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Assurance maladie généraliséeI I Moinour Ahmed Said : «tous les paramètres techniques ne sont pas encore réunis»

Assurance maladie généraliséeI I Moinour Ahmed Said : «tous les paramètres techniques ne sont pas encore réunis»

Santé | -   Adabi Soilihi Natidja

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Dans un entretien accordé à Al-watwan, la coordinatrice par intérim du projet d’appui à la mise en place de l’assurance maladie généralisée aux Comores, Moinour Ahmed Said, a fait le point sur les objectifs dudit projet. Selon elle, les travaux visant à valider le panier des soins n’étant pas encore finalisé, a fait qu’ils ont repoussé la date de mise en œuvre au début de l’année prochaine.

 

Qu’est-ce que le Projet d’appui à la mise en place de l’assurance maladie généralisée ?

Le Projet d’appui à la mise en place et à l’opérationnalisation de l’assurance maladie généralisée aux Comores est porté par le gouvernement comorien et financièrement soutenu par l’Agence française de développement (Afd) dans le cadre du programme de développement France-Comores. Il s’étale sur une durée de quatre ans, dont deux viennent de s’écouler, dans le but de réduire l’obstacle financier et permettre à la population comorienne, surtout les plus vulnérables, d’avoir accès à des soins de santé de qualité.

Comment en bénéficier ?

Ce projet comporte deux systèmes. On a le système contributif, parce que tous ceux qui travaillent dans l’administration de l’Etat en bénéficieront. Et donc, se devront de contribuer pour que l’action en elle-même soit harmonisée. Et le système d’aide médicale sociale. Dans ce dernier, c’est l’Etat qui va assurer le paiement de l’assurance maladie de la population qualifiée de vulnérable. Et dans cette classe-là, l’on retrouve à peu près ceux qui sont dans le secteur informel. Il y aura deux types d’affiliation. Il y aura l’affiliation familiale où l’on recensera les ménages et mettra à leur disposition une carte qui sera remise au chef de famille. Et une autre dite individuelle qui sera attribuée à la personne qui vit encore en famille mais qui travaille. Si en dehors des enfants d’un couple, un cousin, tante ou autre y habite avec eux, ils vont augmenter 500 fc à la cotisation programmée. 900 millions de francs comoriens sont alloués par le gouvernement pour soutenir le projet et sa pérennisation dépendra aussi de la cotisation de tout le monde.

En octobre dernier, il était annoncé que ledit projet allait être mis en place en 2023. Nous voici vers la fin de l’année. Où en sommes-nous ?

On espérait lancer la phase pilote de ce projet au mois de juillet dernier. Mais jusque-là, tous les paramètres techniques ne sont pas encore réunis. Actuellement, nous sommes en train de finaliser le panier des soins. C’est-à-dire qu’on doit préparer le volume du panier qu’on va proposer à la population, savoir ce dont on pourra prendre en charge ou pas. Nous devons aussi mettre en place un service de gestion de ce budget-là de manière à ce que tout soit transparent.


Nous travaillons aussi avec les médecins pour ce qui est de la formation pour pouvoir informatiser les soins, d’où le logiciel précis qu’on utilisera. Et puis dans l’affiliation, il y aura la carte et selon les premières études qu’on a faites, il nous a été recommandé d’aller vers les administrations, notamment les fonctionnaires. Mais l’on s’est rendu compte que ce sera seulement 1% de la population comorienne qui en bénéficiera. Le comité de pilotage s’est convenu que l’on va changer de cibles. C’est là qu’on s’est dit qu’on va plutôt centrer les bénéficiaires de cette phase pilote en passant par les ménages. Nous avons déjà identifié les districts pilotes du pays. On a deux districts à Ngazidja (Hamahame et Mitsamihuli), deux à Ndzuani (Mremani et Domoni) et tous les districts de Mwali. Nous attendons de soumettre nos propositions sur le panier des soins, le système d’affiliation, le taux de cotisation selon les couches sociales au gouvernement et leurs validations pour lancer la première phase.

Comment les districts bénéficiant de cette phase pilote ont-ils été sélectionnés ?

Quatre critères principaux ont été pris en compte. Tout d’abord, les zones avec des besoins de santé élevés ont été privilégiées. Ensuite, les districts présentant des taux de pauvreté substantiels ont été choisis en se basant sur des enquêtes réalisées. Le troisième critère a été la disponibilité opérationnelle du logiciel dans les districts. Enfin, les hôpitaux ayant adhéré au système Pbf (financement basé sur la performance), anciennement financé par Pasco et actuellement par Compass, ont également été pris en considération. Ces zones ont été soumises au comité de pilotage et approuvées. Nous attendons maintenant la validation par le gouvernement. Une fois validé, le gouvernement annoncera officiellement les mesures prises. Nous devrons signer des conventions avec les établissements de santé. Le projet débutera avec trois structures privées à Ngazidja et à Ndzuani, et deux dans chaque district de Mwali. En tout, une vingtaine de structures sanitaires publiques et privées seront impliquées dans cette phase pilote, pour une période maximale de deux ans.

Les ministères de la santé et du travail se disputent la tutelle. Pourquoi ?

Il est important de noter en premier lieu que le ministère de la santé est le bénéficiaire du projet. Cependant, la question de la tutelle, c’est-à-dire la supervision de la caisse nationale de l’assurance maladie, est en jeu. Initialement, la tutelle incombait au ministère du Travail en raison de sa responsabilité pour les accidents professionnels, les maladies professionnelles, les accouchements et la maternité. Cependant, avec l’arrivée du projet d’appui à l’assurance maladie généralisée aux Comores, la tutelle est désormais partagée entre trois ministères. Premièrement, le ministère de la Santé gère l’aspect technique. Deuxièmement, la tutelle financière et enfin, la tutelle administrative est assurée par le ministère du Travail.Pour la gestion de l’assurance maladie, un comité multisectoriel a été mis en place pour valider les décisions liées au projet.

 

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