Vingt quatre heures après sa rencontre avec le chef de l’Etat au palais de Beit-Salam, le plus Haut Représentant de l’Union africaine, Ramtane Lamamra, a initié depuis hier à Moroni une série de rencontres formelles avec les acteurs politiques comoriens et la société civile.
Ce sont les gouverneurs des îles de Ngazidja et de Ndzuwani qui ont été reçus en début de matinée à la grande salle de l’hôtel Retaj où Ramtane Lamamra a refusé l’accès aux journalistes et aux photographes. A la sortie, Hassane Hamadi et Abdou Salami Abdou n’ont pas souhaité faire le moindre commentaire.
«On s’est convenu de ne rien dire», a précisé le gouverneur de Ngazidja au cours d’un bref entretien. «Ne vous inquiétez pas», a glissé le gouverneur de Ndzuwani au milieu des échanges de courtoisie avec des journalistes. Aux environs de 11h 30, l’émissaire de l’Ua a reçu la délégation de l’Alliance de l’opposition qui, une heure après les discussions, est revenue sur sa position.
«Il y a une situation exceptionnelle qui n’est pas compatible avec le processus du référendum. Les raisons avancées pour justifier cette consultation populaire s’inscrivent dans le cadre d’une mesure qui, sur le fond, est contraire à l’esprit du consensus obtenu dans le cadre de l’accord de Fomboni, lequel nous a permis de retrouver les équilibres politiques et institutionnels actuels», indique Youssouf Boina, chargé des questions juridiques au sein de l’opposition.
Contradiction
La délégation de la Mouvance présidentielle, reçue quelques minutes après, maintient le principe du référendum. «Le pays ne traverse pas une crise qui puisse justifier un consensus. Il n’y a pas péril en la demeure. Le chef de l’Etat est en droit d’appeler à un référendum. Si l’opposition n’est pas d’accord, elle n’a qu’à battre campagne pour le Non», a soutenu le chef de la délégation de la Mouvance présidentielle, Ali Mliva Youssouf.
La société civile campe sur sa position : «la constitution est violée. Il n’y a pas des garde-fous qui nous permettent de penser que les opérations qui vont se déclencher se feront dans les règles. On a supprimé la Cour, on réprime les libertés. Les conditions d’organisations du référendum ne sont pas claires. On ne peut pas s’engager dans un tel processus», a indiqué Nadia Tourqui du Collectif de la troisième voie.
L’émissaire de l’Union africaine devait rencontrer hier le gouverneur de Mwali, Mohamed Saïd Fazul en fin d’après-midi, juste après sa rencontre avec les trois membres de la Cour constitutionnelle en poste au moment du transfert des compétences à la Cour suprême.
A.S.Kemba
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