Prenant part à la 73ème session de l’Assemblée générale des Nations-unies, le président de la République, Azali Assoumani, a tenu son discours hier devant l’ensemble des chefs d’Etats et de gouvernements du monde. Dans son allocution, le chef de l’Etat a mis d’emblée l’accent sur la nécessité d’avoir un monde uni face aux multiples défis qui sont le lot quotidien des Etats. «Cette année 2018 aura été le théâtre de bouleversements, de transitions, de changements et de troubles multiples, de nature diverse, face auxquels nous devons continuer à nous montrer combatifs et unis. Qu’ils soient d’origine climatique, économique, sociale, politique, migratoire, sanitaire ou autre, ces évènements doivent davantage mobiliser la communauté internationale qui doit se révéler plus solidaire que jamais, plus engagée que jamais et plus déterminée que jamais. Le contexte international actuel est de plus en plus exigeant et demande une réactivité presque immédiate.
L’implication de nous tous est, de ce fait, nécessaire, conscients que toutes ces situations peuvent compromettre la paix et la stabilité. C’est cela qui consacrera à l’Onu, et de façon réelle, son universalité» a-t-il argumenté en guise d’exemples concrets. Il faut dire que les préoccupations qui sont celles d’Azali Assoumani en ce qui concerne les défis mondiaux vont de concert avec le thème de cette 73ème session à savoir «Faire de l’Onu une Organisation pour tous: une force mondiale fondée sur des responsabilités partagées, au service de sociétés pacifiques, équitables et durables». Pour que l’Organisation des Nations-unies puisse dégager l’image d’une organisation «équitable et efficace», le président de l’Union des Comores, au même titre que ses homologues africains, estime qu’«au sein des principaux organes de l’Onu, et dont le retard crée un sentiment d’injustice et de frustration parmi les régions qui se sentent les moins représentées, doivent être concrètes, afin de retranscrire, au plus près et de la façon la plus équilibrée, la réalité géopolitique actuelle, notamment vis-à-vis du continent africain».
«Une organisation équitable et efficace»
Le chef de l’Etat citera en particulier le Consensus d’Ezulwini pour que l’Afrique puisse disposer de deux sièges permanents avec un droit de véto. Au cours de son discours, Azali Assoumani est également revenu avec insistance sur la question palestinienne en affichant son inquiétude face à ce qu’il qualifie de «mesures aléatoires prises ces derniers temps à l’encontre du peuple palestinien». Pour le président de l’Union, la communauté internationale est tout simplement devenue «spectatrice» des événements et rappelle que la solution idoine passe par la création de «deux Etats palestinien et israélien vivant côte à côte en toute sécurité, dans des frontières sûres et internationalement reconnues, sur la base de celles d’avant 1967, avec Jérusalem Est comme capitale de la Palestine».
«L’Union des Comores réitère son soutien indéfectible au peuple Palestinien», dira-t-il non sans évoquer la situation «extrêmement préoccupante» au Moyen-orient avec la guerre au Yemen et en Syrie. Il n’oubliera pas non plus «d’attirer l’attention de tous, sur la situation difficile que continuent de vivre les Rohingyas. Cette population innocente fait l’objet d’attaques et de persécutions qui vont à l’encontre des valeurs portées par la Charte des Nations unies». Azali Assoumani lancera un appel solennel à l’Assemblée générale pour que celle-ci prenne ses responsabilités «afin de venir en aide à cette population en grand danger».
Le président de la République reviendra en outre sur un autre sujet à savoir le terrorisme en s’en prenant notamment à ceux qui utilisent l’Islam. Catégorique, il affirme que «certains disent qu’ils agissent au nom de l’Islam. C’est archi-faux ! Mais de quel Islam parlent-ils? L’Islam, cette religion de paix et de tolérance?» Au chapitre de l’actualité nationale, Azali Assoumani est revenu sur les Assises nationales et évoque «des événements majeurs marquant un tournant décisif dans l’évolution sociopolitique».
En finir avec la question mahoraise
En ce qui concerne l’organisation des Assises en février dernier, le chef de l’Etat parle d’une initiative «impulsée par la société civile» avec l’accompagnement du gouvernement et des partenaires bi et multilatéraux à l’image de l’Onu, de l’Oif, de l’Ua et de la ligue des Etats arabes. «Les conclusions de ce forum national ont fait ressortir la nécessité de redéfinir et de redessiner un nouveau cadre institutionnel qui, tout en consolidant l’unité nationale, permettra de défricher la voie vers l’émergence des Comores à l’horizon 2030. C’est ainsi qu’un référendum a eu lieu le 30 juillet dernier et qu’une nouvelle Constitution a été adoptée», rappelle-t-il avant d’affirmer que «j’ai décidé d’écourter mon mandat et d’organiser, en vertu de la nouvelle Constitution et des délais impartis, des élections régionales et nationales anticipées».
Avant de clore son propos, le premier magistrat du pays a évoqué la question mahoraise devant l’Assemblée générale. Il reviendra sur les soulèvements populaires ayant conduit à des expulsions des Comoriens des autres îles établis à Mayotte. Une situation, dit-il, qui aura provoqué la décision du gouvernement comorien de refuser «la décision unilatérale» de la France visant à reconduire les Comoriens de Mayotte vers les autres îles. «Les conditions de leur refoulement avaient obligé mon gouvernement à s’opposer à cette décision unilatérale, d’autant plus que bon nombre de ces personnes sont des adolescents, devenus des enfants de la rue, depuis que leurs familles avaient été chassées de Mayotte dans les mêmes conditions que nous dénonçons aujourd’hui. Ces enfants abandonnés comme je disais, depuis le refoulement de Mayotte de leurs parents, sans la moindre prise en charge, sont devenus, aujourd’hui, une réelle menace non seulement pour l’île mais aussi pour le reste de l’archipel, voire pour toute la région», a-t-il tenu à expliquer. Si Azali Assoumani prône le dialogue avec la France pour régler «tout ce qui nous oppose et tout ce qui pourrait nous opposer» en prenant en compte les liens culturels et historiques avec la France, il appelle à un dénouement rapide de cette situation «sur la base des résolutions pertinentes des Nations-unies».