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Vœux de nouvel an Azali Assoumani : «2019 sera charnière, cruciale… celle du choix du peuple comorien»

Vœux de nouvel an Azali Assoumani : «2019 sera charnière, cruciale… celle du choix du peuple comorien»

Politique | -   Mohamed Youssouf

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Dans un discours solennel adressé à la Nation lundi soir, à l’occasion du nouvel an, le président de la République a lancé un appel à un sursaut national face aux défis immenses que doit faire face le pays en 2019. Revenant sur le bilan des actions engagées en 2019 et les réalisations qui en découlent, le chef de l’Etat a, encore une fois, appelé à l’unité des Comoriens, à l’amour de la patrie et au respect des valeurs qui fondent l’identité nationale.

 

Le chef de l’État, Azali Assoumani, a présenté ses vœux de bonheur, santé, prospérité et quiétude à l’ensemble du peuple comorien depuis le palais présidentiel de Beit-Salam dans la soirée du lundi 31 décembre, soit le réveillon du jour de l’an. Avant de revenir longuement sur les évènements ayant marqué positivement et négativement l’année écoulée, le chef de l’État a eu une pensée particulière pour les travailleurs, qui, pour des raisons de continuité du service public, sont obligés de travailler. «Ce soir, j’ai une pensée particulière, pour celles et ceux qui, en ces jours de fête, sont astreints au travail, notamment les membres de nos forces de l’ordre, nos médecins et nos personnels soignants, partout où des compatriotes, assurent notre santé, notre sécurité et la continuité des services publics. Qu’ils trouvent ici mes vœux les meilleurs ainsi que les remerciements que je leur adresse au nom de la Nation», a-t-il dit.


Au chapitre des évènements regrettables qui ont marqué l’année 2018, le président de l’Union s’est attardé sur la saga judiciaire des affaires jugées par la Cour de sureté de l’État. Pour lui, les peines prononcées sont assez lourdes mais que les affaires jugées étaient d’une extrême gravité. Il parlera d’évènements «tragiques» qui ont ponctué la fin de l’année et qui «ont choqué la Nation». «Beaucoup de bruit a été fait autour des sanctions sévères, infligées aux prévenus. Mais nous ne devons pas perdre de vue qu’il s’agissait d’actes d’une gravité extrême et inédits dans l’histoire récente de notre pays. Qu’il s’agisse de la tentative d’attentat contre l’avion qui transportait le Chef de l’État et sa délégation, à l’aéroport de Bandar-Salama, de la tentative d’assassinat contre l’ancien Vice-président Moustadroine, de la tentative d’assassinat contre le gendarme Ali Radjabou, dont la main a été amputée à coup de machettes ou de la tentative d’atteinte à la sureté de l’État», a expliqué Azali Assoumani avant de rendre grâce à Allah «qui nous a épargné des conséquences graves et autrement plus lourdes, pour les personnes ciblées et pour le pays tout entier,  si les personnes contre qui ces peines ont été prononcées, avaient réussi leur forfaiture». Pour que la concorde, l’apaisement et la sérénité règnent dans le pays, des mesures seront prises. Le président de la République, lors de son discours, s’est également attardé sur les évènements tragiques qui sont survenus à Ikoni avec à la clé, la perte d’une vie humaine et des blessés.


«En effet, le 3 décembre dernier, un jeune homme est mort dans cette ville. Cela n’aurait jamais dû arriver. Rien ne peut justifier les affrontements entre les forces de l’ordre et les jeunes dans cette ville et nulle autre part dans notre pays. Je regrette profondément cet événement malheureux et j’adresse mes sincères condoléances à la famille du regretté Ahamada Saïd. Je partage leur douleur ainsi que l’affliction qui affecte les blessés et les leurs. Je remercie les responsables de l’État pour les mesures rapides prises en faveur des blessés ainsi que les notables, les cadres et les élus locaux de la ville d’Ikoni, pour la dignité et la sagesse avec lesquelles ils ont géré jusqu’ici, en collaboration avec les autorités, cette situation difficile», a-t-il concédé avant de garantir que toute la lumière sur cette affaire sera faite et qu’ «une réponse appropriée sera donnée par l’État, aux responsables de ces graves incidents qui ont entrainé la mort de ce jeune et causé tant de blessés».


