Le ministre des Affaires étrangères, Souef Mohamed El-Amine a reçu une délégation conduite par le secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Lemoyne. La visite officielle aura duré moins de 24 heures. Et elle aura, entre autres porté sur la situation qui prévaut dans l’île comorienne de Mayotte.
Les négociations, on les devine âpres. Souef Mohamed El-Amine, a en effet discuté en tête- à-tête, longuement avec Jean-Baptiste Lemoyne. Celui-ci par la suite a été reçu par le président de la République, dans un entretien qui durera tout autant. De ces entretiens, il n’en sortira rien ou pas grand-chose.
Nous avons amorcé un dialogue politique, des discussions franches et sincères ; le secrétaire d’Etat nous a transmis un certain nombre de messages émanant des autorités françaises, et nous allons nous donner le temps de réfléchir afin de les examiner, déclarera le chef de la diplomatie comorienne.
Il est prévu une rencontre entre le ministre des affaires étrangères comorien et son homologue français, Jean-Yves Ledrian. Elle aura lieu précisément le 19 avril prochain.
Concernant le contenu des discussions et les longues heures consacrées, Souef Mohamed El-Amine dira lors d’un point presse ayant eu lieu dans la soirée : “la question de Mayotte est un problème qui comporte beaucoup de paramètres et de ramifications, sur le plan juridique, historique, social, humain, il a fallu que nous nous donnions le temps à notre niveau pour examiner et échanger des informations, cela nous permettra dans les jours qui viennent de prendre les mesures qui s’imposent”.
Autre question cruciale, la situation des “refoulés”. A cela, le ministre des Affaires étrangères déclarera :
je vous parle d’une solution et nous avons amorcé le dialogue, nous avons dégagé un certain nombre de pistes par rapport à tous les problèmes qui se posent, qui nous concernent et qui nous lient avec les autorités françaises.
Pour ce qui est de la suspension de la délivrance des visas diplomatiques et de service, le ministre est resté ferme. “Pour nous c’est un non-événement” et il avouera que durant les discussions, cette question n’avait pas été abordée.
De là à parler d’un statuquo, il n’y a qu’un pas que Souef Mohamed El-Amine se gardera de franchir : “il n’y a pas de statuquo, nous comptons renforcer la coopération, il y aura des mesures concrètes qui seront annoncées dans les jours qui viennent”, a-t-il indiqué. ”L’émissaire français nous a fait part d’un certain nombre de messages, nous avons, nous aussi fait part de nos propositions et comme c’est évolutif, le discours sera plus clair dans une semaine”, a-t-il fait observer.
“Jamais le dialogue n’a été rompu”
Le secrétaire d’Etat, Jean Baptiste Lemoyne, dira que sa venue ici avait pour objectif “d’engager un processus et un dialogue ambitieux ; oui il y a eu des tensions liées aux conséquences de la situation qu’a connue Mayotte et donc des répercussions sur nos relations bilatérales. Je précise que dans tous ces événements que nous avons connus, jamais le dialogue n’a été rompu”.
Il poursuivra en disant “que nous avons l’intention de bâtir un compagnonnage, qui permette de répondre aux besoins des populations, aux urgences sanitaires, d’insertion des jeunesses, dans le cadre d’un Océan indien qui a de formidables atouts et aussi des défis à relever”.
L’émissaire français insistera sur le fait que le processus n’en soit qu’à ses débuts “nous sommes là pour mettre au point une méthode qui a commencé aujourd’hui avec ces entretiens préparatoires, ils vont se poursuivre dans une semaine lors de la rencontre entre les ministres des Affaires étrangères comoriens et français”. Il se fera plus précis en indiquant que le gouvernement français souhaitait "changer de méthodes, changer aussi de dimensions dans les actions de coopération que nous pouvons conduire pour pouvoir apporter enfin des réponses pérennes en lieu et place des solutions de rustine".
Pour ce qui est du statut de Mayotte, dont le ministre comorien au cours d’une interview accordée à Al-watwan, disait qu’il pouvait évoluer, à cela, Lemoyne préférera parler d’échanges de vues et indiquera “que la question du statut de Mayotte n’était pas à l’ordre du jour, la question du jour étant de savoir comment apporte-t-on des réponses très concrètes dans la vie quotidienne des populations des îles et comment la France et les Comores peuvent arriver à travailler ensemble”.
En un mot comme en mille, “réfléchir sur ce qui nous unit plutôt que de réfléchir sur ce qui nous divise”, conclura l’émissaire français. Souef Mohamed El-Amine réagira et dira : “nous avons hérité d’une situation qui n’est pas facile laquelle dure depuis 42 ans, il nous faut regarder l’avenir ; le processus que venons de mettre en place prendra le temps qu’il faudra, il y a des urgences, des solutions à moyen terme et à long terme”