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Mdahoma Mohamed Salim, Chargé de communication de la Direction générale de la sécurité civile
“La situation qui prévaut sur notre île sœur, Mayotte, est à la fois préoccupante et désolante. Mayotte étant Comorienne on a tous, chacun de nous, de la famille, un(e) ami(e) de l’autre côté de l’archipel et on ne peut pas ne pas être préoccupé par une telle situation aux conséquences ô combien dramatiques pour nos familles, mais aussi pour notre pays. Ce qui se passe à Mayotte, résulte de l’échec des politiques engagées par nos gouvernants qui n’ont pas toujours fait preuve de responsabilité et de patriotisme dans la résolution de ce différend qui nous oppose à cette ancienne puissance coloniale qu’est la France. Il est vrai, comme l’a souligné le ministre des Affaires étrangères, que “ce qui se passe à Mayotte prouve l’échec de la France”. Toujours est-il que le gouvernement actuel doit se montrer à la hauteur.
La décision de ne pas accepter des citoyens comoriens refoulés de Mayotte ne doit pas s’apparenter à une simple mesure d’urgence. Elle doit être vectrice d’une solution pérenne. Le gouvernement doit en cela sévir et ne pas plier face à la pression de la puissance française. Le gouvernement doit oser porter le débat jusqu’à l’Assemblée générale des Nations unies, en septembre prochain. Faire comprendre à la France que le temps du “Haut conseil paritaire” et autres “Commission mixte” est révolu, pour l’obliger enfin à établir un dialogue franc et sincère. Parce qu’à ce jeu-là, c’est la France qui en sort gagnante. Elle a largement le temps de s’ancrer confortablement sur l’île. Si on avait auparavant fait preuve d’autant de rigueur, on n’en serait pas là aujourd’hui.”
Attoumani Naila, étudiante en master de Mathématiques appliquées et Sciences sociales à l’Université d’Aix Marseille
“Par rapport au discours du ministre des Affaires étrangères qui demande à la France de “vider les lieux et rendre les clés”, je crois que c’est la meilleure chose que j’ai pu entendre venant du gouvernement comorien depuis des lustres. En effet, ayant participé à plusieurs réunions et conférences concernant la question de l’occupation illégale de Mayotte, je me réjouis de voir que notre gouvernement décide enfin d’agir.
Le fait que le gouvernement ait interdit le transport de citoyens comoriens expulsés de Mayotte vers ses îles sœurs, c’est aussi une bonne résolution. Tous les Comoriens sont chez eux peu importe l’île de l’archipel. Ils ne doivent pas être expulsés de chez eux. Ils sont chez eux à Mayotte. S’ils veulent rentrer à Ngazidja, Ndzuani ou Mwali, cela ne doit pas se faire sous la contrainte.”
Mouslim Abdou, professeur d’arabe
“Je salue la décision du gouvernement. Mayotte fait partie intégrante des îles Comores. Accepter que des Comoriens y soient expulsés, revient à abdiquer, à abandonner l’île à la France. Or, nous disons combattre pour le retour de Mayotte. Le fait que le gouvernement interdise aujourd’hui aux compagnies aériennes et maritimes d’embarquer des Comoriens refoulés de Mayotte vers les autres îles prouve qu’il est, cette fois-ci, prêt à livrer combat. La France peut, comme la dernière fois, suspendre la délivrance des visas. Ce qui nous importe, c’est le retour de l’île. Et nous ne cesserons jamais de la revendiquer.”
Mohamed Abasse Mhadjou, citoyen
“Mayotte est aujourd’hui une poudrière. La France est responsable de cette situation. Comment voulez-vous qu’un enfant dont on a enlevé les parents grandisse autrement que dans la délinquance ?
L’État comorien à aussi une part de responsabilité. Aucun président ne s’est jusqu’ici préoccupé de la question de l’île comorienne de Mayotte. Aucun président n’a revendiqué avec fermeté Mayotte du haut de la tribune des Nations unies. Nos dirigeants se contentent de discours oiseux.
La décision de ne pas accueillir des citoyens comoriens expulsés de Mayotte est pleine d’autorité. Mais le gouvernement ne doit pas s’arrêter là. Il doit aller encore plus loin, rappeler l’ambassadeur des Comores auprès de la France et l’ensemble du corps diplomatique. Si la France fait de même pour son ambassadrice aux Comores, tant mieux. C’est cela “vider les lieux et remettre les clés”, rompre les relations diplomatiques.”