La campagne référendaire préalable au rendez-vous du 30 juillet a débuté depuis deux semaines et est marquée par les nombreux meetings de la mouvance présidentielle mais aussi par l’inactivité et le mutisme de l’Union de l’opposition, du moins jusqu’à vendredi dernier. En effet, les partis qui croisent le fer avec le régime en place ont tenu un meeting vendredi dernier en fin d’après-midi à la place Badjanani, à Moroni, pour entériner leur décision de ne pas prendre part au processus référendaire lancé, et ce malgré des demandes de participation introduites auprès de la Ceni par les partis Updc et Juwa.
Si certains s’attendaient à un revirement de situation pour l’opposition, il n’en est rien puisque la stratégie reste la même, à savoir, pas de référendum sans le respect de certaines exigences. Devant le gouverneur de Ngazidja, Hassani Hamadi ainsi que le président de l’Union de l’opposition, Mohamed Ali Soilih, ou encore l’ancien gouverneur de Ngazidja, Mouigni Baraka Said Soilihi, le secrétaire général du parti Juwa, Ahmed Hassane El Barwane a rappelé «les dérives d’un régime qui bafoue lois et constitution», avant de dénoncer «un référendum pour adopter une constitution taillée sur mesure afin de prolonger la forfaiture des autorités au pouvoir». Avant de céder la place, Barwane a confirmé que pour les opposants, il ne peut y avoir de référendum sans un processus légal à commencer par la restauration de la Cour constitutionnelle. Il tiendra à répondre à ceux qui estiment que l’opposition a peur. «Celui qui a peur n’est autre que celui qui nous enferme, qui nous musèle et qui met en place une justice expéditive avant le vote», dira-t-il.
Rétablir la Cour
Transfuge du parti au pouvoir, le député Ali Mhadji pointe du doigt «une volonté d’aller vers une monarchie puisque dans le nouveau projet constitutionnel, l’on apprend que les lois peuvent être sujettes à des abrogations de la part du pouvoir». Le député du Hambuu espère «un retour à la démocratie» parce que, dit-il, la Crc est coupable «d’un coup d’Etat institutionnel» avec notamment «le changement de toutes les règles que le pouvoir juge contraignantes». A en croire Ali Mhadji, «il n’y aura pas de référendum d’autant plus que le monde partage notre position et demande un rétropédalage dans ce processus illégal. Sans le rétablissement de la Cour constitutionnelle, il faudrait que le pouvoir construise une plus grande prison».
Quant au professeur de l’Université des Comores, Hassani Mgomri, par ailleurs membre du mouvement Amani qui regroupe six formations politiques dont le parti Blanc, le Cran, l’Undc ou encore le Mouroi, les appels à la paix n’auront aucune incidence si les textes ne sont pas respectés. «La paix commence par le respect de la constitution», affirmera-t-il avant de dénoncer les propos «scandaleux que l’on entend ces derniers temps de la part de responsables étatiques». Pour l’universitaire, le plus grand danger qui guette le pays, c’est le fait de «commencer à compter les élèves par origine avec des statistiques fausses à l’appui, que l’on stigmatise des communautés».
Au cours de cet événement, l’on a appris par le secrétaire général de l’Updc, Youssouf Boina, qu’une lettre ouverte, signée le 12 juillet, a été envoyée de nouveau à la communauté internationale pour faire état d’un «pays profondément divisé, d’une répression implacable qui s’abat sur les opposants, d’une dispersion systématique des manifestations et de prises de mesures liberticides». Pour finir, l’ancien candidat au gouvernorat de Ngazidja, Youssouf Mohamed Boina, a démenti l’information selon laquelle le régime aurait appelé régulièrement l’opposition pour l’ouverture du dialogue. Pour lui, les Comoriens ont rejeté le pouvoir dans les mosquées, les foyers «et c’est un avant goût de ce qui va se passer le 30 juillet avec notamment le rejet des urnes».