Entre 2016 et 2018, c’est un vent nouveau qui souffle dans le pays. L’émergence, comme modèle, est en train de gagner presque tous les secteurs. Sur le plan politique et institutionnel, outre l’appropriation de ce concept, les autorités sont en train de l’imprimer sur l’ensemble du territoire national. C’est pourquoi, entre 2016 et 2018, l’Etat a pu mobiliser plus de 5 milliards de francs comoriens pour la construction des communes, principaux leviers du développement socio-économique de base. Le but est de partager ce concept d’émergence partout. Les textes régissant les communes sont presque terminés, des nouvelles préfectures seront ouvertes pour faire vulgariser ce concept et partager sa pertinence en tant que principale voie par excellence pour conduire le pays vers le progrès.
Toujours sur le plan politique et institutionnel, ces deux années ont été marquées par une affirmation de l’Etat désormais maître du destin de sa propre population. L’Etat est intervenu pour soulager les citoyens en réduisant de 20% les prix des produits pétroliers (pétrole, essence, gasoil), 15% au niveau du riz ordinaire, 34% des coûts des transports en commun, 50% du coût du pèlerinage en 2017 particulièrement et déduction de 50% des frais d’inscription à l’Université des Comores, suivi de la régularité des salaires. Tout cela sans apport extérieur. Ceci a permis d’affirmer l’autorité de l’Etat et renforcer sa crédibilité auprès de ses citoyens et de ses partenaires bi et multilatéraux.
Une croissance qui passe de 2,5 à 3,3%
Côté diplomatie, l’Etat est en train d’élargir le cercle de ses partenaires en renforçant aussi sa coopération avec les pays traditionnels avec l’ouverture des ambassades (Maurice, Maroc, Kenya) et des commissions mixtes avec le Sénégal, la Côte d’Ivoire, la Tanzanie et les Emirats-arabes unis, entre autres. Mais le point saillant de cette diplomatie offensive est la question de Mayotte avec, pour la première fois, son inscription dans le préambule du projet de la nouvelle constitution. Côté économique, ces deux années brillent par une amélioration positive de la croissance qui passe de 2,5 à 3,3% avec des prévisions de 3,7% à la fin du premier trimestre 2018. Cette reprise de la croissance, on la doit à la stabilité énergétique retrouvée (lire ci-dessous), aux investissements publics, à la régularité des salaires (avec une hausse de la consommation intérieure) et au renforcement de la compétitivité des produits à l’exportation, la vanille en particulier qui a connu une embellie particulière marquée par une hausse de sa valeur. Une stratégie nationale sur l’économie numérique est élaborée.
L’État a mobilisé environ 7 milliards de francs pour la réhabilitation et la construction d’une dizaine de bâtiments administratifs pour améliorer le confort et le cadre de travail dans les administrations. Des nouvelles sociétés, agences et structures ont été créées comme l’Agence nationale de conception et d’exécution des projets (Anacep) ou l’Agence nationale de Coopération internationale. D’autres sont en cours de création comme l’Agence nationale des médicaments et évacuations sanitaires (Anamev opérationnelle) ou le Service des Inspections de l’État (processus en cours) dans le but d’améliorer et renforcer les capacités techniques des Administrations publiques.
Les grands axes de développement
L’autre grand chantier est l’élaboration d’un plan de développement quinquennal (Piq 2016-221) et qui dégage les grands axes de développement devant aider la population à sortir de l’ornière. Un fonds national d’investissement est crée. Des grands projets d’infrastructures dans les secteurs des Transports, du Tourisme et de l’Hôtellerie ont été finalisés avec des groupes de renommée mondiale. Comme le groupe Armada pour la construction du complexe hôtelier sur les sites de Maloudja et de Galawa, le cabinet GLB pour la construction d’un complexe hôtelier à Ndroudé au nord de Ngazidja ou encore avec le Groupe Vigor qui a signé 5 contrats et mémorandums avec des opérateurs étrangers avec la rénovation en cours de l’ancien hôtel Itsandra à Ngazidja et de l’hôtel Al Amal à Ndzuani, l’inauguration prévue en ce mois de juillet pour l’ancien hôtel Itsandra qui se nomme désormais Golden Tulip, et la construction d’un centre commercial au centre de Moroni.
