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Sommet extraordinaire de l’Union africaine I La ZleCaf et l’industrialisation du continent au cœur de la rencontre de Niamey

Sommet extraordinaire de l’Union africaine I La ZleCaf et l’industrialisation du continent au cœur de la rencontre de Niamey

Politique | -   A.S. Kemba

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Les dirigeants africains ont réitéré, vendredi 25 novembre, leur volonté de soutenir les initiatives d’industrialisation du continent à travers différents moyens comme le soutien au développement des firmes agro-alimentaires compétitives pouvant réduire au moins 15 milliards de dollars chaque année la valeur des besoins en denrées alimentaires en Afrique. L’idée est de permettre aux entreprises agricoles africaines de produire localement avec, à terme, le développement accéléré d’une filière agro-industrielle à la fois puissante et durable sur le continent. La part de l’industrie dans les économies africaines se situe en moyenne à 15% du Pib alors que le continent ne pèse, par ailleurs, que moins de 4% des échanges mondiaux.

 

L’Union africaine a tenu un sommet extraordinaire le 25 novembre à Niamey au Niger en présence d’une trentaine de chefs d’Etat et de gouvernements du continent. Le thème général est «Industrialiser l’Afrique : un engagement renouvelé pour une industrialisation et une diversification économique inclusives et durables». Le chef de l’Etat, Azali Assoumani, y avait pris part. Les Comores étant parmi les premiers pays signataires de l’accord portant création d’une Zone de libre-échange continentale africaine (ZleCaf) au Rwanda en mars 2018.

Promouvoir le commerce intra-africain

«Le président a annoncé que l’Union des Comores soutient fortement les initiatives africaines qui favoriseraient la mise en œuvre de la ZleCaf, qui ouvrirait d’immenses perspectives à l’industrialisation du continent et qui inciteraient davantage la consommation locale», a indiqué le site de Beit-Salam, précisant que le chef de l’Etat «a évoqué la nécessité de former la jeunesse africaine afin qu’elle puisse créer des emplois et bâtir des partenariats avec les investisseurs étrangers».
D’une part, les participants au sommet extraordinaire de Niamey avaient ainsi à évaluer «les progrès enregistrés» ainsi que les mesures prises pour promouvoir le commerce intra-africain quatre ans après cet accord de Kigali ayant posé les bases de la ZleCaf. Et d’autre part, identifier les freins à l’industrialisation du continent et valider les mesures préconisées par le rapport sur la ZleCaf presenté par l’hôte du sommet, le président du Niger, Mohamed Bazoum.


Ce dernier a déploré les faibles capacités de l’Afrique à peser sur le commerce international et les goulots d’étranglement qui empêchent le développement de vraies industries de production. «L’Afrique ne doit plus être un continent consommateur et pourvoyeur de matières premières», a-t-il fustigé, ajoutant que le continent doit être «une puissance économique dotée d’industries à même de satisfaire ses propres besoins et d’exporter des produits finis». La Zone de libre-échange en Afrique (ZleCaf) est considérée comme une alternative pour aider le continent «de stimuler le commerce intra-africain, mais aussi d’aider l’Afrique à s’industrialiser et diversifier sa production au-delà de l’énergie et de mines», selon une note officielle présentée en juin dernier à Moroni à l’occasion d’un atelier de concertation sur la préparation et la participation de l’Union des Comores à ce grand marché continental.


A Niamey, les dirigeants africains ont ainsi réitéré leur volonté de soutenir les initiatives d’industrialisation du continent à travers différents moyens comme le soutien au développement des firmes agro-alimentaires compétitives pouvant réduire au moins de 15 milliards de dollars chaque année la valeur des besoins en denrées alimentaires en Afrique. L’idée est de permettre aux entreprises agricoles africaines de produire localement avec, à terme, le développement accéléré d’une filière agro-industrielle à la fois puissante et durable sur le continent.

L’industrie représente en moyenne 15% du Pib en Afrique

«La porte d’entrée de l’industrialisation s’ouvre sur l’agriculture au sujet de laquelle l’Afrique dispose d’énormes potentialités», a soutenu le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat pour qui «l’énergie, variable importante de toute activité industrielle, agissant à la fois comme facteur de production et de compétitivité, détermine, en fonction de sa disponibilité, le choix à opérer en matière d’industrialisation».La part de l’industrie dans les économies africaines se situe en moyenne à 15% du Pib (moins de 6% aux Comores) alors que le continent ne pèse, par ailleurs, que moins de 4% des exportations mondiales. Les pays africains souhaitent développer le commerce intra-africain, soutenir les initiatives de production des denrées les plus consommées comme le riz qui représentent environ 400 millions de dollars de la valeur annuelle des importations en Afrique ou encore le blé qui absorbe plus de 200 millions de dollars des devises qui quittent le continent.

