En 2006, j’enseignais le droit à l’université des Comores. Un jour où je dispensais un cours de droit constitutionnel à mes étudiants de première année, j’expliquais les notions de nation, de peuple et d’Etat.
Mais quel ne fut mon choc et ma peine lorsque je me fais presque hué par mes étudiants quand je commençais à leur expliquer que les comoriens de toutes les îles, formaient un même et seul peuple, que nous étions une nation, la nation comorienne.
Il m’a fallu beaucoup de patience et de pédagogie pour ramener le calme en classe et démontrer à mes étudiants contestataires l’existence de la nation comorienne.
Cet évènement m’a fortement marqué et son souvenir ne m’a jamais quitté. Plusieurs questions ont fusé dans ma tête et je suis toujours à la recherche de réponses.
Pour vous permettre de m’aider à trouver des réponses à mes questionnements, je dois vous apporter certaines précisions utiles.
D’abord, les étudiants en première année en 2006 étaient donc nés pour leur grande majorité entre 1987 et 1989. Ils avaient entre 17 et 19 ans. Ensuite, lorsque la crise séparatiste de 1997 a éclaté, ils avaient entre 8 et 10 ans. Donc toute leur adolescence a été marquée par les suites de la crise de 1997.Enfin, la majorité des étudiants étaient de la Grande-Comore.
Grâce à la majesté professorale, j’ai réussi à ramener le calme et à leur faire comprendre les éléments qui fondent notre nation comorienne.
Mais qu’en est-il à une échelle plus grande qu’une classe d’étudiants ? Les jeunes comoriens croient-ils à l’existence de cette nation comorienne ? Savent-ils que, peu importe l’île qui les voit naître, ils forment une nation qui a plusieurs siècles d’existence et d’histoire commune ?
Notre plus grand défi, n’est-ce pas celui de consolider notre nation et léguer aux générations futures, une nation forte, unie et solidaire ? N’écrivons-nous pas aujourd’hui notre histoire de demain ?
S’il est incontestable qu’il existe une nation comorienne, celle-ci a nécessairement besoin d’être constamment entretenue, soignée, consolidée au risque de voir son âme s’éteindre, un peu comme la famille, si les liens ne sont pas resserrés, entretenus, les membres finissent par s’éloigner les uns des autres nonobstant les liens de sang. Comment faire alors ? Que devons-nous faire ?
SAÏD MOHAMED SAÏD HASSANE
