Le président de la République a pris part hier jeudi 9 octobre au 24eme sommet du Comesa (Marché commun de l’Afrique orientale et australe) ouvert à Nairobi au Kenya en présence de chefs d’Etat des pays membres de cette organisation régionale. Le thème retenu pour cette édition 2025 est «Tirer parti de la numérisation pour approfondir les chaînes de valeur régionales pour une croissance durable et inclusive». Azali Assoumani a pris part aux travaux au même titre que d’autres dirigeants du Comesa comme ceux du Kenya, William Ruto, du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa, et d’autres hautes autorités gouvernementales comme le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed Ali, et Mostafa Madbouly de la République arabe d’Égypte, qui représentait Abdel Fattah El-Sisi à cette rencontre de haut niveau.Le sommet a été largement consacré aux mécanismes régionaux visant à accélérer l’intégration économique, à favoriser le développement du numérique au sein de l’espace Comesa et à renforcer la cohésion des pays membres sur diverses questions comme la souveraineté alimentaire et la paix, entre autres.
Azali Assoumani, dans son intervention, a souligné le virage qu’a pris son pays en matière de transformation numérique et des actions entreprises pour renforcer la cyber sécurité et accompagner le pays à se doter des moyens technologiques conséquents. La création de l’Anaden (Agence nationale du développement du numérique), l’adoption de nombreux textes de loi réprimant les faits de cyber harcèlement ou encore la signature de contrats avec de consortiums de renom permettant de disposer de services internet haut débit pour mieux connecter le pays avec le reste du monde ont été soulignés par le président de la République.
Accélérer l’intégration économique
Azali Assoumani a ainsi informé ses pairs du Comesa, les avancées enregistrées par les Comores en matière de développement, de transformation et de capitalisation du numérique, citant notamment «l’extension de la couverture 4G et l’introduction de la 5G, le développement des paiements mobiles et de l’inclusion financière» et enfin «la promotion de l’éducation en ligne et du soutien aux start-ups locales ». Le pays connait ces cinq dernières années un rythme accéléré en matière d’accès à des services hautement digitalisés dans de nombreux secteurs. Il s’agit de l’un des résultats de la «Stratégie Comores Numérique 2028 » adoptée par le gouvernement comorien.
Pour le chef de l’Etat, l’action du Comesa doit désormais se concentrer en priorité sur trois axes majeurs à savoir « une connectivité régionale sécurisée, fiable et accessible à tous, un soutien renforcé à l’innovation locale et aux jeunes talents africains et la digitalisation des secteurs stratégiques : agriculture, énergie, commerce, santé, éducation», selon la page officielle de Beit-Salam. Un projet régional dédié à la digitalisation de certaines activités a été lancé dans quatre pays en Afrique dont les Comores.
Trois axes majeurs
Mais, pour le président Azali Assoumani, la volonté de transformer les pays et le souci de les accompagner à développer leurs potentiels dans le domaine numérique doit aller de pair avec la capacité à promouvoir la paix et la stabilité au sein des Etats membres de l’organisation. « La transformation numérique ne pourra prospérer sans paix ni stabilité », a-t-il souligné, ajoutant que « la cyber sécurité doit être intégrée à nos stratégies de paix. La guerre numérique existe déjà ».
En parlant de paix et de stabilité lors du sommet de Nairobi, Azali Assoumani a eu une pensée au conflit qui déchire l’un des pays membres la République démocratique du Congo avec son lot de victimes depuis plus de quarante ans. Mais aussi les velléités de conflit entre l’Ethiopie et l’Erythrée, eux aussi membres du Comesa. Sans oublier le Soudan, déchiré par une guerre civile sans fin ou la Lybie noyé dans une interminable crise politique et sécuritaire depuis 2011.
21 Etats membres
Le chef de l’Etat a ainsi «réaffirmé le soutien des Comores aux efforts du Comesa en matière de médiation, de prévention des conflits et de consolidation de la paix », selon toujours Beit-Salam qui précise que les dirigeants ont affiché «une vision partagée pour une Afrique numérique, souveraine et solidaire», ajoutant que «le 24ᵉ Sommet du Comesa s’est conclu sur une ambition commune : bâtir une Afrique numériquement intégrée, souveraine, innovante et solidaire, au service de ses citoyens et de son avenir». Le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (Comesa), créé en 1994, regroupe aujourd’hui 21 Etats membres et se donne comme ambition de favoriser l’intégration régionale en levant les barrières douanières et les autres obstacles pour mieux promouvoir les échanges entre les pays et lutter contre la pauvreté. Les Comores, membres depuis 2006, bénéficient de nombreux appuis du Comesa notamment en faveur des douanes et sont éligibles à de nombreux programmes d’inclusion économique au profit d’organisation de femmes et de jeunes.
Une commission mixte comoro-kenyane
Les dirigeants comorien et kenyan ont annoncé la mise en place d’une commission mixte comoro-kenyane en marge du 24eme sommet du Comesa. «Les deux dirigeants ont convenu de la mise en place prochaine d’un comité mixte en vue de renforcer la coopération dans des domaines d’intérêt commun», souligne la page officielle de Beit-Salam.
Dans son intervention, Azali Assoumani a, une nouvelle fois, demandé à ses pairs de s’aligner aux principes fondamentaux qui fondent les organisations régionales, faisant allusion au respect de la souveraineté des Comores sur l’île de Mayotte occupée. Pour le chef de l’Etat, les dirigeants africains ont l’obligation morale de promouvoir la solidarité et respecter les chartes des différentes organisations. «J’appelle, enfin, nos pays africains à continuer à être solidaires, pour défendre l’intégrité et la souveraineté de nos pays, vous rappeler que votre pays frère l’Union des Comores jusqu’à lors n’a pas encore retrouvé sa souveraineté car une de nos quatre iles, l’ile de Mayotte est toujours malheureusement administrée, occupée par la puissance coloniale l’Etat français », a-t-il souligné, rappelant le dialogue engagé avec la France pour une issue à ce contentieux territorial.
Les mises au point réitérées par le chef de l’Etat font suite à la récente décision de la République du Kenya, d’établir «un partenariat» avec Mayotte en violation des principes fondateurs de l’Union africaine et de l’Onu. À New York, Azali Assoumani en avait fait la remarque à la tribune des Nations-Unies le 24 septembre dernier. « Nous nous désolons ainsi que certains pays frères qui ont toujours défendu le droit international et la cause comorienne tergiversent aujourd’hui et prennent des initiatives malheureuses avec la France pour établir des relations avec Mayotte au mépris de notre souveraineté nationale», avait-il souligné.