logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Saïd Larifou sur Mayotte : «Les autorités comoriennes doivent montrer plus de fermeté»

Saïd Larifou sur Mayotte : «Les autorités comoriennes doivent montrer plus de fermeté»

Politique | -   Abdallah Mzembaba

image article une
Saïd Larifou, leader du Ridja nous a accordé un entretien où il revient sur le différend entre la France et les Comores au sujet de l’île comorienne de Mayotte, notamment sur l’opération Wuambushu qui se profile. L’ancien candidat à l’élection présidentielle de 2019 pointe du doigt «l’accord illégal» signé par les gouvernements comorien et français lequel «a conduit à des drames qui endeuillent des milliers de familles comoriennes».

 

Cela fait presque un mois que l’opération Wuambushu a été annoncée dans le Canard Enchaîné, depuis et malgré les craintes et les réactions de la société civile, le gouvernement a dit vouloir réagir le moment venu. Quelle est votre lecture des événements ?


Il y a des sujets d’une telle sensibilité et gravité qui ne doivent laisser aucune place ni à la polémique ni à des manœuvres politiciennes. Les drames qui endeuillent des milliers de familles comoriennes depuis l’instauration du visa Balladur nous obligent. Le colonel Azali Assoumani voulait devenir président des Comores et est nouvellement devenu celui de l’Union Africaine. Son devoir consiste à défendre les intérêts de son peuple et exiger le respect des dispositions de la charte de l’Union africaine. Sauf haute trahison, il ne peut négocier seul, sans consulter le peuple comorien, les termes des modalités d’exercice de la souveraineté comorienne sur l’île de Mayotte.
Il convient de souligner que c’est en vertu de l’accord illégal signé par le gouvernement du colonel Azali Assoumani et le gouvernement français qu’une opération militaire de déplacement des Comoriens installés à Mayotte est programmée pour résoudre la crise mahoraise.

Que faire alors ?


Azali Assoumani ne peut plus attendre, le moment est venu pour lui d’assumer ses responsabilités en s’adressant au peuple comorien souverain pour lui dire, sans démagogie ni esprit partisan, ce qu’il en est exactement de ce dossier et les dispositions prises par l’État comorien pour faire face aux conséquences susceptibles d’être provoquées par les mesures prises par le gouvernement français. Sur ce dossier, nous devons nous forcer à examiner la situation de Mayotte avec responsabilité, nuance et pragmatisme. Certains, pour diverses raisons, et pour nous détourner des conséquences de leur échec sur la gestion de ce dossier, privilégient, une nouvelle fois, la répression et l’option militaire pour résoudre cette crise politique et institutionnelle. La France a des valeurs et son prestige à préserver. Sans les compromettre, elle a les moyens et les leviers nécessaires pour trouver une solution durable et pérenne à cette situation.


Il y aura sans doute une grande mobilisation sur le terrain du droit pour empêcher l’exécution des actes attentatoires et contraires aux principes universels et fondamentaux des droits humains. Sans succomber à la sirène des tenants de l’option militaire, la France a les moyens d’identifier et d’empêcher les éléments criminogènes qui troublent l’ordre en commettant des actes répréhensibles.


Elle doit aussi faire bon usage de ses leviers et prendre position en faveur d’une alternance démocratique aux Comores faute de quoi, personne et rien ne peut empêcher les victimes de la répression et de la dictature à chercher et obtenir refuge à Mayotte. La nature du régime politique en place dans les autres îles de l’archipel favorise l’arrivée des autres Comoriens à Mayotte.

Certains estiment que notre salut émanera de l’Afrique de l’est et de ses confédérations. Dans le même temps, la Coi est pointée du doigt dans notre combat pour que Mayotte retourne dans son giron naturel. Concrètement, qu’est-ce qu’il faudrait faire ?


La réussite de la politique étrangère des Comores sur le dossier de Mayotte dépend plus de la volonté des autorités comoriennes que des autres puissances, même régionales. C’est aux Comores de définir avec fermeté leurs objectifs, leur ambition et leur fermeté. Aucun autre pays ne pourra se substituer à notre pays pour mener des discussions sérieuses et durables avec la France afin de trouver une solution à cette tragédie humaine qui endeuille des milliers de familles comoriennes. Les pays de l’Afrique de l’Est et les organisations régionales ont certes une histoire et des valeurs communes avec les Comores, mais ils ont aussi des intérêts à préserver.
C’est aux Comores de définir ses objectifs et de demander, ensuite, le soutien de ses partenaires, s’il y a lieu. Toutefois, il convient de souligner que le chamboulement géopolitique en cours dans notre sous-région et en Afrique nous offre une belle opportunité de tisser de nouvelles formes de partenariats stratégiques dans divers domaines jamais conclus avec des pays de la zone. Cela pourrait être une solution pour former les futures élites comoriennes et se rapprocher des pays émergents qui ont avec nous certaines proximités sociologiques, voire culturelles.

La présidence de l’Union africaine est-elle une opportunité pour mener ce combat ? Comment s’y prendre et avec quels moyens pour défendre nos intérêts ?


La présidence de l’Union Africaine pourrait être une opportunité pour les Comores de laisser son empreinte sur l’échiquier du continent africain. Si telle est l’ambition et l’objectif de cette présidence, je suis convaincu que de nombreux Comoriens se seraient engagés pour la réussite de la présidence comorienne. À l’heure actuelle, la représentation de notre pays n’a ni le profil ni la légitimité, voire la posture, pour imposer la démocratie en Afrique, contre les régimes autoritaires ou contre les changements anticonstitutionnels des Constitutions et l’arbitraire.

Récemment, le pays a adhéré à la Zlecaf, le pays est-il prêt ? N’y avait-il pas un travail à faire en amont ? Que peut-on attendre de cette adhésion dans l’état actuel des choses ?


La ZLECAf est un projet ambitieux et prometteur pour l’Afrique, porté par l’Union africaine. L’avenir prochain de notre continent trouvera sa réponse dans ce concept qui pourrait révolutionner notre continent en facilitant les échanges entre les peuples d’Afrique, la libre circulation des personnes et des biens voire l’implantation des Africains sur l’étendue du continent africain.


Certains pays sont prêts et d’autres, comme les Comores, n’ont ni la volonté politique ni les moyens de l’application de ses dispositifs. C’est parce qu’il était candidat à l’élection à la présidence de l’Union africaine que le colonel Azali Assoumani l’a fait ratifier en février 2023.


Il faudrait effectivement aux Comores un travail de formation du personnel référant chargé de son applicationn

Commentaires