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Spécial dialogue inter-comoriens I Les associations des maires pour un «débat de fond» sur le développement local

Spécial dialogue inter-comoriens I Les associations des maires pour un «débat de fond» sur le développement local

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Les maires élus en 2020 veulent faire entendre leurs voix par le biais de leurs bureaux insulaires. S’ils disent à adhérer à l’idée du dialogue national, ils estiment que celui-ci ne doit pas se focaliser seulement sur des questions politiques. Une thématique leur tient à cœur : le développement local. A cela s’ajoute «une clarification» sur les compétences des communes et les moyens à mettre à leur disposition pour répondre aux aspirations «du bas peuple».

 

Les maires élus ne souhaitent pas, cette fois, jouer les spectateurs et subir les politiques publiques engagées dans le pays et ils le font savoir. Le dialogue annoncé constitue, selon eux, «une aubaine» pour marquer leur statut d’élus locaux. Au cours d’entretiens séparés avec Al-watwan, les responsables des associations des maires disent adhérer «à 100%» à l’initiative du dialogue inter-comorien.


Seulement, ils veulent que les préoccupations des Comoriens soient inscrites à l’ordre du jour. «Nous sommes en contact direct avec les Comoriens. Nous leur devons des réponses à leurs soucis», explique le porte-parole du bureau de l’association des maires de Ndzuwani, le maire de Moya, Mohamed Abdou Nassim.

«Des armes sans munitions»

«Nous sommes la base, nous voulons bien prendre part à ce dialogue. Nous déplorons le manque de concertation car à ce jour, on ne nous a rien dit et nous estimons que nous avons de bonnes raisons à demander notre participation à ce dialogue. La commune, c’est la base de toute politique de développement», a renchéri le vice-président du bureau des maires de Ngazidja, assurant l’intérim de son président, Moindjié Msoili.


Les Comores ont mis en place les premières communes de leur histoire en 2015. Les premiers maires ont vu leurs mandats s’écouler sans même se faire une idée de leurs marges d’actions entre, d’une part le pouvoir central et les exécutifs insulaires, d’autre part. La loi de 2011 sur la décentralisation se limite à des généralités en précisant uniquement les modalités de l’élection des communes sans offrir à celles-ci des moyens d’action pour s’enraciner dans les différentes politiques de développement.


La constitution de 2018 précise, dans son article 110, que les communes «bénéficient des ressources dont elles peuvent disposer librement dans les conditions fixées par la loi». Mais la loi en question n’a jamais été entérinée. Les maires vivent sans des ressources suffisamment formalisées par un texte législatif. «On nous a donné des armes sans munitions», regrette Badrane Tchaké, maire de Mledjelé-Sud et président de l’association des maires de Mwali.


A l’appel du dialogue national, les responsables y voient une opportunité pour accompagner les autorités à poursuivre les chantiers de développement. «Je crois que les Comoriens pensent la même chose. Mais ils ont du mal à se parler», argumente le maire de Moya pour qui «le dialogue a été toujours quelques chose de bon dans un pays qui aspire aller de l’avant». L’élu reconnait pour autant que des réformes sont nécessaires pour impulser une transformation profonde de la société.


«Il y a des gens qui évoquent un problème de système, d’accord. Mais que faire? Ceux qui critiquent, eh bien, c’est l’occasion pour faire valoir leurs idées», souligne-t-il. «Le dialogue est une arme forte pour défendre des idées et faire passer des messages. Les communes de Mwali seront de la partie même si jusqu’à alors, nous n’avons pas encore eu d’informations sur le format et la manière dont les discussions vont être organisées», soutien, de son côté, son collègue de l’île de Mwali.

«A la base du développement»

Les maires élus en 2020 veulent bien faire entendre leurs voix par le biais de leurs bureaux insulaires. S’ils disent adhérer à l’idée du dialogue national, ils estiment que celui-ci ne doit pas se focaliser seulement sur des questions politiques. Une thématique leur tient à cœur : le développement local. A cela s’ajoute «une clarification» sur les compétences des communes et les moyens à mettre à leur disposition pour répondre aux aspirations «du bas peuple».


Pour les responsables, les communes sont des institutions de l’Etat et doivent être reconnues comme telles. «Il y a le pouvoir exécutif, il y a les député, les gouverneurs. Les maires font partie des institutions. Nous devons avoir notre place dans le débat national», renchérit Badrane Tchaké qui déplore «le manque d’accompagnement de l’Etat», déplorant l’irrégularité de versement des 5 millions de francs destinés au fonctionnement annuel de chaque commune. «C’est un dialogue politique, il faut que tous les politiques soient là, il ne faut pas trop technocratiser le dialogue. Nous sollicitons la présence de tous les hommes politiques», ajoute Moindjié Msoili.


Les maires disent être pour un «débat de fond sur le développement local», estimant que cette question n’a jamais fait l’objet de discussions formelles. «Il faut renforcer la politique de décentralisation. Les communes sont à la base du développement. Je crois que le dialogue nous permettra de poser le débat sur le développement de nos communes, poser les vrais problèmes en matière d’eau, de gestion de déchets et bien d’autres choses», ajoute le maire de Moya.


«Nous sommes animés de bonne foi, le dialogue vise à corriger des choses et à poser l’avenir, nous devons poser les vrais problèmes. Nous sommes les gardiens de l’Etat. Nous demandons des solutions concrètes car c’est nous qui sommes les plus près des citoyens», souligne encore Moindjié Msoili.

Des jeunes se mobilisent…

Des jeunes de différentes régions se mobilisent et annoncent leur souhait de prendre part au dialogue national. Des rencontres ont eu lieu la semaine dernière à Fomboni à Mwali, Vuvuni ya Bambao et Mitsamihuli.

A les entendre, «le dialogue demeure la seule alternative pour mettre à table les sujets qui préoccupent les Comoriens». A ce jour, on ignore le nombre d’associations ou d’organisations non gouvernementales (Ong), membres de la société civile approchées par la coordination nationale. Des groupements et des réseaux de jeunes ont exprimé leur volonté de prendre part au dialogue national.

A.S. Kemba

 

 

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