Rarement, à en croire les propos des membres du Collège des Sages, la question de Mayotte n’aura fédéré les Comoriens pour trouver enfin une issue pérenne à ce contentieux. Dans une conférence de presse organisée samedi dernier au restaurant le Select, les organisations de la société civile et le Collège des Sages ont manifesté leur soutien au gouvernement comorien dans son bras de fer contre la puissance qui occupe illégalement l’île comorienne de Mayotte
… le gouvernement comorien a opposé un refus ferme et catégorique et a refusé d’accueillir des Comoriens dans les trois îles. Cette fermeté est très bien accueillie par tout un peuple et le collège des Sages avec les organisations de la société civile ici présentes tiennent à soutenir cette position et font appel à tous les Comoriens partout où ils se trouvent de s’unir et ensemble soutenir la position du gouvernement telle qu’elle a été exposée par le ministre des Affaires étrangères, a-t-on indiqué.
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Les conférenciers s’estiment réconfortés par la décision comorienne d’interdire même les reconduites volontaires en représailles à la décision de Paris, de suspendre l’octroi de visas diplomatiques et ou de services pour les officiels comoriens. Pour l’ancien ambassadeur, Ahmed Thabit, il faudrait pratiquer la réciprocité en ce qui concerne les mesures prises par l’autre partie.
“Nous devrions appliquer la réciprocité et suspendre l’octroi de visas aux officiels français. Ils ne sont pas nombreux certes à faire la demande, mais le monde saurait que nous sommes dans notre droit, donc déterminés”, a-t-il conseillé.
Nous nourrissons l’espoir que cette position de fermeté ne va pas fléchir jusqu’à la réintégration de l’île comorienne de Mayotte à l’Union des Comores, pouvait-on lire sur un document qui a circulé.
Pour Damir Ben Ali, les “décasages”, les exactions, les violences ne sont rien d’autres qu’une politique contre l’identité mahoraise et donc comorienne. “Aujourd’hui les jeunes pensent qu’avec des papiers, l’on devient Français et que ça change l’identité”.
“Plusieurs étrangers non Comoriens squattent Mayotte mais eux, ils ne sont pas inquiétés parce qu’ils n’appellent pas à la prière tôt le matin, n’enterrent pas leurs morts sans cercueils, ne font pas le Anda entre autres”, devait illustrer le premier président de l’Université des Comores qui semble convaincu que malgré “un lavage de cerveau,cette guerre est vouée à l’échec”.
Se serrer les coudes
Damir Ben Ali salue l’élan de solidarité qui anime les élus comoriens “malgré une absence des partis qui les ont fait élire” et rappelle que “les Mahorais se sont rendu compte que les papiers français ne rendent pas riches avec notamment 80% de la population locale en dessous du seuil de la pauvreté”. Porte-parole des organisations de la société civile dans cette conférence, Ben Abdallah est revenu sur l’importance jouée par la société civile dans ce soulèvement populaire contre l’occupation de Mayotte.
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Il a notamment rappelé que c’est suite à un cri d’alarme du chanteur, Salim Ali Amir que des organisations telles que la Fédération comorienne des consommateurs, la plateforme femmes en politique, femmes entrepreneures entre autres ont organisé le rassemblement du samedi 24 mars à la Place de l’indépendance.
La société civile tient à dénoncer les actes commis à Mayotte ces derniers temps. Des exactions qui vont à l’encontre des droits de l’homme, de l’unité nationale, des valeurs de paix de la religion. Nous témoignons par conséquent notre solidarité et nous partageons la douleur avec les Comoriens victimes de cette barbarie. Enfin, nous soutenons la réaction de notre gouvernement, sa position et ses décisions. Nous sommes confiants, le gouvernement porte notre espoir, l’espoir de tout un peuple, a tenu à souligner Ben Abdallah
qui trouve personnellement, que la France est tombée dans des manœuvres de basse factures avec un comportement et un chantage à dénoncer.
“Personnellement, je trouve que la meilleureréplique à apporter à une telle situation serait de rappeler l’ambassadeur comorien à Paris et fermer l’ambassade de France à Moroni. Il faudrait en outre, exiger l’abolition du visa Balladur comme un préalable à tout commencement de négociation” a-t-il dit, sans engager la société civile.