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Centre de santé de Washili-Dimani I Un déficit criant d’équipement et d’espace de prise en charge

Centre de santé de Washili-Dimani I Un déficit criant d’équipement et d’espace de prise en charge

Santé | -   Adabi Soilihi Natidja

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L’établissement dispose des services nécessaires et fournit des soins efficaces aux patients. Le plus grand problème qui se pose c’est la faible capacité d’hospitalisation et d’équipements, notamment un bloc opératoire, afin d’assurer toutes les prises en charges nécessaires des patients.

 

Le centre de santé de district ou Csd de Washili-Dimani, situé au centre-est de Ngazidja et à près de 25 km de Moroni, est un établissement hospitalier rural construit par l’Organisation internationale islamique de secours (Iiro), dont le siège est à Jeddah en Arabie saoudite. Pour l’atteindre au carrefour «GTE» en empruntant la Rn3 (Route nationale 3), il faut une bonne cinquantaine de minutes par la route.


L’hôpital offre les soins de base et dispose des services nécessaires dignes d’un établissement de santé. On y trouve les services de médecine, maternité, vaccination, stomatologie, laboratoire d’analyses biologiques, une pharmacie et l’échographie obstétricale. Ce sont particulièrement les habitants des régions de Washili et Dimani que reçoivent quotidiennement les différents services. Des demandeurs de soins peuvent venir aussi de localités de la région de Hamahame et ailleurs.


L’efficacité des soignants et l’accueil réservé aux patients font que le lieu de désemplit pas. Certains font, dès fois, de longs trajets au-delà même des limites du Washili-Dimani pour s’y faire soigner ou faire soigner un proche. Mhamadi Mrikawu, venu de Herumbili-ya-Hamahame, amène son enfant à l’hôpital. Il déborde de joie. «C’est toujours un plaisir de venir nous faire consulter ici. Le service est très rapide. En arrivant, mon enfant souffrait beaucoup». Et d’ajouter : «Nous sommes tout de suite reçus, consultés, et mis sous perfusion, ce qui a stabilisé son état en attendant les résultats des analyses qu’on lui a fait faire». La satisfaction s’affiche sur tous les visages des personnes hospitalisées, enfant ou adulte, à chaque passage du médecin et ou des infirmiers.

L’entrée du bureau du médecin-chef de l’établissement est bondée de monde. Ce mardi matin lors de notre visite des lieux, la file d’attente était moins longue que d’habitude. Ce qui aurait donné un répit au médecin pour pouvoir nous faire découvrir le centre de santé. La visite guidée nous a révélé également qu’aucun patient n’a été admis, à cette heure de la matinée, aux urgences où les infirmières se montrent prêtes à offrir leurs services d’urgence. La propreté des lieux, notamment dans le service de médecine, fait naître de l’espoir d’une guérison rapide dans le fort intérieur des patients. Certains dorment même à ces premières heures de la journée. Effets secondaires de médicaments ingurgités ou tout simplement une somnolence due à un trouble de sommeil pendant la nuit précé
dente.

Une faible capacité d’accueil

La capacité d’hospitalisation au Csd de Washili-Dimani est de trois chambres avec trois lits chacune. L’état de ces derniers n’est pas trop à envier car s’ils sont encore utilisés c’est grâce à l’entretien qui fait la bonne marque. Le médecin-chef et son personnel font de leur mieux pour rendre agréable le séjour des patients. «Comme les salles d’hospitalisation ne sont pas nombreuses, on avait une salle dédiée à l’isolement des patients présentant des signes de la Covid-19. On s’en sert pour y hospitaliser les gens pour ne pas avoir à les référer dans d’autres services», explique Dr Nassurdine Djoumoi.

En dépit des efforts déployés pour assurer les soins des patients, la faible capacité d’accueil de l’établissement reste criante. Les salles d’hospitalisation sont de moindres dimensions. «Si dans chacune d’elles, on pouvait avoir 4 lits, cela nous faciliterait les prises en charge», suggère le médecin chef. Le laboratoire est constitué de seulement une salle. Une situation qui ne garantit pas l’efficacité des techniciens. «Normalement, on devait avoir deux salles, une pour l’accueil et le prélèvement. Et l’autre pour les analyses», déplore la technicienne de laboratoire, Saandat Mohamed Mze qui a émis le souhait de voir s’agrandir l’hôpital. Derrière le bâtiment des services de laboratoire, des urgences et des salles d’hospitalisation, se trouvent la pharmacie, le service de stomatologie, les consultations prénatales et la maternité. La pharmacie dispose de tous les médicaments nécessaires pour la prise en charge immédiate des patients de tous les services confondus.

