Dans le cadre des débats dans la commission des relations étrangères au sein de l’Assemblée nationale française concernant la convention d’entraide judiciaire entre la France et Les Comores, le 31 janvier dernier, plusieurs questions tournaient autour de la question mahoraise.
Le député et quatrième vice-président de l’Assemblée nationale française, Yves Jego, estime qu’il n’y aura aucune solution sur la question de Mayotte sans les Comores. “On ne peut pas isoler Mayotte et ignorer l’existence des Comores. Ensuite, on ne doit pas plaquer notre vision de la question migratoire sur la réalité locale, qui incorpore des familles souhaitant se retrouver. La douleur de la séparation des quatre îles n’est pas refermée. Le différentiel de développement qui va de un à cent rend inévitable des difficultés. La solution passe par la coopération, notamment sanitaire, et Jean-Luc Mélenchon a eu raison de souligner que beaucoup de femmes viennent non pas pour que leurs enfants soient français mais pour accoucher en sécurité” a-t-il dit.
Epineuse question qui oppose les Comores et la France
S’appliquant à rappeler que la première ville comorienne dans le monde n’est autre que Marseille et que “les franco-comoriens méritent qu’on travaille avec eux sur ce problème”, l’ancien secrétaire d’Etat chargé des outre-mer sous le gouvernement de François Fillon semble vouloir une solution rapide à cette épineuse question qui oppose les Comores et la France.
“Cela dure depuis 45 ans et cela ne pourra pas durer 45 ans de plus. Il faut en sortir et la sortie est par le haut, par un dialogue avec l’Union des Comores, même si c’est difficile. La bonne solution serait que la circulation soit possible mais que le stationnement soit limité, que les Comoriens puissent venir en visite sans nécessairement s’établir à Mayotte. C’est évidemment plus complexe à mettre en œuvre dans des politiques publiques, mais il ne faut pas faire de Mayotte un combat de politique nationale”, a-t-il dit.
Pour Jean-Luc Mélenchon, le problème de la liberté de circulation se pose et devrait être analysé sans passion. Pour lui, “il y a un effet paradoxal : en voulant bloquer, on a renforcé d’une façon terrible les procédures illégales d’immigration, tout en sachant que la population de Mayotte ne supporte pas les vagues d’arrivées importantes. Les mêmes personnes peuvent à la fois réclamer le libre accès à leur famille et s’élever contre ces arrivées. On me dit que la plupart viendraient en réalité à Mayotte pour des raisons sanitaires… ”.
Ce problème doit être traité avec le gouvernement des Comores
Le député de la France insoumise pense que “la clef est aux Comores, et il n’est pas en notre pouvoir de dire quoi faire à ce gouvernement” pour répondre aux propos de Marine Le Pen qui parle de multiplication des “ronds de jambe à l’égard des Comores : convention d’entraide, laxisme inouï sur les visas, alors que les Comores remettent en cause l’intégrité du territoire français en contestant le caractère français de Mayotte”.
Et Jean-Luc Mélenchon de continuer en estimant que “notre problème est notre incapacité à accueillir dans des conditions conformes à nos principes les populations qui viennent. Pour le reste, je suis content que des gens veuillent être français, j’en suis honoré. Il y a un énorme effort à faire pour reconstituer à Mayotte une situation normale d’état de droit, et ce problème doit être traité avec le gouvernement des Comores.
Il faut comprendre qu’on ne peut pas faire revenir aux Comores les Comoriens qui sont à Mayotte. La politique se fait à partir de la réalité.
Si d’autres députés ont mis l’accent sur l’immigration et la haine envers les Comoriens des autres iles à l’image de Mansour Kamardine, Jérôme Lambert est revenu sur les résolutions des Nations unies qui réclament un départ immédiat de la France.
20 résolutions de condamnation
Ce député socialiste de la 3e circonscription de la Charente a rappelé que l’Onu “a voté à de nombreuses reprises une forme de condamnation de la France. Je trouve qu’il y a une forme de contradiction entre le discours tenu ces dernières décennies par les autorités françaises, qui estiment qu’il faut respecter les résolutions de l’Onu et qui renvoient souvent au droit international et notre attitude vis-à-vis de Mayotte… Notre diplomatie a parfois une parole dans un sens, quand cela nous arrange, puis une parole dans un autre sens, qui nous arrange peut-être également”.
Pour la députée du Maine et Loire par ailleurs rapporteure de la commission des relations étrangères, Laëtitia Saint-Paul, les rapports “sont un peu complexes avec la communauté internationale” rappelant l’admission des Comores à l’Onu par 14 voix pour et 0 contre, la France s’étant abstenue.
“L’Assemblée générale a par la suite voté une résolution sur l’intégrité de l’archipel des Comores, Mayotte comprise, la France estimant que la question de la souveraineté devait être vue île par île…Une vingtaine de résolutions ont été votées par l’Assemblée générale demandant le retrait français immédiat, et cette position n’a pas beaucoup évolué”, devait-elle insister avant de souligner que :
Les quatre iles comoriennes “parlent la même langue et pratiquent la même religion.
Toutes ces positions ont amené Annie Chapelier à se poser la question sur le dialogue entre les deux pays sachant que les Comores “vont jusqu’à considérer que les arrestations et les expulsions à Mayotte peuvent être qualifiées de crime contre l’humanité, selon l’article 7 du statut de Rome, puisqu’il s’agit d’après eux d’expulsions de personnes se trouvant dans leur propre pays”.
Si Laëtitia Saint-Paul revient sur le fait que “les grands penseurs en relations internationales nous rappellent qu’on n’a pas d’amis dans ce domaine mais des alliés”, le dernier mot revient à Mansour Kamardine qui affirme que “les résolutions de l’Assemblée générale des Nations unies, elles ne sont pas contraignantes” et ceux “qui soutiennent que tout le monde doit pouvoir aller à Mayotte n’aiment pas les populations comoriennes. Moi, je les aime et je dis la vérité”.