La prévalence du Vih/Sida aux Comores est, certes, relative à la taille de la population du pays. Ainsi, depuis 1988, année à laquelle le premier cas a été décelé, il y a eu 165 personnes atteintes de la maladie dont 68 décès, en 31 ans. Rien que pour ces cinq dernières années, 2015 à 2019, le Programme national de lutte contre le Sida (Pnls) a enregistré en moyenne 15 nouveaux cas par an. Ce sont majoritairement les femmes qui sont touchées, à hauteur de 54%, et la séropositivité est surtout détectée chez la tranche d’âge de 25 à 40 ans.
A ce jour, le Pnls a répertorié quatre enfants séropositifs dont leur diagnostic a été, malheureusement, fait tardivement. Il s’agit d’un enfant de quatre ans, détecté en 2017, et trois autres de 6, 7 et 10 ans, repérés cette année.
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Selon Docteur Soulaïmana Youssouf, le directeur du Programme national de lutte contre le Sida (Pnls), le pays a enregistré, de janvier à novembre dernier, 14 nouveaux cas parmi lesquels deux femmes enceintes. Cependant, à l’en croire, aucun décès lié au Sida n’a été enregistré cette année. Le directeur du Pnls appuiera que depuis la mise en place de la trithérapie, il y a moins de décès à cause de cette maladie. «Ce traitement permet à la personne de vivre normalement car son système immunitaire se renforce. Les traitements utilisés ne tuent pas les virus mais bloquent leur multiplication», a expliqué Dr Soulaimana. Il ajoutera que ces molécules coupent la chaine de transmission. «Une fois que la femme enceinte est sous traitement, le risque de transmettre à son enfant est très minime car ce traitement est aussi préventif», devait-il préciser.
La pandémie du Vih/Sida affecte beaucoup plus les personnes hétérosexuelles aux Comores. Dans le pays, elles sont actuellement 73 personnes qui sont suivies par des médecins référents. «Parmi ces 73 malades, seuls les 70 sont sous traitement. Et parmi les trois autres porteurs du virus, les deux ont un système immunitaire fort, presque normal, ils vivent avec le Vih, mais le système immunitaire n’est pas défaillant et les médecins n’ont pas jugé nécessaire de les mettre sous traitement», a fait savoir le patron du Pnls tout en indiquant que les charges virales sont indétectables, autrement, il n’y a pas de charge virale dans leur sang et leur taux d’anticorps est élevé. Le troisième, lui, doit être soumis à des analyses avant d’être soumis au traitement.
Il est à souligner que les Arv sont donnés à titre gratuit et, à ce jour, le pays n’a pas eu de problèmes de rupture. Selon toujours le directeur Soulaïmana, les gens qui vivent avec le Vih reçoivent des appuis nutritionnels. La direction dispose également d’un psychologue qui suit le patient au besoin.
Les Comores utilisent la trithérapie comme plusieurs autres pays du monde, un traitement qui stoppe la transmission, pendant que certains pays développés utilisent la bithérapie, une association de deux molécules. Mais les résultats sont les mêmes. Le directeur du Pnls indique que le défi mondial est de renforcer le dépistage des personnes vivant avec le Vih, au niveau mondial.
Huit millions de personnes vivent avec le Vih. «Pour le cas de notre pays, nous avons une prévalence assez faible, par ce que les gens ne dépistent pas. Le pays doit prendre les dispositions pour que toute personne effectue le dépistage au moins une fois dans sa vie», a déclaré le directeur général du Pnls qui appelle le gouvernement à renforcer le dépistage en milieu médical et proposer le dépistage à tout patient.
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