Le gouvernement, sous les hautes directives du chef de l’Etat, a mobilisé d’autres partenaires dans ces secteurs comme le Mcp group holding pour un projet de construction d’un complexe hôtelier à Nyumachuwa à Mwali, le Groupe GYZ pour un projet de construction d’un centre commercial à la Corniche de Moroni. Déjà le Croissant Rouge émirati a démarré la construction d’un hôtel à Vanamboini à Ngazidja. Le Groupe CIOA est porteur d’un projet de création d’une Centrale d’achat et d’une zone d’activités économiques.
60 milliards de fc pour d’importants chantiers
La stabilité énergétique demeure l’un des principaux acquis de ces deux années de pouvoir. Outre la stabilité énergétique retrouvée avec son impact positif sur les petites et moyennes entreprises (Pme), la relance et la diversification des activités économiques de base, le pays a mobilisé 60 milliards de francs pour soutenir d’importants chantiers dans le secteur énergétique. Il s’agit de la création et de la réhabilitation de nouvelles centrales thermiques au niveau des trois îles (11 milliards), de la réhabilitation de centrales hydroélectriques à Ndzuani et Mwali (1,3 milliard de francs : appel d’offres lancé). Et de la construction de centrales solaires au niveau des trois îles (23 milliards de francs : protocoles signés).
Le gouvernement s’est fixé comme objectif d’atteindre 60 mégawatts d’ici quatre ans. C’est pourquoi les investissements ont été étendus à la réhabilitation des réseaux électriques au niveau des trois îles (1 milliard de francs : appel d’offres), le développement de la géothermie à Ngazidja (20 milliards de francs : projet soumis en conseil des ministres), l’élaboration du schéma directeur de l’énergie (1 milliard de francs : document final remis) et la réalisation de l’étude tarifaire et cadre légal (250 millions de francs).
Six projets communautaires d’adduction d’eau
Au niveau de l’eau, des études de consolidation de 6 projets communautaires d’adduction d’eau ont été engagées. Il s’agit des projets d’adduction d’eau de Hambou (Mitsoudjé-Chouani-Bangoi) Mitsamihuli (13 villages), de Mbadjini-Ngouwengwé, de Bambao (Iconi-Mbachilé), de la région de Washili et de Hamahamet. D’autres études ont été réalisées au niveau du projet de réhabilitation du réseau d’adduction d’eau de Moroni. Le financement est acquis (Fonds saoudien : 2,5 milliards de francs comoriens). Le gouvernement a, par ailleurs, commandé des études d’adduction d’eau dans l’agglomération nord de Moroni (Fonds arabe de développement, Fades).
Au cours de ces deux dernières années, le gouvernement a élaboré le Schéma directeur national d’adduction d’eau au niveau des trois îles, la soumission au Conseil d’administration du Fonds vert du projet de «Renforcement du stockage et mobilisation de l’eau potable et d’irrigation» au profit de 60% de la population et pour un budget d’environ 18 milliards de francs comoriens et la réalisation de 4 forages et agrandissement de 2 puits en Grande-Comores.
Plus de 100 milliards de francs comoriens ont été mobilisés dans les secteurs des Télécommunications et des Nouvelles technologies avec l’idée d’amorcer une diversification des activités dans ce secteur qui concentre les emplois d’avenir. Des grandes compagnies desservent le ciel comorien avec les retombées en termes de connectivité rapide, de réduction des frais des transports et des emplois potentiels. L’ensemble des actions visent, selon ce document-bilan, à redynamiser les secteurs porteurs de croissance et à offrir aux pays les fondamentaux nécessaires à son développement réel.
S. A. Kemba
2017, année des routes
Un objectif réussi à 55% en deux ans
Plus de 500 km de routes réhabilitées ou en cours de réhabilitation entre 2016 et 2018 sur l’ensemble des îles. Il s’agit de 200 km de routes circulaires au niveau des trois îles, de 50 km de voiries urbaines (Mutsamudu, Fomboni, Moroni, Domoni) programmées pour 2018 et dont le financement est déjà acquis, de 150 km de routes secondaires programmées pour 2018 au niveau des trois îles. Et 100 km de routes dont les études sont presque terminées. Le gouvernement poursuit son plan de réhabilitation des RN 1 et 2. C’est le cas des routes Hahaya-Galawa (20 km, travaux en cours), de la route Dindri-Lingoni (10 km, travaux en cours), de la route Ikoni-Moindzaza Mboini (5 km, travaux en cours), de la route Wanani-Nyumachuwa : 17 km (bailleur : Chine, études finalisées), et de la route Mutsamudu-Sima (30 km) avec l’appui du Fonds saoudien.