La pandémie de Covid-19 bouleverse le monde. Elle rappelle que la mondialisation est aussi celle des risques épidémiques. Elle rappelle surtout combien la santé est un bien précieux qui conditionne notre avenir.
Comme toutes les grandes puissances, l’Union européenne(UE), première puissance commerciale du monde, est sévèrement atteinte. Les îles de l’Indianocéanie sont, quant à elles, particulièrement vulnérables. Partout les systèmes de santé sont sous pression. Partout la question de l’après-Covid se pose.
La seule réponse qui vaille est celle de la solidarité, de la transparence, de la coopération. En bref, celle de partenariats confiants. La Commission de l’océan Indien (COI) et l’Union européenne (UE) travaillent ensemble depuis plus de 35 ans en faveur du développement durable de la région. Dans ce contexte de crise, notre partenariat doit démontrer son utilité concrète pour relever les défis posés par cette crise mondiale.
Aujourd’hui, près de la moitié de l’humanité est confinée. La majorité des industries et des services sont à l’arrêt. La croissance mondiale plonge. Les conséquences économiques engendreront un fardeau social préoccupant. C’est pourquoi il est nécessaire, urgent, de penser la relance.
Le rôle du secteur privé est essentiel. Le soutien à apporter, pour préserver l’emploi et le tissu socioéconomique, doit nécessairement prendre en compte les petites et moyennes entreprises (PME), les femmes entrepreneures et les jeunes, tous particulièrement vulnérables à l’impact de l’épidémie.
C’est dans ce sens que l’UE et la COI entendent participer aux efforts de relance. En ciblant le tissu entrepreneurial des Etats membres de la COI, notre action commune visera à répondre aux difficultés des PME et entrepreneur(e)s accentuées à cause de la pandémie. Elle visera aussi à promouvoir l’innovation, la création d’emplois et de richesses, à soutenir les capacités d’opération à l’échelle régionale voire internationale, à améliorer leur compétitivité et ce, sous le prisme d’un développement authentiquement durable, responsable et résilient.
La Délégation de l’UE et le Secrétariat général de la COI ont donc décidé d’avancer rapidement dans la mise en œuvre effective du projet « Entrepreneuriat et coopération commerciale pour la région océan Indien » signé en mars dernier en marge du 34e Conseil des ministres de la COI. Cet engagement dit notre volonté d’orienter nos actions en appui aux Etats membres de la COI dans cette période troublée.
Nous allons soutenir en particulier, notamment à travers une facilité de crédit, les PME dirigées par des femmes et des jeunes, celles qui proposent des solutions vertes et celles qui opèrent dans des secteurs valorisant les potentialités locales pour vanter les atouts de l’Indianocéanie (tourisme, produits de la mer, cosmétiquesnaturels, etc.). Pour ce faire, notre action portera sur trois axes principaux : le renforcement des capacités des entrepreneurs (formation, suivi, appuis) ; l’accès à des possibilités de financement et la mise en place d’un centre européen d'information commerciale dans l'océan Indien.
Cette action conjointe s’inscrit non seulement dans une dynamique globale de relance post-Covid mais aussi dans notre détermination commune à soutenir la réalisation des Objectifs de développement durable à l’horizon 2030.
Ce projet COI-UE, qui sera opérationnel au quatrième trimestre de cette année, sera complémentaire des mesures de politique économique prises au niveau national. Il sera une démonstration supplémentaire de la valeur ajoutée de la coopération régionale portée par la COI et de l’apport de l’aide publique au développement de l’UE dans la région.
Nous avions d’ailleurs décidé, il y a plusieurs semaines, de mettre en lumière le partenariat UE-COI pendant la semaine de l’Europe à travers une exposition et un cycle de conférences et de rencontres ouverts au public. Notre objectif était de démontrer la pertinence et l’impact concret pour les citoyens de notre partenariat de plus de 35 ans. La pandémie de Covid19 est venue bousculer nos plans. Elle nous a incités à réfléchir à la façon dont notre partenariat pourrait venir en aide aux politiques économiques auxniveaux national et régional. Elle nous a amenés à discuter de l’intérêt manifeste d’une nouvelle coopération en santé, l’un des rares secteurs qui n’est pas couvert par le partenariat riche et diversifié UE-COI.
C'est pourquoi l'UE évalue les moyens d’apporter un appui supplémentaire au réseau de Surveillance des épidémies et de gestion des alertes (SEGA One Health) de la COI en complément du soutien d’une décennie de l'Agence Française de Développement à travers les projets RSIE. Le réseau SEGA One Health est la sentinelle comme le bras opérationnel de la COI en matière de santé publique. Dans cette période de crise, la COI, qui a mis en place des plans d’urgence adaptés aux besoins des Etats membres, s’appuie sur le réseau SEGA One Health. Echanger l’information, surveiller et évaluer les risques, mutualiser les moyens, équiper et former sont autant d’actions essentielles auxquelles l’UE souhaite contribuerauprès de la COI et de ses Etats membres.
Des côtes européennes aux rivages indianocéaniens, l’heure est la même : il est l’heure d’agir ensemble face à une menace commune, il est l’heure de penser la relance pour un avenir serein. L’heure est à la solidarité. Entre la COI et l’UE, elle l’a toujours été.
HAMADA MADI, Secrétaire général de la Commission de l’océan Indien
VINCENT DEGERT, Ambassadeur de l’Union européenne auprès de la République de Maurice et de la République des Seychelles