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Augmentation du nombre de décès dû au Coronavirus I «Ce n’est pas le moment de s’accuser mutuellement mais de se solidariser»

Augmentation du nombre de décès dû au Coronavirus I «Ce n’est pas le moment de s’accuser mutuellement mais de se solidariser»

Santé | -   Abouhariat Said Abdallah

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Depuis deux à trois semaines, le pays connait un nombre croissant de décès dû au coronavirus. Après l’île de Djumbe Fatima qui a enregistré plusieurs décès le mois dernier, le tour est revenu à Ndzuani et Ngazidja où le pôle de Samba qui accueille les malades atteint du Covid-19 au moins trois décès toutes les 48heures. Officiellement, le pays comptabilise 93 décès, soit une augmentation de 86 décès lors de cette deuxième vague par rapport à la première où on a enregistré 7 décès «seulement». Face à cette situation, certains cherchent un coupable or «l’heure est à la solidarité».

 

Augmentation du nombre de morts notamment à Samba, malades qui arrivent «trop tard» dans les centres dédiés à la lutte contre le Covid-19, cliniques privés qui «traitent des malades du Covid», des moyens jugés «limités» face à un virus contagieux, de nombreuses questions restent sans réponses.
Le secrétaire général du ministère de la Santé, Jean Youssouf répondant à nos questions sur la situation générale au pôle de Samba, souligne avant tout, un problème de personnel. «Lors de la première vague, qui n’était pas aussi meurtrière, tout le personnel était déployé à Samba, il y avait moins de boulot et à un certain moment, on a renvoyé ces gens dans leurs services respectifs. Puis, la deuxième vague est revenue avec force et il faut faire un redéploiement ce qu’on a fait à partir de Nzuani et de Ngazidja pour renforcer Mwali et comme maintenant la situation se stabilise là-bas, on est en train d’alléger le dispositif», avance Jean Youssouf. Il ajoutera que ceux qui travaillent dans les urgences et la réanimation sont affectés directement «on continue d’accroître l’effectif et l’adapter à la situation». 


«Nous avons tout ce qu’il nous faut»

Concernant l’augmentation du nombre de décès, Jean Youssouf réplique qu’il y a plusieurs paramètres dont il faut tenir compte. «Le nouveau variant est beaucoup plus meurtrier, par ce que très virulent et la propagation très rapide. Les cas sévères augmentent, les détresses respiratoires se multiplient et cela nécessite beaucoup plus de gens en réanimation», avance-t-il.
Le secrétaire général du ministère de la Santé souligne aussi «qu’il y a des gens dépistés positifs qui sont hors dispositif et qui essaient de se prendre en charge d’une manière ou d’une autre, or trainer à la maison avant d’aller à l’hôpital, augmente le risque et réduit les chances de survie. Lorsque le Dr Saïd Moussa reçoit un malade qui était alité chez lui jusqu’à atteindre un stade avancé, sa prise en charge est très compliquée». Autre facteur selon lui, la première vague touchait les personnes âgées de plus de 65 ans, aujourd’hui elle touche tout le monde. «Je ne dis pas que nous avons le dispositif le plus parfait au monde, mais nous avons tout ce qu’il nous faut», ajoute-t-il.

Une autre source autorisée du domaine de la santé évoque le cas de certains cabinets privés qui, selon elle, accueillent les malades atteint de la Covid et une fois la situation devenue critique, ils les envoient à Samba. Et à ce moment-là, la prise en charge devient difficile. Interrogé sur cette question, le Dr Nassur Saïd Soimih, dit qu’il ne sent pas concerné par cette situation, car il n’hospitalise pas des patients dépistés positifs à la Covid-19. Selon lui, dans une situation pareille, on pointe du doigt, on donne les raisonnements, statistiques et éléments et on cite les concernés et les structures pour que les choses soient claires. L’intéressé reconnaitra toutefois l’existence de «faux médecins» mais qui ne doivent pas faire de l’ombre aux «vrais professionnels qui eux font un travail remarquable».

Plusieurs failles dans le système ?

Un autre responsable d’une clinique privée dit suivre strictement le protocole et envoie les cas positifs directement à Samba. «Si je te prescris un test Pcr maintenant, il faut attendre 4 jours avant de l’avoir, le diagnostic ne se fait pas». La même source déclare par ailleurs que le ministère de la Santé ne fait pas assez. «Il faudrait améliorer les tests de diagnostic, car le Tdr diagnostic est à 40% seulement. Or le positif vrai, c’est le Pcr». Ce médecin révèle que la Covid-19 est une maladie infectieuse à déclaration obligatoire. 
Le médecin soignant et le laborantin doivent le déclarer au directeur régional de la Santé et ce dernier prend toutes les dispositions nécessaires. Il estime que s’il y a des morts, c’est par ce que ce variant est virulent et dangereux. Et dans tous les pays, les gens meurent, mais dans un petit pays, on cherche toujours à renvoyer la faute à l’autre.


Il se demande toutefois, «pourquoi toutes les dispositions n’ont pas été mises en place alors qu’officiellement, nous n’avons pas des problèmes d’argent». «Le président a mis tous les moyens en place, or depuis un an qu’on est là, on n’a pas un laboratoire à El-Maarouf. Ce n’est pas normal qu’on aille à Cefader faire des analyses de santé publique jusqu’à maintenant. Il fallait mettre en place un laboratoire avec un personnel propre et payer les laborantins. Il y a suffisamment d’argent et de partenaires. Il y a plusieurs failles dans le système, inutile de pointer du doigt les cliniques. Ce que nous faisons est honorable, on ne fait pas la pêche au Covid-19, aucun médecin ne cherche des malades à Covid, seulement certains ont compatis avec les parents des malades et les soignent, moi, j’ai résisté aux demandes des parents».

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