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Réactions mitigées après le rajeunissement de l’équipe autour du chef de l’Etat

Réactions mitigées après le rajeunissement de l’équipe autour du chef de l’Etat

Politique | -   Abdallah Mzembaba

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Depuis près de deux semaines, le président de la République procède aux remplacements de certains de ses collaborateurs. Et sur ces changements, certains Comoriens ont constaté un rajeunissement et un nouveau vent de fraîcheur. Passé le constat, d’autres se demandent si les nouveaux venus auront les pleins pouvoirs pour marquer leurs passages et surtout sur quels critères ils ont été choisis. Autre remarque, sur toutes ces nominations aucune, pour le moment, ne concerne la gent féminine.

 

Secrétaire général adjoint du gouvernement (Ibrahim Mohamed Abdourazak), consultant du président de la République en matières juridiques (Abdou Elwahab Msa Bacar), chef de la communication à la présidence (Samir Mohamed) ou le directeur de cabinet du président (Daniel Ali Bandar), ce sont quelques-unes des nominations du chef de l’Etat. Ce dernier a, en effet décidé de remplacer certains de ses collaborateurs et, de l’avis de l’opinion, «un nouveau vent de fraîcheur souffle au palais présidentiel». Cette nouvelle donne est toutefois «entachée», selon certains, par l’absence de femmes dans ces nominations.

Le rajeunissement du cabinet présidentiel

Me Samina Chakira, avocate au barreau de Moroni explique ainsi que «ce régime marginalise la femme. Ce qui ne correspond pas aux aspirations de l’émergence, car cette dernière n’est pas seulement l’inclusion des jeunes mais plutôt la réunion de toutes les forces vives sans aucune distinction». Farah Moussa, notaire à Ngazidja déclare, de son côté, qu’il est plus facile de blâmer les autres, mais il faut aussi se remettre en question. Pour elle les femmes, contrairement aux hommes, sont moins visibles. Selon elle, «pour être nommé, il y a certaines démarches préalables, il faut postuler d’une manière ou d’une autre, ou du moins manifester un intérêt. J’ai déjà été nommée par arrêté ministériel une fois, j’avais postulé auprès du ministère en question avec un Cv et lettre de motivation. Le ministre en question m’a convoquée en entretien, convaincu, il a signé l’arrêté de nomination».


Mais c’est un cas isolé puisque «dans la plupart des cas, on postule autrement pour ces postes ministériels. On s’approche de ceux qui peuvent plaider ta cause. Parfois on se fait aussi approcher par ceux qui pensent pouvoir te placer à ces postes. Mais pour être approché ou sollicité il faut être visible. Généralement, les femmes ne font pas ce genre de démarches et quand on les approche, elles ne réagissent pas ou disent qu’elles ne sont pas intéressées. Je ne sais pas si c’est de la peur ou du désintérêt. Aussi pour assurer ces postes, il faut être apte à recevoir des critiques et parfois même des insultes via les réseaux sociaux, la femme comorienne a-t-elle le bouclier qu’il faut?»


Pourtant, cette situation ne serait pas une fatalité du moins pour celles qui sont déjà «sur la scène», car elles «ont accès à ces postes plus facilement». Pour autant, «pour être visible il faut se rendre visible, car encore une fois les femmes sont majoritairement dans l’ombre. C’est à elles-mêmes de se sortir de cette ombre en se montrant sans même faire de la politique, mais en se rendant visibles dans leurs actions socioprofessionnelles».

Des critères

Pour Ahamada Mchinda, employé dans une société de la place, les dernières nominations ne concernent certes aucune femme, mais «il ne faut pas oublier que beaucoup d’entre-elles occupent des postes techniques que ce soit dans l’administration publique ou dans les sociétés d’État». Et surtout «d’autres nominations sont vraisemblablement attendues et rien ne nous dit qu’elles ne concerneront pas des femmes.

 

Je crois au président de la République et je sais qu’il tient beaucoup à la promotion du genre», poursuit-il avant de revenir sur le rajeunissement de certains des collaborateurs du chef de l’Etat. «C’est un message fort envoyé par le président de la République, aux jeunes et à la nouvelle génération. Cela montre une fois encore qu’Azali Assoumani compte capitaliser sur la jeunesse pour construire le pays. Le jeune que je suis ne peut donc que se réjouir», assure Riziki Mchinda. Un avis que ne partage pas forcement Fayssoile Moussa, lui aussi employé dans une société d’Etat.

 

«Je pense que c’est de la poudre de perlimpinpin. Une haute autorité du pays a déjà fait savoir à qui voulait l’entendre que tout ce qu’ils font est dicté par la volonté du chef de l’Etat, ce qui implique toujours selon elle qu’aucune marge et volonté personnelle ne peut émerger face à tout ça». «Je reste donc persuadé que comme beaucoup de jeunes ayant déjà eu des responsabilités, les nouveaux arrivants n’auront aucune marge de manœuvre pour initier ou développer leurs savoirs, mais se plieront aux directives venant d’en haut, ce qui est dommage».

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