Le discours du président de l’Union en ce jour de présentation des vœux de nouvel an sera ensuite axé sur les réalisations positives en faveur de la population. Il citera les infrastructures, la régularité des salaires ou encore les Assises nationales. «L’année 2018 n’a pas été, seulement et fort heureusement, qu’une suite d’événements tragiques. Dieu merci, les bienfaits d’Allah ont continué à se déverser dans notre pays. Ainsi, 2018 a également été, après l’année de l’énergie, celle du lancement des chantiers des infrastructures hospitalières, routières, portuaires et aéroportuaires. Partout dans ce pays, les travaux réalisés et ceux en cours, en témoignent. Le gouvernement a continué, en 2018, à assurer le versement régulier des salaires des agents de l’État, sans aucune aide extérieure. J’en remercie le ministre des Finances et tous ses collègues du gouvernement, qui ont fait du paiement des salaires, une priorité. L’année 2018 a été aussi l’année des Assises nationales, cette initiative de la société civile comorienne, qui nous a permis de faire le bilan de 42 ans d’indépendance et de dégager des perspectives nouvelles pour l’avenir de notre pays», devait-il détailler.


Si le premier magistrat du pays parle d’Assises réussies, c’est parce qu’outre l’appui de la communauté internationale, «ces Assises ont fait ressortir les réussites et les échecs de la gestion de notre pays durant les 42 années passées, et nous ont permis d’asseoir de nouvelles bases susceptibles de soutenir notre vision de conduire l’Union des Comores vers l’émergence, à l’horizon 2030. Avec la nouvelle constitution révisée, notre pays s’est doté des institutions qui lui permettront de faire face à la mondialisation et aux autres défis auxquels notre pays doit faire face». Pour en finir avec l’année écoulée, Azali Assoumani a rendu un vibrant hommage aux partis politiques de l’opposition comme de la mouvance présidentielle mais aussi à la notabilité des trois îles.


Pour les partis politiques, le chef de l’État s’est engagé «à les associer pour prendre toutes les dispositions nécessaires et utiles, au déroulement des élections prochaines, dans la transparence et l’apaisement». Quant à la notabilité, il relève l’engagement et la position ferme «contre les actes et les propos qui transgressent les règles et les fondements solides et légendaires de la société comorienne et encourager leur proposition pour la mise en place d’un organe consultatif permanent».


Qu’en est-il de la nouvelle année ? Selon les propos du locataire de Beit-Salam, «elle sera charnière, cruciale. Elle sera celle du choix du peuple comorien». «En effet, en mars et avril prochains, les électrices et électeurs comoriens, sont appelés à élire le prochain président de l’Union des Comores et les gouverneurs des îles, ceux en qui ils placeront leur confiance, pour les cinq prochaines années, conformément à la Constitution révisée du 30 juillet dernier. Ils seront appelés à choisir ceux qui sont à même de renouveler notre vie politique, transformer en profondeur notre pays, de l’école de nos enfants, au travail de l’ensemble de nos concitoyens et au quotidien de tout le monde. Mais ces devoirs-là n’incombent pas au seul Chef de l’État. Chaque Comorienne, chaque Comorien, partout où il se trouve, devra s’engager entièrement et s’impliquer pleinement pour fructifier la solidarité qui caractérise la société comorienne, sur le sol national ou dans la diaspora», insiste-t-il tout en reconnaissant que certains ne partagent pas sa vision.


«C’est une position que je respecte et mon devoir est d’écouter les voix de toutes les Comoriennes et les Comoriens, y compris les voix discordantes. C’est pourquoi j’en appelle à des débats utiles et apaisés. Pour y parvenir, ce pays a besoin de nous tous, de notre détermination à faire le sursaut nécessaire. Pour y parvenir, nous aurons besoin d’un État fort, capable de recouvrer son intégrité territoriale, et d’assumer sa souveraineté sur la scène internationale. Je ferai alors en sorte que vous puissiez vous exprimer et dire ce que vous pensez pour notre pays, à travers des élections présidentielles et des gouverneurs des îles et faire votre choix en toute liberté, dans la paix et la sérénité», a-t-il rappelé. Et de se montrer convaincu que le pays dispose des moyens devant lui permettre de «construire et de transmettre aux générations futures, un pays politiquement apaisé, socialement plus serein et économiquement plus fort». Azali Assoumani appellera les Comoriens à faire de l’année 2019, «une année d’apaisement, de concorde et d’union de vison pour les Comores. Nous devons le prouver lors les élections qui s’annoncent en mars et avril prochains».

Mohamed Youssouf








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