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Cancer du sein I  Deux femmes livrent leurs témoignages sur la maladie

Cancer du sein I  Deux femmes livrent leurs témoignages sur la maladie

Santé | -

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À l’occasion de ce mois d’octobre réservé spécialement à la sensibilisation de l’opinion nationale et internationale sur la lutte contre le cancer du sein, Al-watwan a recueilli, le mercredi 20 octobre, les témoignages de deux femmes qui expliquent la maladie. L’une a déjà eu le cancer du sein et s’en est sortie. «J’ai survécu d’un cancer du sein», dit-elle. L’autre raconte ce qu’il a vécu, les moments passés avec sa mère alors atteinte du cancer du sein. «Ma mère atteinte du cancer du sein s’en est allée dans mes bras à l’âge de 51ans», a-t-elle souligné. Les deux femmes ont souhaité garder l’anonymat. Témoignages.

(* ) : Achata Mohamed : «J’ai déjà eu le cancer»

«Cela fait 14ans que cette maladie a été découverte dans mon corps. Je n’avais pas de douleurs mais j’avais constaté un changement dans mon corps. Je l’ai fait part à mon médecin de l’époque Dr Charif qui m’a ensuite recommandé de voir le Dr Issa Soule qui m’a envoyé chez Abdallah Soimihi pour l’échographie. Il s’avère que j’avais une tumeur mais il ignorait le type de tumeur que j’avais. Les médecins m’ont conseillé de partir à l’étranger.


C’était en 2006 durant le mandat du gouverneur Mze Soule El Bak qui m’a aidé avec le billet en tant qu’ami et proche. Je suis partie à l’Ile Maurice où j’ai passé un an pour des traitements. J’ai subi plusieurs opérations. J’ai été accueilli pendant un an par une famille mauricienne musulmane. Il y’avait un médecin dans la famille. Après plusieurs opérations et traitements, j’étais de nouveau en forme.


Aujourd’hui, je m’adresse aux hommes et aux femmes, il faut comprendre que tout vient de Dieu. Le cancer est une maladie comme tant d’autres. Il faut se rendre chez un médecin sans honte. Ne baissez pas les bras et ne cherchez pas à le cacher. Faites confiance à vos proches et aller chez le médecin. Demandez de l’aide et un soutien.

Quand je l’ai eu, mes enfants étaient encore adolescents, je les ai regroupés un soir pour leur annoncer la nouvelle, mon fils, très jeune à l’époque m’a dit « maman, la médecine est développée, alors ne t'inquiétes pas pas parce qu’on trouvera un remède pour toi, rends-toi vite à l’hôpital ».

Je vous assure que rien que les paroles de mon enfant, j’ai senti mes larmes couler et j’étais confiante. Mes sœurs comoriennes, aujourd’hui on a la chance d’avoir un centre de dépistage et on a des réductions tous les mois d’octobre, profitons de cette opportunité».

(*) : Hadidja Ali : «Le cancer du sein touche toutes les femmes, de tout âge»

«Ma mère a été diagnostiquée suite à des fortes douleurs au niveau du bras et des aisselles. Malgré les allers-retours aux urgences sans diagnostic posée, c’est moi qui ai découvert que le sein était chaud, rouge et dure. Nous avons été orientés vers les urgences gynécologiques pour faire une mammographie suivie de plusieurs analyses. Les résultats ont confirmé la maladie. Il fallait rapidement débuter le traitement. C’est un protocole de soins très lourd qui engendre beaucoup de changements physiques et psychiques.


A l’annonce de la maladie, c’était un choc non seulement pour la patiente, mais aussi pour toute la famille. Il y a eu la peur, l’angoisse, le stresse…. Un mélange de sentiment. Il fallait être présent et positif en permanence pour accompagner ma mère et c’est ce que j’ai fait. J’ai dû changer mon organisation familiale et professionnelle pour être disponible afin de l’accompagner à tous ses rendez-vous et suivre le traitement dans les bonnes conditions.

«La chance de l’avoir découvert en France»

Elle a eu de la chance que la maladie soit diagnostiquée en France, elle a pu bénéficier d’une prise en charge d’une longue durée par l’état donc nous n’avons pas payé des frais médicaux. Il s’agit des soins très chers que je n’aurai jamais pu payer. La communication, le soutien psychologique, un contexte familiale équilibré et sain sont très importants dans ce genre de moment. Le traitement était très lourd, j’observais chez ma mère des changements d’attitude. Elle voyait son corps changeait, cela jouait beaucoup sur la morale, de mon côté, il fallait que je sois patiente et à l’écoute.


Malgré ce parcours difficile, nous avons vécus des belles choses et j’en garde des très bons souvenirs avec elle. On passait des moments familials pour l’aider à échanger ses idées, c’était notre quotidien pendant deux ans jusqu’à son départ qui a été brutal.


Son état de santé était stable, un bilan positif, malheureusement, elle a perdu son frère. Ce fut un moment très dure pour elle. Ma mère a fait une crise cardiaque à la maison, dans mes bras malgré l’intervention des secours, elle était partie (Paix a son âme). Le monde s’est écroulé autour de moi et de ma famille. Son départ a laissé un grand vide en nous mais avec la foi, je me suis relevée, je continue à vivre avec ce manque qui reste en moi depuis 5 ans.


Je suis fière de l’avoir accompagné, de lui avoir consacré mon temps et ma présence jusqu’au bout. Elle est partie à 51ans. Le cancer du sein touche toutes les femmes de tout âge. Chaque femme doit prendre soin de soi, s’écouter, observer s’il n’y a pas de boule dans le sein, un écoulement au niveau du mamelon, sein chaud, ou autre signe.

C’est par mon vécu et en tant que femme que j’ai pris la décision de m’engager auprès de l’association Accf pour rejoindre les femmes comoriennes qui luttent contre toutes formes de cancer gynécologiques chez la femme.

(*) : Noms d’emprunts 

Nourina Abdoul-Djabar

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