La Communauté de développement de l’Afrique australe (Sadc) a décidé d’apporter un concours militaire à l’un de ses Etats membres, le Mozambique, victime d’actes de terrorisme et de scènes de piraterie, notamment dans la province de Cabo Delgado au nord du pays.Réunis en sommet extraordinaire le 23 juin à Maputo, les dirigeants et représentants des 16 pays ont passé en revue quelques dossiers classiques comme la sécurité alimentaire, la levée des sanctions économiques prises contre le Zimbabwe, les facilités en matière d’échanges commerciaux ou encore l’accès équitable aux vaccins dans le cadre du mécanisme Covax. Mais c’est la situation sécuritaire au Mozambique qui chauffa, à plusieurs reprises, l’esprit des participants au sommet.

Un programme humanitaire

Les pays membres de la Sadc prennent au sérieux les menaces qui planent dans cette zone devenue poreuse et où se développent, selon un rapport de l’Onu, «de nouvelles formes de trafics soutenues par des réseaux extrémistes connectés à une branche du Groupe Etat islamique (Gei)».En mars dernier, une attaque spectaculaire dans la ville côtière de Palma avait été revendiquée par le Groupe Etat islamique, provoquant des centaines de réfugiés et semant une panique sans fin dans cette région pauvre. Les djihadistes entretiennent des connections faciles dans les régions qu’ils ciblent avec la complicité de structures bien rodées, ravitaillées en carburants et en denrées alimentaires par d’autres réseaux invisibles.

Pour éviter que l’un des pays membres devienne un sanctuaire du terrorisme, le Comité de défense de la Sadc, dans un rapport, a recommandé la mise en place d’une force commune, capable d’apporter un appui logistique et militaire décisif aux Forces armées de défense du Mozambique (Fadm) pour lutter contre les trafics, la criminalité et le terrorisme. Les Comores étaient représentées au sommet par le ministre des Affaires étrangères, Dhoihir Dhoulkamal, l’ambassadeur des Comores à l’Union africaine, Assoumani Youssouf Mondoha, et le Colonel Mahamoud Fakridine.

A l’issue du sommet, les pays ont «entériné les recommandations formulées dans le rapport du président de l’Organe de coopération en matière de politique, défense et sécurité», indique le communiqué final, qui précise que la force en question «sera déployée en vue de soutenir le Mozambique dans sa lutte contre le terrorisme et les actes d’extrémisme violent dans la province Cabo Delgado».

Les premiers exercices militaires de cette force spéciale sont prévus dans les prochaines semaines.Les pays de la Sadc, par le biais du secrétariat exécutif de l’organisation, devraient définir les mécanismes de déploiement de cette force anti-terroriste qui doit être effective ce mois de juillet 2021.

Les Forces armées de défense du Mozambique bénéficieront l’appui logistique (terrestre, aérien, naval), en formation et en renseignement pour «nettoyer» la zone avant un programme humanitaire au profit des populations locales. «Le Sommet a exhorté les États membres, en collaboration avec les agences humanitaires, à continuer à fournir une aide humanitaire à la population touchée par les attaques terroristes à Cabo Delgado, y compris aux personnes déplacées à l’intérieur du pays», précise le communiqué final.

Si les objectifs de la mission ont été clairement définis, le statut de cette force doit avoir l’aval du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (Cps) et du soutien moral et financier des Nations-unies. Malgré une volonté manifeste, les pays de la Sadc n’ont pas abordé suffisamment la question du financement et les modalités de mise en place du commandement intégré de cette force anti-terroriste. Le prochain sommet des chefs d’Etat de la Sadc est prévu en août prochain au Malawi.

Les 16 pays membres de la Sadc

L'Afrique du Sud, l'Angola, le Botswana, la République démocratique du Congo, les Comores, le Lesotho, le Malawi, Madagascar, Maurice, le Mozambique, la Namibie, les Seychelles, Eswatini, la Tanzanie, la Zambie et le Zimbabwe.

A.S.Kemba