Le président de l’Union des Comores, président en exercice de l’Union africaine, Azali Assoumani, a pris part, à Diamniadio au Sénégal, à la réunion annuelle Grand Challenges, coprésidée par le président du Sénégal, Macky Sall, et le fondateur de la fondation Bill & Melinda Gates, l’homme d’affaires américain Bill Gates.
L’accessibilité géographique de la population aux services de santé
Durant son discours prononcé à l’ouverture de ce forum qui a réuni la communauté scientifique, des bailleurs de fonds et des décideurs politiques, le président Azali Assoumani est revenu sur les progrès accomplis par son pays pour atteindre la Couverture sanitaire universelle. A l’entendre, les Comores cochent plusieurs cases. A commencer par l’accessibilité géographique de la population aux services de santé. Le taux de couverture, d’après-lui, est de 63 % pour un rayon de 5 kilomètres, avec un taux de fréquentation d’environ 83%. Pour les dépenses allouées à la santé, elles s’élèveraient à 14,82 % du budget national, contre 5,66% en 2016.
Le locataire du palais de Beit-salam a fait état d’ avancées significatives enregistrées contre la mortalité maternelle, qui est passée en 2012 de 172 décès pour 100 000 naissances vivantes, à 53 décès. Le président Azali a souligné également la baisse du taux de mortalité infantile des enfants de moins de 5 ans de 43,5 % en 2017, à environ 30% aujourd’hui.
Autres chiffres encourageants annoncés par le chef de l’Etat, l’augmentation du taux des accouchements réalisés dans le milieu hospitalier, qui serait aujourd’hui de 95 %, alors qu’il était de 76 % en 2012. Des accouchements qui sont aujourd’hui réalisés par un personnel qualifié à 97,2%, contre 85% en 2012. «Notre ultime ambition est de faire en sorte que le pays dispose d’un système de santé performant, qui permette à toute la population d’accéder à des soins de santé de qualité et à moindre coût», a-t-il déclaré. Et de poursuivre : «Le gouvernement est conscient que la couverture sanitaire universelle devra s’appuyer sur un socle solide de soins de santé primaire. C’est pourquoi il fait appel aux partenaires bi et multilatéraux des Comores pour l’aider à renforcer son personnel qualifié et à financer durablement ce système de soins».
Pour le président Azali Assoumani, les ambitions affichées par son pays en matière de couverture sanitaire universelle nécessitent un plateau à la hauteur.
Il a sur ce point évoqué le projet «très en avance» de la construction du Centre hospitalier universitaire El-maarouf. «Nous espérons aussi bénéficier de l’appui de la Fondation Bill et Melinda Gates pour mieux réussir ces nobles objectifs», a-t-il dit.
Des progrès enregistrés par le continent
Le président en exercice de l’Union africaine a par ailleurs souligné la nécessité, pour le continent africain, d’accorder une place beaucoup plus importante aux nouvelles technologies et aux innovations. Il a alors appelé à investir davantage dans la recherche et l’innovation, si le continent veut remonter la pente en termes de couverture santé universelle qui demeure, d’après ses propres mots, une priorité dans l’Agenda de l’Union africaine. Il a notamment mentionné la vaccination contre la polio et la tuberculose ainsi que l’introduction d’autres vaccins contre le cancer du col de l’utérus ou le paludisme.
En termes de couverture vaccinale, le président en exercice de l’Union africaine a souligné des progrès enregistrés par le continent au cours des deux dernières décennies, dans la réduction de l’écart de la vaccination entre les pays à faibles revenus et les pays à revenus élevé. « C’est ainsi qu’à la fin de l’année 2022, plus de 438 millions d’enfants avaient été vaccinés et plus de 11,1 millions de décès avaient été évités », a-t-il rappelé. «Toutefois, en dépit de ces progrès, des millions d’enfants sont encore laissés pour compte. A la fin de 2022, l’Afrique comptait plus de 11,4 millions d’enfants insuffisamment vaccinés, ce qui les rendait vulnérables à certaines des maladies les plus meurtrières au monde», a-t-il affirmé, ajoutant qu’il y a plus de 8,3 millions d’enfants en Afrique qui n’ont jamais reçu une dose de vaccin.
«Nous devons alors impérativement aller vers ces enfants des communautés oubliées, afin d’améliorer la sécurité sanitaire mondiale», a-t-il préconisé. Et le chef de l’Etat d’enchainer : «On ne peut pas parler de vaccination, sans évoquer la grande menace que constitue le cancer du col de l’utérus sur la santé des adolescentes et des femmes». A l’en croire, 90% des décès dans ce cadre est dû, soit par un manque d’accès à la prévention, soit par un manque de dépistage ou d’accès au traitement.
«La situation est d’autant plus complexe que ce cancer est également l’un des plus fréquents chez les femmes vivant avec le Vih. Il est ainsi nécessaire et urgent de vulgariser le vaccin contre le papillomavirus humain, qui est très efficace, et qui offre la possibilité de prévenir la menace du cancer du col de l’utérus», a-t-il suggéré.