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Tocha Djohar, après l’arrêt de la Cour constitutionnelle : «Nous sommes en pleine crise institutionnelle»

Tocha Djohar, après l’arrêt de la Cour constitutionnelle : «Nous sommes en pleine crise institutionnelle»

Politique | -

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La Cour constitutionnelle a rendu son arrêt : le groupe Upvamodja a été confirmé par le juge constitutionnel avant-hier. Au détriment, donc du parti Juwa. Celui-ci doit dire adieu aux trois élus sur lesquels il comptait s’appuyer pour grossir ses rangs au parlement. Les crises ayant émaillé l’Assemblée nationale, à plusieurs reprises, viennent-elles de prendre fin ? Certains estiment que le Juwa ne disposerait même plus de minorité de blocage. Pas si sûr, répond un député. On le saura peut-être lors de la loi de finances rectificative.

 

A l’Assemblée nationale, il y a désormais deux blocs. Le bloc Sud qui compterait en son sein le président, le vice-président Maoulana Charif, les députés du Radhi, du Rdc, etc. Et le  Nord, qui compterait donc Ibrahim Mohamed Soulé ou encore Soulaimana, Tocha Djohar et autres élus. Pour l’heure, c’est le bloc Sud qui vient de remporter une énorme bataille dans cette guerre de positionnement.

L’Assemblée est une institution consensuelle

Dhoihir Dhoulkamal, vice-président à l’Assemblée nationale, a tenu des propos pondérés suite à la publication de l’arrêt de la Cour.  Il rappellera que «la partie adverse avait affirmé haut et fort qu’elle allait se conformer à la décision de la Cour ; ce qui, selon moi, est un signal fort pour la démocratie et le respect des institutions».

Pour ce qui est des conséquences possibles qui découleraient de la décision du juge constitutionnel, il répondra : «nous sommes dans une institution consensuelle et je reste persuadé que nous tous allons œuvrer pour faire avancer ce pays».

Il prendra pour exemple le début de la législature sous Ikililou Dhoinine : «le parti Juwa a toujours voté les textes malgré leur opposition affichée au régime d’alors ; cette intelligence, les députés l’auront encore.»

Quant au député Mmadi Hassani Oumouri, élu Rdc militant lui aussi au bloc Sud, il prendra le soin de préciser que «dans cette assemblée, il n’y a pas de majorité émanant d’un seul mouvement politique».

Selon lui, toutes les batailles qui ont été livrées l’ont été sur la base de problématiques bien définies, comme par exemple le vote d’un nouveau règlement intérieur.
Cela étant dit, s’il devait y avoir des conséquences suite à l’arrêt de la Cour, ce serait le nombre de députés du bloc Nord.

Ils seraient au nombre de 10, à l’en croire et encore. Certains députés vont et viennent en fonction des combats à mener. Et pour constituer une minorité de blocage, il faudrait qu’ils soient au moins onze.

Une crise institutionnelle

Toujours est-il que notre interlocuteur ne tiendra pas des propos aussi pondérés que son collègue vice-président.  Mmadi Hassani Oumouri fera part de sa «peur face à ce pouvoir ; nous assistons à des violations extraordinaires de la part du régime en place.»

Puis, plus acerbe, il arguera que la crise actuelle est alimentée par l’exécutif. Avec des termes on ne peut  plus clairs, il précisera que  «ce n’est pas à l’Assemblée de régler les problèmes entre le Juwa et la Crc».  Le député d’Itsandra-Nord ira même plus loin.

«Avec toutes ces crises, on nous empêche de mener nos activités ici,  je pense qu’on veut faire en sorte que nous ne puissions pas contrôler l’action gouvernementale». 

Et puis, de toutes les façons, selon lui, tous les projets de loi dont on parle à la télévision, par exemple, ne  sont pas arrivés à l’hémicycle. Pire encore, la loi de finances rectificative n’a toujours pas été déposée à quelques jours du ramadan.

Pour ce qui est de Tocha Abdallah, partisan du bloc Nord, il a dit comme ses collègues ne pas vouloir commenter l’arrêt de la Cour. Par contre, «je regrette vraiment ce qui s’est passé.

Comment peut-on se réunir en dehors de l’institution que l’on est censés représenter, y prendre une décision et que cette décision fasse l’objet de discussions et de jugement au sein d’une institution de la République, la Cour constitutionnelle en l’occurrence ?», s’interroge-t-il. 

Se demandant par quel cheminement un procès verbal établi à Comores Telecom a pu se retrouver à la Cour, jusqu’à ce qu’il y soit examiné. Il appellera le président de la République, garant des institutions, à «user de ses prérogatives constitutionnelles pour garantir les libertés et le fonctionnement régulier des institutions afin de ne pas éveiller les extrémistes de tous bords.»

Le député d’Itsandra-sud a, par ailleurs, assuré qu’un bras de fer institutionnel venait de s’ouvrir. «A Ndzuani, ce sont les suppléants des conseillers Juwa rejetés par la Cour qui vont siéger au Conseil de l’île et pas les suppléants du groupe Upvamodja; Ndzuani est favorable au bloc Nord», a-t-il cru bon d’ajouter.

Et de conclure : «cela veut tout simplement dire que les députés Updc cooptés n’auront pas de suppléants puisque ceux-ci ne seront pas autorisés à siéger au parlement insulaire. Nous sommes déjà en pleine crise institutionnelle». Ça promet !


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