logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Union africaine. Les priorités de Macky Sall

Union africaine. Les priorités de Macky Sall

Politique | -   A.S. Kemba

image article une
En plus des sujets classiques gérés en interne par la Commission, le nouveau président de la Conférence des chefs d’Etat souhaite poursuivre les efforts de lutte contre la pandémie, participer aux différents processus de paix à travers le continent, réussir la transition énergétique et mettre l’Afrique au cœur des grands agendas internationaux.

 

Le plan d’action de l’Ua reste inchangé. Mais le nouveau président de la Conférence des chefs d’Etat souhaite y imprimer son empreinte durant son mandat qui prendra fin en février 2023. Devant ses homologues du continent, le président Macky Sall a reconnu que les défis à relever ne manquent pas sur un continent plongé dans des crises multiformes. «Mais il est nécessaire de clarifier les priorités», devait-il préciser dans son discours d’intronisation.L’organisation continentale célèbrera ses 20 années en juillet prochain. Mais l’Union africaine (créée en juillet 2002) marche sur les pas de l’Organisation de l’Unité africaine (Oua, créée en 1963). Le chemin parcouru est long, semé d’embûches, mais Macky Sall ne voit aucune raison de dramatiser le bilan des soixante ans d’existence de l’institution.

Bilan : «Etre fiers»

«Nous pouvons être fiers des progrès accomplis dans le cadre d’initiatives majeures telles que le Nepad, le Pida, le Maep, la Vision 2063, la réforme institutionnelle, la Grande Muraille Verte, la Zlecaf et plus récemment notre riposte coordonnée contre la pandémie COVID-19», a-t-il soutenu. «Je rends hommage aux Pères fondateurs de l’Organisation. Six décennies après, leur vision lumineuse continue d’inspirer notre vivre ensemble et d’éclairer notre marche solidaire vers l’idéal d’intégration africaine», a-t-il assuré.


Au sujet de la lutte contre la pandémie de Covid-19, il a promis de soutenir les initiatives africaines visant à assurer la souveraineté sanitaire du continent pour lui permettre de répondre, lui-même, aux besoins de traitement des grandes maladies qui affectent les populations.«Au-delà de la riposte anti Covid, il serait donc indiqué de maintenir cette nouvelle dynamique en gardant les questions de santé au cœur de notre agenda, afin de soutenir l’émergence d’une industrie pharmaceutique africaine capable de satisfaire nos besoins essentiels, et faire face à des pandémies comme le VIH-Sida, la tuberculose et le paludisme», a-t-il proposé.


Rendant hommage à l’Afrique du sud qui s’est mobilisée pour assurer la production de vaccins anti-Covid en Afrique, Macky Sall se félicite de la naissance «d’un écosystème de produits hygiéniques, pharmaceutiques et médicaux» en Afrique et estime urgent «d’assurer au plus vite notre souveraineté pharmaceutique et médicale». L’un des points à l’ordre du jour de ce trente cinquième sommet est la création de l’Agence africaine du médicament (Ama) dont le traité fondateur n’a pas encore été ratifié par tous les pays membres.

Pour un multilatéralisme «plus ouvert»

Le thème général du sommet est «Bâtir une résilience en matière de sécurité nutritionnelle sur le continent africain : renforcer les systèmes agro-alimentaires et les systèmes de santé et de protection sociale pour accélérer le développement socio et économique et du capital humain». Macky Sall promet de poursuivre la politique d’industrialisation du continent et la mobilisation des infrastructures nécessaires à l’émergence des capacités productives en Afrique.
«Ce thème nous rappelle l’urgence de réaliser notre souveraineté alimentaire en produisant plus et mieux dans l’agriculture, l’élevage et la pêche par la modernisation de nos outils et méthodes de production, de conservation et de transformation, l’amélioration des intrants, la maitrise de l’eau, le développement des chaines de valeurs et la facilitation de l’accès aux marchés», a-t-il souligné.


Macky Sall a également promis de se battre pour l’obtention d’un siège au sein du Conseil de sécurité des Nations-Unies. «Je poursuivrai notre plaidoyer pour un multilatéralisme plus ouvert», a-t-il annoncé,Par rapport à la nécessité d’appuyer la stratégie de mobilisation des financements, le président estime que les économies africaines sont sous financées, «parce que des règles et procédures rigides entravent l’accès de l’Afrique à des prêts consistants de longue durée, et à des conditions soutenables, pour le financement de son développement», a indiqué Macky Sall qui souhaite qu’une partie des 33 milliards de dollars promis à l’Afrique par le Fmi dans le cadre des droits de tirages spéciaux (Dts) soit confiée à la Banque africaine de développement (Bad) et au Fonds africain de développement (Fad). «En plus du FMI, il est important qu’une partie des DTS soit réallouée via la BAD, compte tenu de son expérience pratique et efficace dans le financement du développement en Afrique. (…).Avec plus de ressources, le FAD pourra davantage soutenir les efforts de développement de nos pays», a-t-il soutenu.

«Allier exploitation et respect»

S’agissant de la transition énergétique, Macky Sall estime que les pays africains ne doivent pas renoncer à l’exploitation des ressources gazières au risque de compromettre les politiques de développement. Même s’il fait appel au génie pour allier exploitation de cette énergie et respect des engagements climatiques internationaux.«Le gaz ouvre pour nos pays de réelles perspectives d’accès universel à l’électricité et de soutien à l’industrialisation, arrêter le financement de la filière gazière porterait gravement atteinte à nos efforts de développement économique et social», a-t-il dit, avant de plaider pour «une transition énergétique juste et équitable».

 

Alors que l’Afrique assiste, impuissante, à l’occidentalisation poussée de ses sociétés, grâce notamment aux nouveaux médias, Macky Sall est contre toute forme de dogmatisme ou d’aliénation. Selon lui, le continent peut réussir une transition sociétale pour permettre aux jeunes de vivre avec leur temps sans pour autant renier les fondamentaux de leurs cultures qui ont toujours façonné les civilisations africaines.«L’Afrique que nous voulons bâtir ne peut faire l’impasse sur son héritage culturel. (…). Le temps ne saurait effacer notre mémoire collective. (…).Nous disons oui au «rendez-vous du donner et du recevoir » par le dialogue fécond des cultures et des civilisations, mais non à l’injonction civilisationelle qui nous dicterait nos choix et nos comportements», a-t-il conclu.

Azali de retour d’Addis-Abeba

Le président de la République a écourté son séjour dans la capitale éthiopienne pour accueillir, ce lundi 7 février, le président en exercice de l’Ua, Macky Sall. A Addis-Abeba, Azali Assoumani a participé au débat général du sommet, pris part à la réunion ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat, samedi 5 février. Réagissant à l’élection de Macky Sall, il a loué les qualités de son hôte «qui a» une grande expérience : «on voit les actions qu’il mène, nous avons le devoir de le soutenir».


Au sujet des coups d’Etat, Azali Assoumani estime que «les sanctions, c’est nécessaire mais pas suffisantes». Pour lui, il faut remonter aux racines des coups d’Etat. «C’est condamnable mais il faut savoir les origines», a-t-il relativisé ajoutant que l’urgence est d’apporter des réponses aux préoccupations de la jeunesse et de la population en général. (Nous reviendrons sur le message du président dans notre cahier du lundi 14 février).

Commentaires