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Accidents vasculaires cérébraux I L’appel au secours du chef des Urgences d’El-Maarouf

Accidents vasculaires cérébraux I L’appel au secours du chef des Urgences d’El-Maarouf

Santé | -   Faïza Soulé Youssouf

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En 10 ans, les Avc ont plus que quadruplé. Ces chiffres ne prennent en compte que les malades enregistrés à Ngazidja, qui ont effectué un passage à l’hôpital El-Maarouf. C’est en raison de la nette augmentation de cette maladie que le docteur Djabir alerte l’opinion publique et les décideurs politiques.

 

L’année dernière, seulement 10% des victimes d’accident vasculaire cérébral ont bénéficié d’un traitement à El-Maarouf». Ce propos, alarmant, a été prononcé par Ibrahim Djabir, chef du service des Urgences le 27 juillet lors d’un atelier regroupant les acteurs de la santé dans un hôtel de la place. A la demande d’Al-watwan, nous nous sommes retrouvés pour un échange plus approfondi sur le sujet dans sa clinique, ce 29 juillet.


Le constat, chiffres à l’appui, est sans appel. En 2023, les Urgences d’El-Maarouf ont «enregistré 334 cas d’Avc pour 34 patients traités», a déploré l’urgentiste. C’est peu, trop peu alors même que depuis février de l’année dernière, les Urgences disposent d’un scanner. Avant cette date, les malades devaient être acheminés dans une structure privée située un peu plus loin sur la corniche de Moroni, dans des conditions qui offraient peu de chances à un rétablissement, même partiel du malade.


«Si les 300 autres patients n’ont pas pu être soignés c’est parce qu’ils ont mis du temps avant d’arriver à l’hôpital», a regretté notre interlocuteur, qui a insisté sur ce qu’il a dit être sa devise : « apporter le juste soin et éviter la mort injuste». Mourir d’un Avc ou en garder de lourdes séquelles est, de fait, injuste.
Tout au long de son intervention, le médecin a insisté sur l’importance d’agir vite dès les premiers symptômes. V.I.T.E comme «Visage affaissé, Incapacité de bouger les membres, Troubles de la parole et Extrême urgence», a-t-il expliqué. Ce sont les principaux symptômes de cette pathologie qui a tué plus de 6 millions de personnes en 2019, selon l’Organisation mondiale de la santé (Oms).


Généralement, l’on parle de deux types d’Avc déterminés par un scanner : ischémique, le plus fréquent et relativement moins grave qui représente 85% des cas, et hémorragique, pour les 15% restants.
Après un accident vasculaire cérébral ischémique, le malade dispose d’un délai qui va jusqu’à 4 heures de temps pour sa prise en charge. Plus celle-ci est rapide, plus il a des chances de récupérer. Passé ce délai, s’il survit, il gardera des séquelles lourdes, comme la paralysie, les troubles de la parole et sera un poids pour sa communauté. Pour l’Avc hémorragique, le patient dispose d’un temps encore plus court, 90 minutes pour espérer être soigné de façon optimale.

78 en 2012 à 334 cas en 2023

Le docteur Djabir Ibrahim a, par ailleurs, déploré qu’il faille se rendre aux Urgences de Moroni pour la prise en charge du malade, quelle que soit la partie de l’île où la maladie survient. Il a appelé à la formation du personnel des structures de santé périphériques.Le tabagisme, la sédentarité, l’obésité, le diabète, le stress sont autant de facteurs favorisant les Avc. Jeunes comme vieux sont touchés. L’Oms considère que l’Accident vasculaire cérébral «est un problème majeur de santé publique» et constitue selon elle, «la deuxième cause de décès dans le monde».


Aux Comores, pour l’heure, cette maladie ne bénéficie encore d’aucun programme de lutte. Pourtant, elle est en nette augmentation. En une décennie, les cas enregistrés à El-Maarouf ont plus que quadruplé, passant de « seulement» 78 en 2012 à 334 cas en 2023, selon les chiffres fournis par le chef des Urgences de la capitale.


Toujours selon les données du médecin, cette maladie touche et tue plus les femmes que les hommes. Sur les 334 patients, 193 sont des femmes. Et sur les décès comptabilisés par l’hôpital de référence, 17 femmes sont mortes pour 9 hommes, presque le double.Fait encore plus troublant, un tiers des Avc de l’année dernière a été enregistré entre juin et août, soit la période des mariages.En 2012, c’était tout bonnement la moitié des cas comptabilisés. Si rien n’est fait pour renverser cette tendance mortifère, les cas iront sans aucun doute crescendo.

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