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Tension au sein du Radhi : Aboudou Soefo s’insurge contre «l’autre camp»

Tension au sein du Radhi : Aboudou Soefo s’insurge contre «l’autre camp»

Politique | -   Abdallah Mzembaba

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Ce n’est un secret pour personne et malgré l’unité affichée à l’issue du congrès du Radhi début avril dernier, le parti de Houmed Msaidié enchaine crise sur crise. Après la démission de son ancien président, Abidhar Abdallah, la désertion de certains membres du parti en sa section française, voici venu le tour de l’officialisation de la tension qui règne entre «les deux camps» de cette formation politique. L’un est fidèle à Houmed Msaidié tandis que l’autre est incarné par Aboudou Soefo. Le second accuse le premier de faire du parti sa chose en veillant à se «l’approprier et le personnaliser».

 

Dans une publication faite sur le réseau social Facebook, Aboudou Soefo, membre fondateur du Radhi, est revenu sur une réunion tenue à Mbeni le dimanche 3 juin par «certains militants» de son parti. A l’en croire «certains militants n’ayant pas été conviés (à la réunion, Ndlr) vont jusqu’à réclamer des sanctions contre d’autres dirigeants ayant participé à cette rencontre».

Mais le post d’Aboudou Soefo semble dénoncer un mal encore plus profond caractérisé par des divergences d’opinions qui ont, et il faut le dire, tendance à accompagner le Radhi depuis un certain temps. Cette fois, l’objet de la discorde est donc une réunion «sélective» tenue à Mbeni en présence d’un média où Aboudou Soefo, qui nous a accordé un entretien, et les participants à ladite réunion s’étaient livrés «à un échange entre nous sur la situation dans le parti sous le prisme de la conjoncture que connait le pays». Jusque-là «on n’a pas engagé le Radhi par une déclaration quelconque à la presse».

Divergences

L’ancien ministre des Affaires étrangères explique qu’il ne s’agit pas de la première fois qu’une telle réunion ait lieu, citant en exemple une rencontre tenue en mai dernier à Tsinimwashongo entre «le secrétaire général, Houmed Msaidié, et certains militants de la région de Nguwongwe qu’il juge proches de lui et ce, avec la présence de Radio Kaz».

Et si ladite réunion fait autant «jaser», c’est parce que «nous autres, Mohamed Kamar Ezamane et moi, ne sont plus des dirigeants reconnus par le parti pour parler en son nom», dit-il en citant Houmed Msaidié. Une déclaration qui montre la volonté du patron du Radhi de «s’approprier et personnaliser notre parti» alors même que «nombre parmi les initiés en politique national vont même jusqu’à parler de co-leader du parti Radhi» puisque son «courant aligne dans ses rangs des élus».


Pour Aboudou Soefo «les divergences qui sévissent dans le Radhi tiennent moins de notre positionnement tactico-stratégique vis-à-vis du pouvoir que de la manière dont Houmed Msaidié et son bureau le décryptent en direction du pouvoir et sa Mouvance». Si Aboudou Soefo n’écarte pas l’idée de se rapprocher du pouvoir, rappelant qu’il a été le premier à y militer dès l’arrivée d’Azali à la tête du pays, il milite cependant «en faveur d’une démarche transparente là-dessus. Je suis plus favorable à une démarche d’alliance avec la mouvance présidentielle plutôt que d’appartenance».

A savoir où se situe la différence, «elle est dans ma volonté à maîtriser les limites à ne pas dépasser dans ce partenariat». Mais la façon dont ça a été faite «relève plus d’un tour de passe-passe digne d’un mag (Sic)». A la question de savoir s’il pèse toujours au sein du Radhi et si une partie des militants est marginalisée, Aboudou Soefo déclare «je pèse au sein de mon parti. Je dirais qu’il y a plutôt une volonté de marginaliser. Mais il y a un rapport de forces qui oblige les autres à négocier leur vouloir. Ne pas être dans une structure n’enlève en rien à un dirigeant du parti de l’être. Que nos amis d’en face accèdent aux vertus du partage au détriment du monopole».

«Volonté de marginaliser»

L’idée de quitter le parti n’est donc pas envisagée, «je suis membre fondateur du Radhi et je ne le quitterai pas quelles que soient les provocations de mes contradicteurs internes». Pour Aboudou Soefo, Msaidié peut «continuer à ne faire qu’à sa tête. Shawiri la mwinyi kishwa disent les Swahilis». «Mambo bado», pourrait-on alors rajouter. Joint au téléphone, Houmed Msaidié a dit ne pas vouloir réagir, hier. Une conférence de presse est prévue ce matin au siège du parti. Probablement l’occasion de réagir aux propos d’Aboudou Soefo.



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