                                                                                                                                        

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