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Accident vasculaire cérébral (Avc) I Une maladie dévastatrice qui souffre d’un plan de riposte

Accident vasculaire cérébral (Avc) I Une maladie dévastatrice qui souffre d’un plan de riposte

Santé | -   Nourina Abdoul-Djabar

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Les accidents vasculaires cérébraux (Avc) font partie des grandes maladies qui touchent fréquemment de nombreux Comoriens. «Le chiffre est en moyenne est de 2 cas par jour, durant la période des festivités des grands mariages, il est passé à 3 cas malgré les cris de plusieurs médecins et différentes associations; aucune stratégie ni étude n’a été faite par les autorités sanitaires», selon des urgentistes de l’annexe du Chn El-Maarouf sis à Mde. Aujourd’hui, plusieurs praticiens de différents domaines lancent un cri d’alarme et appellent les autorités à réagir.

 

D’après de nombreux témoignages et réactions recueillis auprès des spécialistes tels que neurologue, sociologue, urgentiste, diabétologue et nutritionniste le nombre d’Avc est évalué à deux par jour en moyenne. «Cette année, lors des grands mariages, il est passé à 3», a-t-on indiqué.


Selon Mbae Mohamed neurologue, «les cas sont en hausse contrairement aux années précédentes, jusqu’alors nous ne pouvons pas connaître la cause tant qu’il n’y aura pas une étude faite sur le terrain». Assis dans son cabinet à l’annexe d’El-Maarouf, au centre de Mde, le neurologue qui reçoit plusieurs cas de victimes d’Avc nous explique la maladie, «l’accident vasculaire cérébral est une maladie qui touche le cerveau et peut se déclencher à n’importe quel moment sans avertir. Elle a une grande vitesse de destruction parce qu’elle peut couper la parole, déformer la moitié du visage voire ne plus ressentir un membre de son corps», a expliqué Mbae Mohamed.

L’accident vasculaire cérébral ischémique transitoire

Pour le médecin, il y a deux types d’Avc. L’accident vasculaire cérébral ischémique transitoire et l’Avc hémorragique. Aux Comores, «c’est le type ischémique qui fait plusieurs victimes», selon les urgentistes. Ce type d’Avc touche les gens exposés à plusieurs facteurs de risques, tels que les maladies cardiovasculaires, l’hypertension artérielle, le diabète, la sédentarité, entre autres.


Au cours des années précédentes, «on comptabilisait en moyenne 100 cas par an, rien qu’à El-Maarouf plus précisément au centre de Mde», soulignent les médecins. Cette année, le chiffre a doublé. Le jeudi 22 septembre 2022, «9 cas d’Avc ont été recensés et hospitalisés par le docteur Mbae. La tranche d’âge varie entre 20 et 60 ans. La majorité sont des femmes», témoigne le neurologue. Toujours au Centre hospitalier national d’El-Maarouf, ces trois derniers mois, «54 cas» avaient été enregistrés au service des urgences. Et la tranche d’âge varie entre 42 et 73 ans. D’après les urgentistes, «l’âge moyen est de 60 ans, les femmes sont les plus touchées et la période fréquente reste le mois d’août». Notons qu’aucune étude n’a été réalisée au niveau national pour connaître les causes de cette augmentation.

La tranche d’âge varie entre 42 et 73 ans

À en croire le sociologue Mistoihi Abdillah, les festivités liées au grand-mariage seraient, selon lui, «un foyer de divers maladies» notamment l’Avc. «Ceux qui sont conscients que le stress, le diabète et l’hypertension sont des facteurs qui provoquent les Avc ne peuvent pas être surpris de l’augmentation des cas de cette maladie pendant la saison des grands mariages. Ce dernier est synonyme de stress permanent. On est appelé à mobiliser des moyens qu’on n’en dispose souvent pas, à gérer des crises permanentes. Et surtout l’anxiété permanente de ne pas organiser une fête à la hauteur des souhaits».

Grand mariage, «synonyme de stress permanent»

En plus du stress, Dr Mistoihi Abdillah rappelle que peu de personnes respectent les recommandations des nutritionnistes durant les périodes de grand-mariages, on mange sans respecter les régimes. «On consomme des boissons sucrées, trop de riz et divers plats faits à base de coco et des aliments qui ne font que raviver le diabète. Enfin, la colère des uns, la déception des autres, la peur d’être humilié, entre autres, ne font que faire des hypertendus. Force est de noter que la plupart des maladies qui frappent les Comoriens en général, et les Wangazidja en particulier, sont des maladies plus psychologiques que physiologiques notamment des migraines, des maux d’estomac et de la tension artérielle, entre autres».


Le sociologue souligne en outre que la gestion des ressources en période de Mashuhuli influe sur les cas d’Avc. «Nous gérons mal le peu dont nous disposons. Le pauvre veut vivre comme un riche. C’est le paraître qui compte. On préfère verser des billets de 10.000 francs dans un Twarab que de bien se nourrir ou de consulter un médecin. Il est non seulement important mais aussi urgent que les autorités gouvernementales prennent leurs responsabilités pour qu’elles mettent fin à cette folie. Le grand-mariage continue à faire des victimes. Aucun État digne de ce nom n’aurait autorisé un fonctionnaire qui gagne 50.000 francs à faire un mariage qui coûte 40.000 000 francs», a-t-il estimé.

Aspect nutritionnel

Pour le diabétologue, nutritionniste, Dr Mvoulana Assane, la consommation du jus et des boissons, la qualité de l’huile consommée favorisent les différents facteurs de risques et exposent les citoyens aux types d’Avc alors que grand nombre de comoriens font rarement d’activités physiques. «Je conseille à tous vos lecteurs et chaque humain de respecter l’hygiène alimentaire, consommer des aliments avec moins de glycémie, comme les légumes, les fruits, et utiliser de l’huile adaptée telle que l’huile d’olive, tournesol, Soja et faire des activités physiques 3 à 4 fois par semaine avec une durée de 30 minutes par séance».

 

Notons, par ailleurs, qu’en dépit de ces chiffres jugés alarmants par les médecins, aucune stratégie nationale n’a été mise en place par les autorités sanitaires du pays pour faire face aux effets dévastateurs des Avc. A défaut d’un chiffre officiel et d’une étude le terrain, les données tirent leurs sources sur des constats établis par un nombre restreint de différents praticiens. «L’accident vasculaire cérébral devrait être considéré comme une urgence de santé publique», propose le neurologue, Mbae Mohamed.

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