Manque d’équipements dans certains services

Outre la capacité d’hospitalisation insuffisante, des équipements font défaut dans certains services. Le cas du service de stomatologie, ouvert récemment et qui connait un déficit de certains outils de travail, à en croire l’infirmière Fatima Ahamada Hamadi. «Le service est ouvert mardi et samedi matin et tous jeudis après-midi. A cause du manque de certains appareils, on n’opère pas. On fait juste l’extraction, la consultation, et les soins dentaires. Ce qui fait qu’en cas de traumatisme de la dent, on préfère référer le patient», a-t-elle fait savoir, précisant, au passage, que la chaise dentaire est un don de la diaspora de Washili. Elle révélera qu’à un moment, l’hôpital ne disposait pas de nombreux appareils. Mais en pleine Covid-19, l’Etat comorien a fait don de certains, à savoir, un incinérateur, un échographe et une voiture. Et de remercier les organismes internationaux qui aident l’établissement à leur manière.

Un plateau technique quasi-inexistant et d’autres matériels hors d’usage

La maternité connait de sérieuses difficultés. La majore des lieux, Sandiaa Moissi, affectueusement appelée Maman Nadjuwa, a évoqué plusieurs problèmes et se réjouit des solutions apportées le manque de gynécologues dans le service. «Depuis un bon moment, il nous manquait un spécialiste obstétricien. Mais on a demandé au Dr Kamal de nous accorder deux jours par semaine pour consulter nos patientes enceintes. Il a accepté, et consulte chez nous 40 femmes enceintes par semaine, les lundis et les vendredis», a fait savoir Maman Nadjuwa, se félicitant du fait qu’ils assurent toutes les analyses et les consultations prénatales. «Ce qui nous préoccupe aujourd’hui, c’est le manque d’un bloc opératoire. En cas de complications liées à l’accouchement, on se doit de transférer la patiente soit à Samba, Mbeni ou Moroni». La majore ajoute : «On aimerait que les autorités compétentes nous aident pour la mise en place d’un bloc opératoire».Mais pour un meilleur suivi des patientes du service, la majore de la maternité assure les consultations des femmes enceintes en l’absence du gynécologue. Elle travaille avec six sages-femmes. Un nombre qu’elle juge «assez suffisant» pour s’occuper des patientes et faire en sorte que la femme enceinte puisse se faire consulter à toute heure.


Cependant, la salle d’accouchement dispose de trois tables uniquement. L’une d’elles est isolée des autres par un mur et les deux sont situées l’une en face de l’autre. Aucun cloisonnement ni paravent ne les sépare. Mama Nadjuwa dira, à cet effet, que mieux aurait été si ces lits étaient séparés pour éviter que la femme qui a accouchée n’entende les cris de douleurs de l’autre à côté. «Dans la salle d’accouchement, il nous manque un pédiatre et ou une puéricultrice devant assurer la prise en charge du bébé. Vous n’êtes pas sans savoir que certains bébés naissent avec nécessité de se faire consulter. Dans pareils cas, on les transfère directement à Moroni. Mais l’état des routes ne nous facilite pas la tâche», a-t-elle souligné ajoutant également le manque d’un monitoring : l’appareil pour la prise en charge du bébé et le mauvais état dans lequel se trouvent les tables d’accouchement.

Des salaires en deçà des tâches

Le traitement salarial du personnel du Csd de Washili-Dimani est également source d’inquiétudes. L’engagement des agents pour un travail appréciable avec une insuffisance d’équipements, cache bien une precarité. Ali Mchangama, caissier de l’établissement, du haut de ses 20 ans de service, est le mieux placé pour le dire. Il déplore les salaires «médiocres», qu’ils perçoivent et le fait que l’établissement hospitalier ne soit pas affilié à la Caisse des retraites. «Les salaires qu’on perçoit ne sont pas dignes d’un agent rémunéré par un organisme international. Comme vous le savez, l’hôpital est construit par l’organisation internationale de secours islamique qui le finance. Elle prend en charge le paiement du médecin chef et du gestionnaire. Nous autres qui sommes sous-contrat interne de l’hôpital, sommes payés grâce aux revenus de l’hôpital. Et, ce sont des salaires ne dépassant pas 50.000fc. On a demandé de nous affilier à la Caisse des retraites. Ils ont refusé. Ils ont dit qu’ils allaient venir changer l’hôpital. Et depuis, ils ne sont plus jamais venus», s’apitoie-t-il de leur sort.

Et d’expliquer que tout cela vient du fait que l’hôpital ne dispose pas d’un comité d’administration. «Ce dernier se serait chargé de règlementer nos salaires. Nous sommes livrés à nous-mêmes. Avec la crise que nous traversons tous, comprenez que ces salaires-là ne sont pas du tout suffisants», a déclaré le caissier.En effet, les fonctionnaires ne constituent même pas les 30% du personnel. Sur 43 agents de l’établissement, toutes catégories confondues, seulement 9 sont des fonctionnaires. Et, seuls deux d’entre eux, notamment le gynécologue et le dentiste sont payés par les frais de l’hôpital. Et l’Organisation internationale islamique de secours (Iiro) assure la prise en charge du médecin chef et du gestionnaire. 27 agents sont sous-contrats internes de l’hôpital et 6 sont des stagiaires.

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