Ce vendredi marque la fin de la campagne électorale. Ce dimanche 14 janvier, plus de 318 000 électeurs sont appelés aux urnes pour élire le président de l’Union et les gouverneurs des îles. Durant près de trois semaines, les candidats à la présidentielle et aux gubernatoriales ont parcouru les quatre coins du pays pour tenter de convaincre les Comoriens de leurs propositions.Un climat peu rassurant a plané au début du processus, marqué notamment par des déclarations de boycott d’une partie de l’opposition.
Les promesses de campagne
La campagne électorale s’est déroulée paisiblement dans la majeure partie du territoire national : les six candidats à la présidentielle et les 23 en lice pour les gubernatoriales ainsi que leurs équipes ont pu y circuler librement pour mener leur campagne. Cependant, des incidents ont été constatés à Koki à Ndzuani, à Uziyo et Chezani à Ngazidja, où des habitants hostiles aux candidats de l’Alliance de la mouvance présidentielle (Amp) ont troublé la caravane de cette dernière.
La tension entre partisans de l’Amp et de l’opposition en général était aussi vive à Ntsoudjini et à Mkazi, où la situation a parfois dégénéré en affrontements. D’ailleurs, dans un communiqué du parquet de la République de Moroni, rendu public hier jeudi, le procureur reconnait que « pendant cette période de campagne électorale, dans certaines localités, les divergences d’idées et d’opinions ont occasionné des affrontements et des saccages de bureau », et qu’ « au cours de ces affrontement, il y aurait au moins 7 personnes blessées dont les trois sont évacués à l’extérieur du pays pour être soignés».
Les électeurs, bien servis en termes de festivités
L’on note également que dans la ville de Mbeni, aucun candidat n’a pu tenir une réunion de campagne dans cette agglomération, pas même le candidat au gouvernorat de Ngazidja du parti Orange, qui est pourtant natif de ce chef-lieu de la région Hamahame-Bwanku. Par ailleurs, cette année, une fois de plus, le débat public entre les candidats n’a pas eu lieu, privant les Comoriens de la possibilité de mieux connaître les programmes de chacun des six candidats à l’élection présidentielle. Les meetings et les caravanes électoraux, transformés en démonstration de force, n’ont pas été mis à profit pour soumettre et expliquer les promesses de campagne.Les électeurs, bien servis en termes de festivités, sont par contre restés sur leur faim quant aux propositions des candidats, comme les micros-trottoirs réalisés par votre journal ont permis de le comprendre.
En totale contradiction avec les textes
Ils ne sauront donc pas comment les prétendants à la présidentielle et aux gouvernorats des îles comptent, entre autres, lutter contre le chômage qui touche 2 jeunes sur 3, ni comment remettre sur les rails un système éducatif défaillant d’une année à l’autre. Ils sauront encore moins comment ces candidats comptent améliorer le système de santé, juguler l’inflation, garantir le pouvoir d’achat, développer l’agriculture, relancer le secteur touristique, et formuler des propositions en matière de politique étrangère, notamment sur la relation avec la France, qui occupe une partie du territoire tout en demeurant notre «premier partenaire» au développement.
Les Comoriens ne sauront surtout pas combien coûtent les promesses électorales et comment elles seront financées. La plupart des candidats ont certes publié leur profession de foi, mais tous ont échoué dans l’exercice délicat de budgétiser leurs programmes électoraux et d’expliquer leur financement.
Un autre fait marquant est l’irrespect de l’interdiction de la campagne électorale dans les établissements d’enseignement et les lieux de culte. Les candidats ont bravé cette interdiction en utilisant les tribunes des prières du vendredi pour faire leur propagande électorale. Dans un établissement d’enseignement privé de la capitale, un proche d’un candidat de l’opposition organise activement des activités d’enrôlement d’électeurs, en totale contradiction avec les textes électoraux.
À noter également le non-respect de la neutralité de l’administration dans certains cas. Certains employés de certaines entreprises publiques se sont rendus sur leurs lieux de travail avec des vêtements à l’effigie des candidats, ce qui est fortement interdit par le code électoral.