Comme à son habitude depuis deux ans, le ministre des Affaires étrangères, Souef Mohamed El-Amine, après un long périple à l’étranger, a tenu une conférence de presse samedi matin pour revenir longuement sur l’actualité comorienne au niveau national et international. Revenant tout d’abord sur le déroulement et l’issue des élections présidentielle et gubernatoriale, le chef de la diplomatie comorienne a mis l’accent sur la nécessite d’assumer l’indépendance et la souveraineté du pays.
«Les élections se sont déroulées et les résultats ont été annoncés définitivement pour la présidentielle et le gouvernorat de Ndzuani pendant que Ngazidja et Mwali vont devoir faire face à un second tour. Ce sont les premières élections organisées par les Comores, ce qui dénote une grande marque de souveraineté. Ceux qui ont voulu interféré ont été priés de rediriger leurs aides dans d’autres domaines. C’est une autre indépendance que nous avons acquise en 2019», a jubilé le ministre des Affaires étrangères avant de revenir sur les évènements qui ont émaillé le jour du scrutin et l’après scrutin.
À en croire ses propos, ceux qui ont appelé à casser les urnes «ont donné une leçon comme quoi on peut s’en prendre à l’argent public». Il déplorera l’appel à casser les urnes, à barrer les routes et à vider les assesseurs dans les bureaux de vote, «une attitude qui n’honore pas leur image». «Il faut bannir les appels à la violence qui n’engendrent rien d’autres justement que la violence. La fièvre des élections est passée et comme l’a dit le chef de l’État, il y a de la place pour tout le monde et ils seront les bienvenus», a-t-il dit. Quant à la position des opposants qui annoncent la mise en place d’un conseil national de transition, Souef Mohamed El-Amine prône le dialogue en revenant sur ses derniers échanges avec les autorités françaises. «Notre message prône la non-violence, l’ouverture d’un dialogue sans interférence étrangère. Les Comoriens ont les capacités et la maturité nécessaires pour dialoguer. Certes, il y a des conseillers étrangers qui peuvent être aux côtés de la Cnt mais en ce qui nous concerne, la primauté va à notre souveraineté que les autres doivent respecter», fera-t-il savoir avant de dénoncer des méthodes d’agissements qui seraient importées. «L’envahissement de notre ambassade à Paris, l’appel à la désobéissance, l’attaque à un camp militaire ne sont pas la gouvernance, la démocratie ou les droits de l’Homme recherchés. Les responsables qui appellent à une ville morte ou à des manifestations, connaissent les conséquences. L’on voit des opérations de grande envergure en vue de déstabiliser le pays, des opérations qui rappellent le Kossovo ou encore Sarajevo», devait regretter le conférencier qui se réjouit de constater que «les organisations internationales se montrent disposer à nous accompagner».
Répondant à une question sur l’arrestation et la torture supposée qu’aurait subies le journaliste Toufeyli Maécha, le ministre des Affaires étrangères affirme regretter si cette torture est avérée. «Si ce journaliste ou un autre a été torturé, ce n’est pas un droit. L’on doit laisser les journalistes faire leur boulot et les respecter. Ils font un travail difficile pour nous informer. Toutefois, ils doivent, de leur côté, se comporter en professionnels et suivre leur déontologie. Il faut faire la différence entre un journaliste professionnel et un animateur de twarab», lance-t-il.
Concernant les divergences avec l’Union européenne, le chef de la diplomatie réaffirme que l’indépendance signifie la capacité de décider de ses besoins et de ne pas subir. «Le problème avec l’Union européenne, c’est qu’elle veut apporter son aide dans les domaines que nous n’en avons pas forcément besoin. Si l’Ue nous aide sur les routes, l’éducation… et sur les élections, pourquoi disposer de notre indépendance ? Elle a alloué un financement qui aurait dû faire l’objet d’accord avec l’État mais surtout, elle a entrepris de former des observateurs, non pas des Comoriens lambda et neutres mais des personnes qui ont une position politique affirmée et connue. C’est là, où l’attitude était inadmissible», explique Souef qui reviendra également sur le fonds d’entretien routier.
«L’Ue tenait au Fer alors que pour entretenir les routes, il faut au préalable les construire. Raison pour laquelle nous avons avancé l’idée du fonds routier. Heureusement les travaux vont bon train. Il y avait un malentendu mais il est en train de se dissiper», précise-t-il. Outre l’actualité nationale à l’intérieur du pays, Souef Mohamed El-Amine s’est longuement penché sur l’actualité nationale hors de nos frontières. Il sera question de la conférence interministérielle à Windhoek en Namibie, du sommet de la ligue arabe à Tunis entre autres. Il en profitera pour dénoncer certains rapports d’observateurs qui seraient en déphasage avec le contexte électoral.