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Sommet africain sur le climat à Nairobi I Désaccords sur le modèle de financement des politiques climatiques

Sommet africain sur le climat à Nairobi I Désaccords sur le modèle de financement des politiques climatiques

Politique | -   A.S. Kemba

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Les dirigeants du continent souhaitent contraindre les pays riches à mettre de l’argent sur la table. Les promesses des « 100 milliards par an » pour aider l’Afrique à faire face aux effets du climat se limitent jusqu’ici sur le papier. Hier, les Emirats arabes unis qui accueillent la Cop28 en novembre prochain ont annoncé une enveloppe de 4,5 milliards de dollars. Le modèle de financement des actions de lutte contre les changements climatiques ne fait toujours pas l’unanimité des 54 pays africains. Conséquence : le projet de communiqué final baptisé «la Déclaration de Nairobi» sur l’action climatique en Afrique n’était toujours pas adopté.

 

Ouvert lundi 4 septembre à Nairobi, le premier sommet africain sur le climat se poursuit encore ce mercredi 6 septembre dans la capitale kenyane. Des chefs d’Etat africains, l’Union africaine, les Nations-Unies, l’Union européenne, des délégués des organisations financières internationales, chercheurs, experts, activistes et militants climatiques échangent sur les mesures à prendre pour aider l’Afrique à faire face aux effets posés par les dérèglements climatiques.

Le principe pollueur-payeur

L’un des enjeux de ce premier sommet est l’adoption de nouvelles directives de développement adaptées aux changements climatique avec un probable consensus sur «un pacte de croissance verte», comme l’a rappelé le président kenyan, William Ruto, entouré d’Antonio Guterres, le chef de l’Onu, d’Azali Assoumani, le patron de l’Union africaine, Ursula von der Leyen, présidente de l’Ue ainsi que d’autres chefs d’Etat comme Macky Sall et Paul Kagamé. Les dirigeants devraient s’entendre sur des mesures communes à défendre lors de la Cop28 aux Emirats arabes unis. Les autorités émiraties ont annoncé, dans la foulée, une enveloppe de 4,5 milliards de dollars en guise de contribution au financement de politiques climatiques en Afrique.


Des désaccords persistent sur le modèle de financement des actions de lutte contre les changements climatiques dans les 54 pays africains. Conséquence : le projet de communiqué final baptisé «la Déclaration de Nairobi» sur l’action climatique en Afrique n’était toujours pas adopté hier. De nombreux pays souhaitent rester encore et toujours dans «le mix énergétique » alors que d’autres demandent «le 100% vert». D’autres sujets comme les politiques d’adaptation des changements climatiques ou les plans de protection des forêts, de la biodiversité marine ralentissent les travaux et fragilisent le consensus autour du sommet de Nairobi.


Le continent africain dont la part des émissions de gaz à effet de serre est marginale, estimée à entre 4 et 6% demeure la victime principale de la pollution produite par les pays du nord, selon de nombreuses études. «Il ne fait aucun doute que le continent est le grand perdant dans cette catastrophe climatique», a admis sur France 24 Gaia Febvre, chargée des politiques internationales au sein du « Réseau Action Climat».


Les chefs d’Etat souhaitent ainsi contraindre les pays riches à mettre de l’argent sur la table en faisant valoir le principe pollueur-payeur. Les promesses des «100 milliards par an» pour aider l’Afrique à faire face aux effets du climat se limitent jusqu’ici sur le papier. Le continent n’a reçu, à ce jour, que «30 milliards de dollars depuis 2020», correspondant à « près de 12%  de ses besoins », selon Bogolo Kenewendo, économiste et conseillère aux Nations Unies sur les questions climatiques, citée par Rfi. Le Fonds monétaire international (Fmi) avait estimé en 2021 «à 285 milliards de dollars» le montant dont l’Afrique a besoin «d’ici à 2025» pour réussir ses politiques en matière de lutte contre les changements climatiques. Un chiffre aujourd’hui réévalué à cause des effets nouveaux du phénomène qui plonge des millions d’Africains dans une extrême vulnérabilité.

Des besoins qui se situent entre 290 et 440 milliards de dollars

Sècheresse, inondations, baisse de la productivité agricole ou encore dégradation des terres, entre autres, l’Afrique est exposée à tous les aléas comme le note le Centre africain de politique climatique de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique qui fait savoir que «les coûts des pertes et dommages dus aux changements climatiques en Afrique devraient se situer entre 290 et 440 milliards de dollars, en fonction du degré de réchauffement de la planète».

 

En 2022, l’Organisation météorologique mondiale (Omm), dans un rapport intitulé «État du climat en Afrique 2022», avait alerté sur les conséquences des changements climatiques sur le continent, précisant qu’à la même année «10 millions de personnes en Afrique ont été directement touchées par des risques liés au climat et à l’eau » et que «les changements climatiques ont eu un impact négatif sur l’agriculture, qui est la principale source de moyens de subsistance et d’économies nationales en Afrique» avant de préciser que «la productivité agricole a notamment diminué de 34 % depuis 1961».

Eviter «le piège» de la dette

Mais les conséquences des changements climatiques varient en fonction des régions et des pays. Les Etats africains ne vivent pas les mêmes problèmes et ne subissent pas les mêmes dommages. Les Petits Etats insulaires en développement (Peid) sont les plus exposés, comme cela a été fortement exprimé dans «La Déclaration de Moroni» de juin dernier et qui a recommandé «la nécessité d’émerger un modèle d’économie durable, intégrant les piliers du développement durable, l’économie, le social et l’environnement». 


Les discussions autour du modèle de financement se poursuivaient encore hier soir. L’Union africaine, la Banque africaine de développement (Bad), l’Onu, le Fmi et d’autres institutions financières cherchaient désespérément à concilier les positions et à faire adopter sans succès «la Déclaration de Nairobi». Des prêts, des taxes ou des crédits carbones ?


De nombreux pays africains restent frileux face «au piège» de la dette bi et multilatérale qui expose des Etats dans «une éternelle dépendance . L’ancien secrétaire d’Etat américain, John Kerry a d’ailleurs parlé d’une «situation injuste», faisant allusion à ce goulot d’étranglement qui tenaille les pays africains.

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