Les ressources naturelles du continent

Le Centre africain pour les politiques commerciales (Capc) avait énuméré en 2019 une liste de «85 produits» que l’Afrique pourrait commercer avec l’extérieur et y assurer leur promotion à l’intérieur du continent. Mais la connectivité terrestre limitée à cause de l’absence de réseaux de transports complique l’accélération des échanges au sein même du continent où l’on note moins de 12%, s’agissant du commerce entre les pays africains.Si le continent est aujourd’hui confronté à d’immenses défis comme le manque d’infrastructures développées, de ressources humaines qualifiées dans presque tous les domaines ou encore le coût élevé des moyens de production, l’électricité par exemple, il n’en demeure pas moins que l’Afrique a d’immenses atouts pour se construire une trajectoire de développement autonome, poser les bases de son développement industriel, attirer des investissements dans de secteurs porteurs de croissance et surtout créer des valeurs ajoutées dans divers domaines.


Le secteur de l’industrie ne devrait poser aucun souci en raison des potentialités existantes comme l’a d’ailleurs rappelé à Niamey le dirigeant sénégalais, président en exercice de l’Union africaine. «L’Afrique a le potentiel de ses ambitions d’émergence et d’intégration : 30 millions de km2, 1,4 milliard d’habitants, 60% des terres arables non exploitées du monde, 40% des réserves mondiales d’or, 85 à 95% des réserves de métaux du groupe du chrome et du platine, 85% des réserves de phosphates», a souligné Macky Sall, ajoutant que «plus de 50% des réserves de cobalt et un tiers des réserves de bauxite, sans compter ses importantes ressources hydriques, gazières et pétrolières».


Un constat renchéri par son homologue comorien, Azali Assoumani, qui a précisé dans son intervention que «notre continent regorge d’immenses potentialités, notamment agricoles, miniers, halieutiques que nous devons exploiter et transformer les matières premières avant de les exporter». Le président sénégalais a estimé toutefois que «nos efforts de développement seront vains tant que le système économique et financier international continuera de maintenir nos pays dans un corset de règles et pratiques qui freinent les flux d’investissement vers l’Afrique».

Une plateforme de financement de l’industrie aux Comores

Aux Comores, l’industrie figure bien dans l’agenda de développement du pays et se trouve dans le socle 5 du Plan Comores Emergentes (Pce) intitulé «Des niches industrielles pour diversifier l’économie» après le socle 4 «Une agriculture modernisée pour la sécurité alimentaire», d’après le Plan-cadre de coopération des Nations-Unies pour le développement durable 2022-2026.À Niamey, devant ses pairs africains, Azali Assoumani, a fait part de l’urgence d’accélérer les réformes de la ZleCaf, lever les obstacles au commerce entre pays africains, inverser la courbe des échanges entre l’Afrique et le reste du monde et enfin soutenir les investissements nécessaires dans les secteurs de production.Le président de la République a ainsi annoncé les mesures prises par son gouvernement «pour faciliter «la mise en place d’une plateforme de financement de l’industrialisation et la diversification économique, ou encore la promotion des investissements dans les secteurs des infrastructures et de l’énergie, ainsi que l’implication du secteur privé dans ce processus».

 

Le secteur secondaire, l’industrie comprise, représente moins 10% du Pib

Aux Comores, la part du secteur secondaire dans le Pib est moins de 10%. Le pays a bénéficié d’un appui de l’Organisations des Nations-Unies pour le développement de l’industrie (Onudi) avec comme ambition d’assurer à terme, «la transformation, la commercialisation et la promotion de biens de consommation de qualité produits localement, à destination de marchés de niche au niveau national, régional et international».


Le travail mené jusqu’ici consiste à créer les conditions d’un tissu économique de production de biens et de services et surtout «le développement de la production, notamment pour les activités de transformation industrielle et de l’artisanat pouvant générer une forte valeur ajoutée» mais aussi «redynamiser le dialogue public-privé pour optimiser l’environnement des affaires, le climat des investissements et favoriser le développement de la production».


L’une des pistes explorée par les techniciens comoriens est la «mise en place d’un incubateur/pépinière d’entreprises pour accompagner de jeunes entrepreneurs/entreprises dans leurs activités d’identification de marchés potentiels, d’approvisionnement en matières premières, et de transformation durable de ressources locales». On ignore le suivi de ce programme et les actions menées sur le terrain pour aider à l’industrialisation du pays en général et l’appui aux entreprises locales de production en particulier.

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