Devenu une habitude chaque mois, le ministre des Affaires étrangères a tenu son traditionnel point de presse hier après-midi dans la salle de conférence de son ministère pour balayer l’actualité nationale et internationale. Il est revenu longuement sur la question de Mayotte et la recherche de solution pérenne.
Pour Souef Mohamed El-Amine, la question de Mayotte n’est pas celle du gouvernement mais de tout un peuple.
Mayotte est aujourd’hui une source de problème, d’insécurité pour le reste de l’archipel. Deux présidents sont assassinés, un autre déporté et tout a été ficelé à Mayotte sans oublier le séparatisme puisque Mohamed Bacar a été exfiltré de Ndzuani pour atterrir à Mayotte, a rappelé le chef de la diplomatie comorienne
qui estime que pour régler une bonne fois pour toute cette question, “il nous faut nous asseoir et discuter”.Souef Mohamed El-Amine a tenu à réaffirmer la fermeté de la position comorienne notamment sur la question des refoulements des autres Comoriens des trois iles.
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Il est vrai que nous devons continuer à discuter mais dans tous les cas, il ne peut y avoir de refoulés parce que les Comoriens sont chez eux à Mayotte, devait-il réaffirmer avec conviction.
Le chef de la diplomatie comorienne a confirmé l’arrivée d’un secrétaire d’Etat français, Jean Baptiste Lemoyne pour les négociations autour de cette question.
Négocier, avoir une position ferme
Cette arrivée a eu raison de la tenue de la rencontre de la commission mixte qui était prévue jeudi prochain. Souef expliquera que “le comité technique de la commission mixte qui devait se réunir le 12 avril est remis à plus tard. Il s’agit d’une réunion qui devait se tenir en mars mais la partie française avait demandé le report. On avait posé certaines questions à la France depuis décembre dernier et nous devions recevoir les réponses. Ce n’est pas fait et puis il y a Mayotte et l’arrivée de ce ministre français”.
S’il voit une affaire entre Mahorais et entre Mahorais et Français et qu’il estime que les démantèlements des réseaux des passeurs de Kwasa devraient se dérouler tout d’abord à Mayotte
là où il y a un comité d’accueil qui guide les arrivants afin de semer la police
le ministre comorien n’en oublie pas les intérêts nationaux sur cette question. Pour cela, Souef Mohamed El-Amine a confirmé une prochaine rencontre avec son homologue français, Jean Yves Le Drian pour notamment évoquer l’aspect juridique de la question mahoraise en plus des autres sujets à savoir les “décasages” et les refoulements.
Il a remercié chaleureusement les journalistes étrangers, “qui ont commencé à comprendre que cette crise est à mettre sur la responsabilité de la France” et les médias comoriens qui “ont largement accompagné le gouvernement sur cette question” sans oublier le rôle de la diaspora.
En remerciant tous ceux qui se sont mobilisés pour manifester leur soutien au gouvernement, il ne manquera pas de pointer du doigt “certains qui auraient dû prendre la parole mais qui ont préféré parler d’autres choses” en faisant allusion aux partis politiques de l’opposition.
Et à ce sujet, le ministre est revenu sur les récents propos des membres de l’Union de l’opposition qui font état d’une dictature mise en place, des droits et libertés bafoués et des projets de l’actuel régime dont la paternité reviendrait à l’ancien régime.
Lorsque le pays est confronté à une crise telle que celle-ci, c’est là qu’on voit les patriotes. Aujourd’hui, ils ont toute la latitude d’aller partout avec leur voiture parce que les routes sont là et l’électricité est également revenue. Il faut tout de même savoir que les hommes d’Etats ne sont pas ceux qui ont occupé des postes étatiques mais ceux qui ont marqué l’histoire. Alors que chacun fasse son bilan, dire ce qu’il a fait avant de pointer du doigt ce que l’autre n’a pas fait. La démocratie fonctionne et la preuve qu’on aime la démocratie, c’est le troisième tour des élections présidentielles, a dit Souef Mohamed El-Amine
en guise de réponse aux détracteurs du président Azali Assoumani. Au cours de ce rendez-vous avec la presse, le conférencier s’est également attardé sur les derniers déplacements effectués par le gouvernement à commencer par le Koweit, le Rwanda ou encore l’Afrique du Sud.