«L’Afrique de l’Est et l’Océan indien : une région sujette à des menaces maritimes multidimensionnelles» est le thème choisi pour l’atelier annuel des services de renseignement et de sécurité de l’Afrique de l’Est. Hier mardi, le président de l’Union des Comores et président en exercice de l’Union Africaine, Azali Assoumani, a officiellement lancé les travaux de cet atelier de deux jours, à l’hôtel Golden Tulip. La cérémonie d’ouverture a réuni le président du Comité des services de renseignement pour l’Afrique (Cissa), Piter Fana Magosi, le directeur général de la présidence saoudienne des renseignements généraux, Khalid bin Ali Hamaidan, les membres du gouvernement, le président de l’Assemblée, le chef d’état-major, ainsi que les chefs de renseignements et de sécurité des pays africains. Des représentants de la France, des Émirats arabes unis, de l’Arabie saoudite et du Royaume-Uni étaient également présents à la cérémonie.
Réseaux terroristes
Lors de son allocution, le président en exercice de l’UA, Azali Assoumani, a souligné que le continent africain est confronté à des défis multidimensionnels, parmi lesquels l’extrémisme violent occupe une place prépondérante en termes de sécurité, entraînant de nombreuses victimes civiles et un impact négatif sur le développement des pays. Il a appelé les chefs des services de renseignement à unir leurs efforts pour faire face aux diverses menaces pesant sur la sécurité. «Nous exhortons tous les services de sûreté et de sécurité, tant au niveau mondial que régional, à se rassembler en une équipe afin d’éradiquer ces réseaux criminels à travers le monde, en mettant l’accent sur les pays d’Afrique de l’Est qui nécessitent davantage d’expérience et de ressources logistiques pour lutter contre ces crimes transnationaux», a déclaré le chef de l’État.Le président a énuméré plusieurs points qui constituent des menaces pour la paix et la stabilité. Selon lui, «les actes de violence terroristes, les guerres civiles, les changements anticonstitutionnels, la piraterie maritime et les migrations illicites dans toutes les directions, ainsi que toutes les formes de trafic, rendent l’avenir de cet espace incertain».
«Centre de l’économie mondiale»
En parlant de l’économie, le président Azali Assoumani a soutenu que «l’économie du monde a longtemps été tributaire des hydrocarbures dans l’Océan Atlantique. Aujourd’hui, nous savons que les mutations en cours placeront l’espace Afrique de l’est et l’Océan Indien, comme un centre de gravité et d’impulsion de l’économie mondiale pour le siècle à venir». Il a rappelé le thème de l’atelier, tout en suggérant de rajouter le «sous-thème » suivant : «Quelles stratégies de coopération régionale pour enrayer l’insécurité? ».
Pour finir, Azali Assoumani a exposé les objectifs spécifiques de ce forum régional. Il a parlé de «la sensibilisation des pays de la sous-région au danger du radicalisme religieux, pour éviter les violences liées à l’extrémisme religieux», mais aussi de «la création d’une plate-forme de dialogue et d’apprentissage par les pairs, entre les acteurs et les parties prenantes sur la mise en œuvre d’une approche inclusive de la gestion du renseignement». Le chef de l’Etat a de même souligné «l’identification des capacités institutionnelles nécessaires et des domaines dans lesquels des efforts de formation et d’accompagnement doivent être accomplis mutuellement », ainsi que « la création d’une communauté de pratique autour de la nouvelle approche de gestion collaborative des menaces multiformes dans notre zone » et « la mutualisation des expériences réussies dans le domaine législatif et institutionnel».
Partage d’informations
De son côté, le ministre de l’Intérieur en charge de la Direction national de la documentation et de la protection de l’Etat (Dndpe), Fakridine Mahamoud, a remercié les participants en annonçant les pays qui ont répondu a son invitation (Djibouti, Soudan, Ethiopie, Kenya, Rwada, Madagascar, Seychelles, Somalie, Soudan du Sud, Tanzanie, Ouganda, les pays de la Troika de la Cissa, Egypte, Gabon et Botstwana), ainsi que les pays observateurs (Arabie Saoudite, France, Emirats Arabes Unis, Afrique du Sud et Royaume Uni).
Il a ensuite présenté en bref la Cissa, un organe «peu connu mais d’une signification insigne pour la sécurité du continent». La Cissa aurait donc pour missions de «faciliter la coopération et l’interaction entre les services de renseignements», de «fournir à l’Union africaine les renseignements stratégiques», de «servir de canal de communication en cas de crise», de «coordonner des stratégies visant à fournir des conseils sur les mesures à prendre aux différentes instances décisionnelles».
Selon le chef du renseignement comorien, «la position géographique de l’Union des Comores en fait une des plaques tournantes de passage des trafics de toutes sortes dans l’Océan Indien».
«Nous affrontons plusieurs défis maritimes et terrestres», a-t-il fait savoir.Le représentant du président de la région Afrique de l’Est du Cissa, Issoimidine Abdourahim, comme le directeur général de la présidence saoudienne des renseignements généraux, Khaled bin Ali Al Humaidan, ont montré l’importance de renforcer la coopération et de partager des informations des différents services de renseignement pour garantir la sécurité. Un rapport final est attendu à la fin de l’atelier, lequel sera accompagné d’une «déclaration de Moroni» qui présentera des «recommandations urgentes dans le domaine du partage de l’information et du renseignement».