À quelques jours de la 20e Journée mondiale de l’ophtalmologie, prévue ce samedi 6 décembre 2025, l’hôpital El-Maarouf vit une semaine intense. Le personnel a accueilli une délégation de spécialistes étrangers et s’est engagé dans une série d’interventions chirurgicales qui marquent un tournant pour la prise en charge des maladies oculaires dans le pays.Les opérations ont débuté lundi ; elles introduisent la transition de l’extraction intracapsulaire vers la phacoémulsification. Il s’agit d’une technique moderne de chirurgie de la cataracte. Le chirurgien fait une très petite incision dans l’œil, puis introduit une sonde à ultrasons qui dissout (émulsifie) le cristallin devenu opaque.Les fragments sont ensuite aspirés, et un cristallin artificiel (implant intraoculaire) est placé à la même position. Pour le docteur Chanfi Mohamed, cette avancée représente «un changement radical» et un moment décisif pour l’ophtalmologie nationale.
Une occasion rare d’échanges scientifiques
Selon toujours le doyen des ophtalmologistes comoriens, l’initiative n’a pas seulement pour objectif de soigner mais aussi d’informer les structures hospitalières du pays sur les progrès réalisés dans le traitement des troubles visuels. «Tout type de trouble visuel est traitable, même si certains cas restent impossibles à guérir lorsque les patients viennent trop tard », rappelle-t-il. Les interventions réalisées ces derniers jours ont, selon lui, attiré de nombreux patients, «soulagés de pouvoir bénéficier de techniques jusque-là inédites à El-Maarouf».
La présence de spécialistes venus notamment de l’hôpital des Quinze-Vingts en France est aussi censée offrir, de son côté, une occasion rare d’échanges scientifiques. Le docteur Chanfi insiste : «il ne s’agit pas d’une formation destinée à combler un retard, car les Comores disposent déjà de professionnels compétents sur les trois îles», mais « la rencontre permet plutôt de partager des pratiques, de renforcer la sensibilisation et de consolider l’expertise locale».Cette modernisation opératoire marque également l’abandon progressif des anciennes méthodes utilisant la cryoextraction (ancienne méthode de chirurgie de la cataracte) au profit de la sonde à ultrasons, un matériel encore absent dans de nombreux hôpitaux publics en Afrique de l’Ouest.Une avancée remarquable que le médecin souhaite mettre au service d’une meilleure prévention. «Dès l’apparition d’un trouble de la vue, il faut consulter immédiatement pour éviter une aggravation», alerte-t-il, tout en invitant la population à participer massivement aux activités prévues pour la journée mondiale.

