L’Union africaine, par la voix de son président en exercice, a salué le «partenariat stratégique» en devenir entre l’Afrique et l’Arabie Saoudite, à l’ouverture d’un premier sommet, vendredi 10 novembre 2023 à Ryad, qui doit sceller leur coopération. Plusieurs chefs d’Etat avaient pris part à cette rencontre présidée par le prince héritier, Mohamed Ben Salman.Le thème retenu pour ce sommet est «Développement et prospérité : agriculture, éducation, santé et aide humanitaire». L’Arabie saoudite, qui engage de profondes transformations du pays, voit l’Afrique comme une opportunité de diversification substantielle de son économie et annonce un investissement de 25 milliards de dollars dans divers secteurs d’ici 2030, notamment dans les infrastructures, l’agro-alimentaire, la santé, l’eau et les énergies renouvelables.
Selon le ministre saoudien des Finances, Mohammed Al-Jadaan, cité par de nombreux medias, les investissements saoudiens en Afrique s’élèveraient à 75 milliards de dollars, ces dix dernières années. En marge du sommet, des accords d’investissement d’un montant de «533 millions de dollars» avaient été signés entre le Royaume, via la Banque islamique de développement (Bid), et plusieurs pays africains.Le président Azali Assoumani a rencontré le président de la Bid, Muhammad Sulaiman Al Jasser.Les deux personnalités «ont pris l’engagement de poursuivre leurs échanges, pour examiner notamment la possibilité pour la Bid de financer d’autres projets du Plan Comores Emergeant», après avoir parlé de l’équipement du futur Centre hospitalier université (Chu) El-Maarouf, et échangé sur le statut d’observateur de l’Afrique au sein du Groupe de la Bid.
«Pour plus de justice et d’équité»
Qualifiant le sommet de «rendez-vous historique», le président de l’Ua estime que la rencontre «ouvre une nouvelle page du partenariat entre le Royaume d’Arabie saoudite et l’Afrique, en inaugurant une nouvelle ère de coopération, dans un monde plus que jamais en quête d’équité et de justice». Azali Assoumani a étalé de nombreux sujets dont un statut de membre permanent de l’Afrique au sein du Conseil de sécurité des Nations unies, la mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, les changements climatiques, la paix au Moyen-Orient et l’alliance mondiale contre le terrorisme.
«Un motif d’espoir pour l’Afrique»
«L’Afrique mérite sa place de membre permanent au sein du Conseil de Sécurité des Nations unies, afin que les pays du continent puissent jouir des mêmes droits que les autres membres du Conseil, pour plus de justice et d’équité», a souligné le patron de l’Union africaine qui a salué «l’intégration prochaine de nouveaux pays, y compris l’Arabie saoudite au sein des Brics». Selon lui, cette adhésion constitue un motif d’espoir pour l’Afrique qui peut compter sur ce pays pour tirer les avantages politiques, économiques et financiers qui en découleront. «L’Arabie saoudite et l’Afrique ont toutes les potentialités nécessaires pour créer un environnement susceptible de répondre aux aspirations légitimes de nos peuples», a-t-il martelé.
Le président comorien estime que l’Arabie saoudite peut jouer un rôle transversal dans l’intégration de l’Afrique dans la géopolitique mondiale et permettre au continent de concrétiser ses objectifs en matière de mobilisation des ressources financières nécessaires à sa croissance et à son développement : «Cette initiative des très hautes autorités saoudiennes de hisser ces liens de coopération avec l’Afrique à un niveau supérieur, constitue une opportunité inégalée pour nous, d’élargir les horizons de notre partenariat avec l’Arabie saoudite, l’une des grandes puissances du monde», a-t-il indiqué.Evoquant la mise en œuvre de l’Agenda 2063, le président de l’Ua a exprimé le «vœu ardent» de voir ce partenariat stratégique contribuer à promouvoir la paix et le développement et contribuer à accélérer la marche du continent «en favorisant l’investissement, le développement des infrastructures et des énergies renouvelables, ainsi qu’une économie bleue et verte résiliente et durable».
Azali Assoumani a, par ailleurs, souligné l’impact des changements climatiques sur le continent et leur rôle négatif sur ses économies : «Il est urgent de mettre en œuvre la finance climatique, y compris au titre du Fonds vert climat, ainsi que du Fonds sur les pertes et dommages, dans l’esprit du principe de responsabilité partagée mais différenciée», a-t-il plaidé, avant de demander une réforme de «l’architecture financière internationale pour la rendre plus souple, plus inclusive et plus soucieuse des préoccupations des pays du Sud».