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Trois questions à Dr Housni Abdou Madi, secrétaire général du parti Soma : “Nous nous attendions à un festin, nous voilà servi d’un en-cas !”

Trois questions à Dr Housni Abdou Madi, secrétaire général du parti Soma : “Nous nous attendions à un festin, nous voilà servi d’un en-cas !”

Politique | -   Sardou Moussa

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Sur les réseaux sociaux et dans les attroupements à Ndzuani, l’ancien gouverneur Anissi Chamsidine et son parti, Soma, constituent la cible de certains militants anti-assises, pour leur position jugée “obscure”. Dans cette interview, Dr Housni Abdou Madi, le secrétaire général du parti Soma, soutient pourtant que le positionnement de son parti est “très précis”.

 


A l’heure où certains sortent des communiqués pour rejeter le format des assises ou poser des préalables à leur participation, quelle est la réaction du parti Soma à quelques heures de l’ouverture ?



Nous n’avions pas de préalables contraignants. Nous avions compris que ces assises devaient être préparées comme il fallait, pour permettre à tout le monde d’y participer. Elles devaient être cadrées, pour que, une fois passées, l’on puisse voir comment mettre en exécution ses recommandations.

Ces conditions n’ont pas été toutes remplies ; c’est la désorganisation totale au niveau du Cpan [Comité de pilotage des assises nationales], personne ne l’ignore. Depuis le début jusqu’à maintenant, les gens apprennent les choses au dernier instant.

Il y a ces concitoyens qui sont appelés depuis Mwali, Ndzuani et Ngazidja, et l’on ne sait  sur quels critères ils ont été choisis. Dans les ateliers, beaucoup de gens ont découvert des choses différentes de celles à laquelle ils  s’attendaient. Parce qu’on ne s’était pas mis d’accord sur ce qu’on allait discuter, mais l’on a juste dit qu’on allait faire un bilan.

Nous avions prévu d’aller dans ces assises pour défendre l’idée que la tournante n’est pas le problème qui fait régresser notre pays, mais plutôt la gestion des affaires de l’Etat, et qu’il faut cesser de vouloir tout le temps modifier la loi mais appliquer plutôt les innombrables textes qui sont déjà en vigueur. Car nous l’avons déjà fait plusieurs fois et cela ne nous a pas apporté de solutions à nos problèmes.

 


Sur les réseaux certaines voix vous accusent pourtant toujours d’être “plutôt indécis”…


Non. Nous sommes au contraire très précis. Nous avions proposé qu’il y ait une note de cadrage, qui définirait les thèmes à débattre, comment s’organiseraient les débats, la sélection des participants… C’est ce qui permettrait aux participants aux assises de donner chacun sa contribution efficacement.

Mais l’on nous a remis des fiches de contribution citoyenne sans que l’on connaisse précisément le sujet de notre contribution, l’on a fait le voyage depuis Ndzuani pour venir prendre part à un atelier sans savoir sur quel sujet apporter nos contributions, et l’on entre dans un groupe de réflexion pour faire le bilan de 42 ans en deux jours ! Non, je pense que l’on avait la possibilité de faire ce travail comme il fallait, mais le Cpan, qui devait s’y investir, a précipité les choses.

Nous nous attendions à un festin, nous voilà servi d’un en-cas ! L’on regrette que le Cpan n’ait pas pu organiser ces assises de sorte à ce qu’elles soient à la hauteur des attentes, car aujourd’hui, telles que les choses se présentent, c’est comme s’il s’agissait d’une simple formalité. Mais il y a quand même du positif dans tout ceci : les Comores ont démontré qu’ils souhaitent le changement, notamment du mode de gouvernance. Ils ont démontré qu’il n’y a plus de séparatistes qui aspirent à l’éclatement de l’archipel.

 


Enfin êtes-vous de ceux qui suspectent une certaine ingérence de l’autorité politique dans les travaux du Cpan et de ses experts ?


Non ! Nous, parti Soma, estimons que le gouvernement n’a pas donné d’instructions. Nous avions quelqu’un au Cpan et il nous a assuré que cela n’a pas été le cas. Les représentants du gouvernement qui sont dans le Cpan négocient des choses pour eux-mêmes, comme le recrutement de leurs hommes dans les ateliers etc, mais des orientations formelles venant du gouvernement, non.

Nous sommes persuadés que le président de la République a donné tous les moyens au Cpan pour qu’il réussisse ce rendez-vous, et qu’aujourd’hui le premier responsable de tout ce qui n’a pas marché c’est le Cpan, en particulier le Mouvement du 11 août. Car ce sont  eux qui sont allés trouver le président pour lui dire qu’ils souhaitaient les organiser, et qu’ils savaient comment le faire, mais au final ils ont échoué. Voilà que les festivités arrivent à leur fin ; nous espérons qu’on ne va pas se quereller à vouloir supprimer une tournante qui ne peut pas l’être, car pour nous les ateliers ont été organisés et tout le monde a compris que la tournante ne peut pas être touchée.


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