Le président de la République rencontrait, le 30 avril, les acteurs politiques à Beit-salam, pour échanger sur le climat sociopolitique qui règne dans le pays. Lors de la réunion du dimanche, il était également question des élections à venir, auxquelles la participation de l’opposition reste toujours hypothétique. Le « Front commun élargi des forces vives contre la dictature », principale formation réunissant les partis d’opposition, décline toute invitation et refuse de s’asseoir autour de la table, jusqu’à ce que ses préalables soient satisfaits.
Son secrétaire exécutif, Ahmed Hassane El-Barwane, l’a réitéré dans un communiqué en date du 2 mai. « A deux reprises le gouvernement a sollicité la présence du front pour discuter des prochaines élections. Nous nous sommes étonnés de la démarche du gouvernement nous invitant autour d’une table sans donner la moindre réponse à nos préalables, adressées dans une lettre datée du 16 mars 2023 au chef de l’Etat», a d’abord rappelé, le secrétaire général du parti Juwa, qui fait partie des farouches opposants au président Azali Assoumani. « L’ordre du jour ne comportait pas nos préalables.
Les sujets mentionnés tournaient autour des questions diplomatiques et de la situation sociopolitique. Nous n’avons pas jugé nécessaire d’y prendre part », a renchéri, à son tour, le porte-parole du front, Ibrahim Abdourazak Razida, démentant au passage l’information selon laquelle l’opposition aurait demandé à être reçue par le président Azali. «Nous devions certes rencontrer le colonel Azali Assoumani le lundi. Mais le front n’était pas disponible pour des problèmes d’agenda. Lorsque Houmed Msaidie et Oumara Mgomri sont revenus pour reprogrammer l’entrevue pour le lendemain, nous avons refusé», a-t-il affirmé au téléphone, hier jeudi.
Sambi, Salami…
Cela fait plus de deux mois que le Front commun élargi a envoyé au président de la République un courrier dans lequel il a formulé un certain nombre de doléances. Sur la liste des conditions posées par l’opposition, figurent, entre autres, « le retour des exilés » et « l’amnistie » ou « la grâce de tous les détenus politiques déjà condamnés ».
C’est le cas par exemple de l’ex-président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, d’Abdou Salami Abdou, ancien gouverneur déchu d’Anjouan, ou encore de Mohamed Ali Soilihi, désigné en février chef de l’opposition nationale et qui, à l’instar des précédentes personnalités, a été condamné par la sûreté de l’Etat, décriée par certains avocats et dont les sentences ne peuvent faire l’objet d’aucun recours.
Le chef de l’Etat, après avoir accusé réception de la lettre, s’était empressé de répondre en exprimant sa disponibilité pour mettre en place un cadre de concertation. Le problème reste que les contours dévoilés de ce cadre de concertation ne convainquent pas ses opposants. Dans un discours qu’il a prononcé à la mosquée du Palais du peuple le 24 mars, Azali Assoumani s’est engagé à inviter, en plus des leaders politiques, des acteurs économiques, pour que le dialogue ne se focalise pas uniquement sur les élections. Sauf que cette déclaration n’a pas du tout plu au Front commun, qui n’arrête pas de maintenir la pression sur le gouvernement.
La coalition de l’opposition accuse le locataire de Beit-salam de « vouloir » détourner le débat, en mélangeant politique et situation économique. Depuis, elle écarte toute discussion sans la libération des personnes dernièrement condamnées par la justice. Cette posture risque de compliquer un peu plus les choses à l’heure où le processus électoral a été lancé. Car, en effet, le gouvernement a déjà convié la communauté internationale et attend son accompagnement. Selon le calendrier présenté au corps diplomatique, la campagne électorale devrait commencer au plus tard en décembre prochain.