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Spécial dialogue inter-comoriens I Les premières consultations ont été officiellement lancées hier

Spécial dialogue inter-comoriens I Les premières consultations ont été officiellement lancées hier

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La coordination nationale s’apprête à aller à la rencontre des parties prenantes pour un «travail préliminaire de sensibilisation» qui doit aboutir, selon elle, à la formalisation, dans six semaines, du cadre définitif des futures discussions. Dans cette phase il s’agira de recueillir les avis de tous, d’identifier les participants, mobiliser l’expertise nécessaire et préparer les textes devant faire l’objet des discussions préalables lors de la première phase du dialogue dont l’ouverture officielle est prévue le 28 février prochain.

 

Les premières consultations nationales ont été officiellement lancées hier par la coordination en charge du dialogue inter-comoriens. Un déplacement à Mwali a été mis en veilleuse avant d’être annoncé pour demain. Le compte à rebours semble donc lancé. Au quartier général de la coordination, les choses semblent prendre une allure inattendue mais «maîtrisée», d’après nos informations.


«Nous avons démarré les consultations formelles aujourd’hui (hier, ndlr). Nous venons d’ailleurs de recevoir en ce moment même le Pasoco. Nous allons recevoir d’autres responsables les prochains jours. Nous continuerons à rencontrer tout le monde. Il y a eu des échanges informels ces dernières semaines. Cette fois, nous voulons les affiner», indique notre source.


La coordination nationale s’apprête, donc, à aller à la rencontre de l’ensemble des parties prenantes pour un «travail préliminaire de sensibilisation» qui doit aboutir, selon elle, à la formalisation, dans six semaines, du cadre définitif des futures discussions. Des tournées dans les îles permettront de mesurer le niveau d’appropriation du dialogue par les acteurs concernés.


Dans cette phase technique préliminaire, il est notamment question de recueillir les avis des uns et des autres, identifier les participants, mobiliser l’expertise nécessaire et préparer les textes devant faire l’objet de discussions préalables lors de la première phase du dialogue dont l’ouverture officielle est prévue le 28 février prochain.

A chaque rencontre son esprit

A première vue, le dialogue inter-comorien diffère bien de la conférence nationale de 1992 «sur la crise post-électorale de l’année 1990», organisée au lendemain de la réconciliation entre Said Mohamed Djohar et Mohamed Taki Abdoulkarim. A l’évidence, ce nouveau round politique ne peut pas non plus être assimilé aux discussions d’Addis-Abeba de 1998 et celles d’Antananarivo en 1999 «sur la double crise, séparatiste et institutionnelle».


La table ronde n’aura pas la même forme et la même allure que les pourparlers de Fomboni de 2001 «sur la réconciliation nationale» ou encore les tractations nées après les désaccords «sur le partage des compétences entre l’Union et les îles» et qui ont abouti à la signature des accords de Beit-Salam de 2003.
Le dialogue est loin également, selon certains, de refléter, sur le fond et dans la forme, l’esprit des Assises nationales de 2018 axées particulièrement sur «le bilan des 43 ans d’ indépendance».


Si bien que si l’ombre des élections de mars 2019 plane toujours dans l’esprit des opposants, le pouvoir, de son côté, insiste sur le fait que le pays «n’est pas victime d’une quelconque rupture de l’ordre constitutionnel ou d’une crise ouverte» bloquant le fonctionnement régulier des institutions comme ce fut dans les cas cités qui se sont tous soldés par la rédaction d’une nouvelle constitution ou une réécriture de celle-ci.


Pour le coordinateur, le dialogue vise à créer les conditions «d’un apaisement et d’une stabilité politiques» indispensables à la tenue, dans des formes républicaines, des futures échéances électorales. Les consultations annoncées consistent, selon lui, à obtenir de façon consensuelle le cadre politique adéquat pour organiser un processus électoral dans des conditions apaisées en 2024.

Le cadre des élections

Parmi les trois points clés à débat, figure la mise en place de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) dont deux membres devraient être issus du groupe parlementaire de l’opposition, d’après l’article 44 de la loi N°14-004/Au du 12 avril 2014 relative au code électoral en vigueur. Il y a aussi la loi N°13-010/Au du 21 juillet 2013 sur les partis politiques qui a montré ses limites tenant compte de la sociologie politique du pays. Enfin, le statut du chef de l’opposition consacré par l’article 36 de la nouvelle constitution adoptée en juillet 2018.


Le dialogue se focalisera d’abord sur une révision et un dépoussiérage du cadre législatif et règlementaire relatif aux élections, ensuite, le renforcement de la stabilité et la cohésion sociale par une amélioration de la gouvernance politico-institutionnelle. Et enfin les grandes préoccupations socio-économiques vivement recommandées par les responsables des bureaux des associations des maires des îles.«Le dialogue consiste à renforcer la stabilité, promouvoir la cohésion, améliorer le cadre institutionnel existant et ressortir des recommandations sur la situation socio-économique du pays», dira Mohamed Toihir.

«Légitimer» avant de «valider»

La rencontre sera dominée par des travaux techniques d’élaboration des textes législatifs sous forme «d’avant-projets de lois» grâce à l’appui de consultants qui seront mobilisés à cet effet. Un travail en amont permettra de légitimer les conclusions provisoires avant leur validation par l’ensemble des parties prenantes à l’occasion de séances plénières prévues du 1er au 20 mars 2022.A priori, le travail des consultants sera d’abord presenté aux délégués des partis politiques et de la société civile présents aux débats internes avant d’être soumis et validés par les parties prenantes lors des deux grandes plénières prévues les 14 et 15 mars.


«Notre premier défi est de faire partager cette initiative nationale avec toutes les tendances. Nous avons adopté une démarche participative pour permettre à tout le monde de se sentir concerné par le dialogue. Nous ferons le tour du pays, nous allons sillonner les régions, rencontré des responsables à tous les niveaux. Ce sera l’objet de ces premières consultations nationales», a conclu Mohamed Toihir.

7 thématiques provisoires dévoilées

La coordination nationale a dévoilé 7 thématiques provisoires à l’occasion de sa première conférence de presse, lundi. Le premier thème est «Les textes législatifs et règlementaires concernant les échéances électorales de 2024», le second, «La réforme de la Ceni», le troisième «La révision du code électoral», le quatrième, «La mise en place de la loi sur les partis politiques», le cinquième «La place et le rôle de l’opposition dans la gestion du pays», le sixième «La moralisation de la vie publique, paix, sécurité et stabilité» et le dernier «Les questions économiques et sociales».Elle a fait savoir que les parties concernées ont la latitude de faire des propositions de nature à enrichir les thématiques communiquées à la presse.

 

A.S. Kemba

 

 

 

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