La suspension des visas ordinaires, après les visas diplomatiques et officiels, n’est certainement pas la réponse à laquelle s’attendait le ministre des Affaires étrangères, Souef Mohamed El-Amine, au moment où des négociations sont engagées pour trouver une issue au “bras de fer” (et tant pis s’il n’aime pas l’expression) qui oppose les Comores à la France au sujet de l’île comorienne de Mayotte. Ou disons que “ce n’est pas une réponse”, tout court. Il l’aura tant répété, et l’a répété encore hier mercredi, lors de la conférence de presse donnée dans l’après-midi à son ministère : la suspension des visas est un “non-événement”. Autrement dit, la force n’est pas la voie des plus appropriées pour résoudre ce contentieux vieux de 42 ans. Car, “nous ne céderons pas à la pression. La solution repose sur le dialogue”.
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Ce que feint de ne pas entendre la partie française. Au lieu de donner des “réponses claires” aux propositions de la partie comorienne, au sujet de Mayotte, elle déplace le problème sur le terrain de la coopération bilatérale, fixant de surcroit un ultimatum (expiré le 4 mai dernier) sur la levée de la note du 21 mars interdisant les refoulements des citoyens comoriens de “leur” île de Mayotte. La délivrance de tous les visas demandés par les ressortissants comoriens a ainsi été suspendue jusqu’à nouvel ordre, à compter du 04 mai dernier. À ce jeu-là, l’on n’est pas prêt de trouver de sitôt une solution. D’autant que la partie comorienne a décidé, en réponse (si c’en est vraiment une), de suspendre jusqu’aux refoulements volontaires et, cela va de soi, les mesures d’accompagnement auparavant exigées.
Cinq milles mineurs isolés, qui ont grandi dans la délinquance, parce que privés de leur droit à l’éducation. C’est ce fardeau-là que la France veut nous imposer. Mais cela, nous n’allons pas l’accepter”, déclare Souef Mohamed El-Amine.
À l’en croire, en suspendant les visas ordinaires, la France ne fait que retourner l’arme contre elle-même, puisque 80% des demandeurs de visas sont des binationaux. C’est-à-dire des citoyens français qui votent, paient des taxes et impôts. “Il leur appartient de réclamer leurs droits”, dit-il. Le reste des demandes provient des étudiants.
Sur ce cas, dit-il, “la nature a horreur du vide. S’ils ne peuvent pas aller en France, ils iront ailleurs”. Et tant pis pour le rayonnement de la France ! Tout comme les commerçants où les gens qui y vont pour se faire soigner iront en Chine, en Inde ou en Tanzanie. Le manque à gagner est énorme, en y ajoutant les pertes des compagnies aériennes telles qu’Ewa, Kenya Airways et autres Air Austral affiliées à des compagnies françaises, ainsi que les millions que la France récolte sur les demandes de visa, dont seulement une maigre partie reçoit une réponse favorable.
Souef Mohamed El-Amine dit ne pas être surpris autant que ca par la réaction de la France. “C’est le lot des petits pays. On n’écrase que celui à sa portée”, déclare-t-il. Il laisse entendre que s’ils se taisent ce n’est pas parce qu’ils n’ont rien à dire, mais “nous avons envisagé un certain nombre de mesures. Nous allons réagir au moment opportun, mais de manière civilisée”.