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Spécial dialogue inter-comoriens I «Nous ne pouvons pas cautionner une réunion entre amis»

Spécial dialogue inter-comoriens I «Nous ne pouvons pas cautionner une réunion entre amis»

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L’ancien ministre et membre de l’opposition estime que le dialogue et ses conclusions «risquent de créer des fractures» sur le long terme et rappelle que la position des mouvements de l’opposition «n’a pas changé d’un iota». Pour autant, Mohamed Abdou Soimadou croit savoir que tout n’est pas perdu : «Il suffit que le pouvoir crée les conditions à notre participation à ce dialogue».

 

Le Front commun des forces vives, principale organisation de l’opposition, sort encore une fois hors de ses gongs au sujet du dialogue inter-comorien. L’ancien ministre Mohamed Abdou Soimadou à exprimé sa «désolation» une semaine après le lancement officiel des consultations nationales à Mwali. Pour lui, «le dialogue n’est ni plus ni moins qu’une réunion entre amis» à laquelle l’opposition au pouvoir ne peut accorder aucun crédit. «Nous ne pouvons pas cautionner une réunion entre amis», a-t-il résumé lors d’un entretien, hier, au téléphone. «Qu’on se dise la vérité : s’agit-il vraiment d’un dialogue qui consiste à poser les vrais problèmes du pays ou une simple réunion dont les conclusions et les recommandations seront seulement soumises à l’appréciation d’Azali Assoumani», s’est-il demandé.


«Il y a des enjeux énormes. Nous sommes convaincus que le dialogue ne posera pas les vrais problèmes», a-t-il enchaîné. Parmi ces «vrais problèmes», Mohamed Abdou Soimadou soulève «la problématique de l’Etat de droit» ou encore «un régime présidentiel qui étouffe les libertés démocratiques et qui ne permet pas à la démocratie de fonctionner comme cela se doit». Pour lui, la question de la Ceni ou du découpage électoral «ne sont qu’une infime partie des grandes préoccupations de la population». Rappelant «le malaise des Comoriens» et «leur méfiance vis-à-vis de l’institution judiciaire», Mohamed Abdou Soimadou estime que le pays doit «se donner les moyens politiques pour moraliser la vie politique et non à entretenir des divisions entre les différents mouvements et organisations de la société».

«Vous avez dit «inclusives»?

Ancien directeur de cabinet de l’ancien président Mohamed Taki Abdoulkarim (1996-1998), Mohamed Abdou Soimadou considère que «les tables rondes et les conférences nationales ont toujours été inclusives» car, dit-il, «toutes les parties prenantes se sont réunies pour décider du nom de la personne qui dirigera les travaux» et que les conclusions n’étaient pas soumises à un quelconque protocole. «Les recommandations ont été immédiatement appliquées. Sera-t-il le cas pour ce dialogue, y-a-t-il des garanties de faire respecter les recommandations à la lettre? Je ne crois pas».


Selon l’ancien ministre, le dialogue et ses conclusions «risquent de créer des fractures» sur le long terme et rappelle que la position de l’opposition «n’a pas changé d’un iota». Pour autant, Mohamed Abdou Soimadou croit savoir que tout n’est pas perdu. A la question de savoir comment amener l’opposition à prendre part au dialogue, il a répondu : «Il suffit que le pouvoir crée les conditions à notre participation à ce dialogue, c’est tout».


Le porte-parole du Front commun, Ibrahim Abdourazakou (Razida) reste sur cette même ligne, ajoutant que l’opposition serait toujours disposée à participer au dialogue si les conditions sont réunies. «Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Sauf que jusqu’à ce jour, nous constatons un forcing. On ne peut pas parler de dialogue véritablement inclusif en l’absence de l’opposition», devait-il conclure.


Outre la mise en place d’une «instance neutre» pour diriger le dialogue, l’opposition demande, entre autres conditions, «la libération des détenus politiques, le retour des exilés politiques et l’instauration d’un climat apaisé par le rétablissement des droits et libertés publics», d’après un communiqué en date du 4 décembre.

A.S. Kemba

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